La Nouvelle-Calédonie, c’est loin.
Loin de la métropole mais proche des causes qui donnent les mêmes effets de partout. L’enclenchement de la violence relève des mêmes processus. Les évènements douloureux du mois de mai nous parlent du rejet de l’autre. À toutes les échelles : récusation du voisin, affrontement des groupes d’intérêt, ambitions géopolitiques, rejet de celui qui est différent.
Depuis 1988,
suite à la révolte kanak et l’épisode de la grotte d’Ouvéa, différents accords ont été signés pour le
développement de l’île dans un équilibre des factions en présence, pouvant aboutir et s’acheminer, à long terme, vers l’indépendance. La population se composait d’environ 40 % de Kanaks, population originelle, 30 % de Caldoches surnom des natifs sur l’île depuis plusieurs générations, 10 % de métis, de communautés provenant d’autres îles et de « métros » installés récemment.
Les listes électorales sont gelées depuis 1988,
excluant les arrivants depuis cette date, environ 20 % de l’ensemble. Le gouvernement a déposé en janvier de cette année un projet de loi visant à intégrer cette large frange dans les listes électorales. Le texte est passé en première instance. Il doit être ratifié par le parlement réuni en congrès à Versailles. Emmanuel Macron avait invité les forces politiques calédoniennes à se mettre d’accord sur un accord institutionnel, sans quoi il convoquerait le congrès à Versailles « avant la fin juin ».
Cette réforme était désapprouvée
par le parti indépendantiste kanak car leurs voix électorales allaient diminuer en proportion. Trois référendums récents, en 2018, 2020 et 2021 ont confirmé l’attachement de l’île à la France.
La minorité
(tous les Kanaks ne sont pas indépendantistes) devant cette proposition menée tambour battant, clôturée avant fin juin, n’avait plus que le recours à la violence pour être prise en compte.
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Devant les signes avant-coureurs, les représentants politiques modérés ont vu le danger ; ils ont demandé le report pour laisser le temps de dialoguer encore, sans être entendus de la métropole.
Évidemment, tous les exclus,
les mécontents se sont rués sur cette occasion pour brûler, piller tout ce qui représente une certaine réussite à laquelle ils n’ont pas droit.
Ce phénomène n’est pas différent
de ce qui s’est passé encore récemment en France métropolitaine.
Ces personnes ne se retrouvent pas dans le fonctionnement démocratique et citoyen, encore moins dans le jeu politique.
Ce qui choque en Nouvelle-Calédonie,
c’est la violence destructrice
incohérente avec l’idée d’attachement à la terre ancestrale, montrant l’état d’esprit « rien à perdre » de cette frange qui se considère sans avenir. La destruction pour détruire, le pillage des biens publics et privés, la molestation des personnes montrent la profondeur du désespoir sans vision de leur futur.
Ces crises existentielles périodiques
menacent la vie sociale, la vie tout court.
Cette détresse est évidemment manipulable de l’extérieur pour aggraver la situation.
Particulièrement en Nouvelle-Calédonie,
mais aussi en Corse, en Guyane,
dans les départements, la démocratie capable de débattre sereinement est le meilleur moyen de réguler les rapports humains, mais elle est encore très fragile.
Les partis politiques
représentant une fraction plus ou moins importante des citoyens ont le droit de s’exprimer et de déposer des projets de loi au Parlement. C’est une chose acquise. Que leur expression soit respectée, écoutée avec attention par les partis adverses et les représentants du gouvernement en est une autre.
Les souffrances,
c’est-à-dire les problèmes sociaux, économiques, religieux, écologiques, devraient donner lieu à des dialogues fructueux pour trouver ensemble les solutions. Or ce lieu d’écoute, le parlement, est un espace d’affrontement, une arène où la bassesse, le mépris, le mensonge sont trop souvent à l’œuvre.
Chacun veut imposer son point de vue par-dessus les autres. Il devrait être le modèle de dialogue constructif.
Hélas il n’est que l’image de la population.
Le gouvernement,
sensé être l’exécutif, n’a pas comme rôle honorable de concilier, de synthétiser puisqu’il n’y a pas de dialogue. Si bien qu’il décide selon son bon vouloir, pour tout le monde, sa solution (forcément partisane) et l’impose.