En 2007, Stéphane Allix fonde l’Institut de recherche sur les expériences extraordinaires, l’INREES, puis lance la publication du magazine trimestriel Inexploré.
Tout a commencé par le décès de son frère en 2001 en Afghanistan où ils sont ensemble. Il est alors journaliste, ancien
reporter de guerre. Il commence immédiatement à chercher s’il peut entrer en contact avec lui. De fil en aiguille, il explore les mystères de la vie invisible, de la conscience, de sa propre vie. Il vient de publier le fruit de ces vingt années d’enquête et de questionnements dans un livre intitulé La mort n’existe pas, immédiatement, gros succès de librairie.
En 2001, la mort de votre frère a été un tournant dans votre vie. Pouvez-vous nous parler de vous avant cet évènement et de vos voyages, en particulier celui en Afghanistan ?
J’étais un adolescent avec une certaine curiosité
pour les questions spirituelles. Mais j’avais aussi un désir de devenir reporter de guerre. C’était très ancré en moi. Soit faire une école de journalisme, soit partir sur le terrain. J’ai choisi le terrain. En 1988, l’Afghanistan était encore occupé par les Soviétiques. Il y avait déjà des réseaux qui permettaient de pénétrer clandestinement dans le pays depuis le Pakistan pour les journalistes et les humanitaires.
J’ai pris quelques renseignements et je suis parti la fleur au fusil,
en contactant sur place un groupe de résistants au Pakistan. Ils m’ont emmené en Afghanistan et ça a été mon premier voyage majeur, ayant comme conséquence d’amorcer ma carrière.
De l’âge de 19 ans à 30 ans, j’ai été confronté au monde dans sa densité, sa dureté,
sa violence la plus crue, écrasant tout mon questionnement spirituel et philosophique devenu un luxe. La mort de mon frère en avril 2001 a été un électrochoc, un traumatisme, un drame pour moi et pour ma famille. Depuis peu, je vois que cet évènement a ré-ouvert mon manque de spiritualité, mon appétence du Divin.
Je ne me suis pas engagé dans ce long cheminement de questionnement pour tenter de remplir
cette espèce de vide existentiel, mais avec le désir premier de mener une enquête pour trouver des réponses scientifiques sur la vie après la mort. En cours de route, j’ai découvert que nos certitudes matérialistes ne sont pas basées sur des démonstrations scientifiques mais juste sur des postures. Et en commençant à les déconstruire les unes après les autres, je me suis aperçu que l’immatériel avait une place prépondérante dans notre réalité, même si on faisait semblant que non.
Mon engagement dans le chamanisme
m’a donné la possibilité ensuite d’expérimenter ces différents états de conscience et ces réalités qui, dans notre vie ordinaire à Paris, ne sont pas forcément rencontrables à chaque coin de rue. Est-ce que cette existence peut être autre chose qu’une simple réflexion mentale et philosophique ? Est-ce que ça peut toucher autre chose ?
Comment s’est faite cette évolution à partir de ce moment-là ?
C’est une très longue histoire, vingt ans de ma vie.
Après la mort de mon frère, il n’était pas pensable ni concevable pour moi que le sujet de l’après vie puisse être un sujet d’enquête. À cette époque-là, à 33 ans, la façon de questionner ou de répondre à toutes les questions de la vie, c’était de mener une enquête journalistique. Est-ce que les talibans sont financés par du trafic de drogue ? D’où vient ce mouvement ? Quelle est la cause de la famine en Somalie ? J’enquête toujours journalistiquement. Pas mal de temps après la mort de Thomas, une succession de hasards, qui n’en sont sans doute pas, m’a amené à entendre parler des expériences de mort imminente.
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J’ai été touché par ces accidentés de la route,
non tués sur le coup comme Thomas, mais revenus d’un coma, qui témoignaient de leurs ressentis et émotions, de n’avoir pas été inconscients mais au-dessus de ce qui se passait. Est-ce que si Thomas avait été réanimé, il m’aurait raconté ça ? Ça a fait vibrer ma sensation du 12 avril 2001 devant le corps de mon frère, où j’ai eu, d’une façon complètement instinctive et absolument pas réfléchie, le réflexe de m’adresser à lui. Son corps était là, il était mort mais il y a eu quelque chose en moi qui a exprimé ce besoin de lui expliquer ce qui venait de se passer.
Je n’étais pas dans la croyance ni dans un geste que je pensais être nécessaire.
Je me suis associé à lui en lui disant : « Thomas tu es mort. Tu as eu un accident de voiture et je vais m’occuper de ton corps ». J’ai commencé à enquêter en rencontrant des témoins, des chercheurs pour comprendre ces expériences. Est-ce que c’est du rêve ? Du domaine de l’hallucination ou le début de la mort ? En enquêtant, et c’est mon domaine de journaliste, toutes les réponses n’arrivent pas mais certains cas rendent absolument impossible l’explication conventionnelle. Dans des arrêts cardiaques, des témoins disent être sortis de leur corps et avoir observé ce qui se passait dans la pièce d’à côté très précisément avec des détails surprenants.
Un rêve ne nous rend pas la capacité de voir comme cela
et encore moins à un moment où le cerveau est en cessation d’activité ou en stand-by, en pause. Ce fil très rationnel, très ancré dans la recherche et les sciences, m’a emmené dans un univers de plus en plus vaste : la médiumnité, les sujets autour de la conscience, toutes ces expériences humaines dont on dit un peu trop rapidement qu’elles sont témoignages et pas science. Il y a des scientifiques qui travaillent sur la base de témoignages, les psychologues en premier lieu, puis d’autres disciplines. Le témoignage humain a beau être subjectif, il peut quand même être analysé, quantifié, vérifié, et il peut donner lieu à l’émission d’hypothèses pour expliquer les phénomènes qui sont rapportés. Mon enquête est allée crescendo.
Qu’est-ce qui vous a emmené vers le chamanisme et pas vers d’autres pistes ?
C’est très simple. Je suis parti la première fois en Amazonie en juillet 2006, après trois ans de travail sur la question de la conscience sur les E.M.I.1 où il m’était devenu évident que la conscience humaine a plusieurs dimensions. Je le voyais dans les textes et analyses. Avec comme hypothèse que notre état de conscience de veille, celui de mon quotidien, n’était
pas l’unique niveau de réalité auquel ma conscience pouvait avoir accès. Sauf que je n’ai pas vécu d’E.M.I. et avais envie de le vivre. Je suis comme saint Thomas, je veux avoir la preuve par moi-même.C’est très journalistique.
Pour lire l’article en entier, Revue Reflets n°51 pages 61 à 65