Sortir de la mort, c’est faire le voyage pour la grande Vie, là où il n’y a pas de commencement ni de fin et cela retourne toute la perspective nous livrait Frédérique Lemarchand dans son article paru dans le n° 44 de Reflets. Artiste peintre et sculptrice, au bord de la mort à chaque instant, constamment inspirée. Souriante, quoiqu’il lui arrive. Aujourd’hui elle livre son expérience vécue du sourire. Un magnifique voyage.
L’essentiel souvent est à peine perceptible, toutefois un sourire est si souvent essentiel.
Notre cœur fond devant la qualité d’un sourire. Le sourire des larmes est l’insigne étincelant du triomphe de la vie. Il jaillit du cœur. Le sourire, cette force de renversement, transfigure la mort en mutation.
Sur les ruines du monde où la lumière pleut, un rien imperceptible germe. Puis, recueillant le fruit tel que de l’âme il sort, le sourire divin resplendit. Lorsque je me fais disciple et non victime de la vie, j’observe les orages illuminer mon âme ! Face à l’inéluctable de l’existence, sourire est ma tenue d’être.
Sourire, c’est bénir.
Après avoir traversé les lèvres collabées de ma nuit lors de mon expérience dite « de mort clinique » au cours d’une transplantation cœur-poumons, l’illusion d’être séparée de l’amour m’a quittée. Désormais, je suis greffée à la vie une et indivisible. Toutes mes cellules en sourient. La lumière irradie à travers les mâchoires de mes cicatrices.
À ma soif d’immensité, j’ai reçu un baiser de lumière qui passe d’un monde à l’autre. Désormais, je suis porteuse d’un sourire éternel sous les pelletées du temps fossoyeur. Le sourire me bascule dans un espace inconnu pour la tête, seulement reconnu par le cœur. C’est la fleur de l’émerveillement.
Je ne m’appuie plus que sur l’imprévisible sourire de l’ange, car, pour moi, l’appui qui paraît le plus tangible reste le néant le plus sûr. La joie est au milieu de moi et la petite barque de mon sourire sert de promenade aux anges.
Le plus redoutable serait une vie sans le sourire,
car ce ne serait pas une vraie vie. La bouche est faite pour lui, c’est le verbe le plus haut.
Le sourire est l’organe de la reconnaissance, il est dépositaire d’une puissance nucléaire. Surnaturellement insoucieux, il dévoile que tout est VIE : « Je sors de la vie et j’entre en vie » écrivit Christiane Singer avant de partir.
Un jour, chacun de nous quittera le costume temporel de son personnage.
Lorsqu’il n’y aura plus de temps, plus de tête ni de dents, sous le tapis crasseux de l’illusion de l’existence, nous redeviendrons l’amour sans contraire dont nous sommes faits ! Et là nous recevrons le suaire du sourire éternel.
Pâle dans le lit de l’ultime désir, je sourirai, savourant l’absolu. Bouche à demi ouverte, je laisserai la porte du ciel entrebâillée. Mourir et sourire.
Mais faut-il attendre le dernier soupir pour enfin offrir notre vrai sourire ?
La prière, la communion des priants, forment des vibrations d’amour tangibles, permettant de rester le cœur souriant et les yeux grands ouverts sur ce qui fait mal sans savoir pourquoi c’est comme ça.
EXPOSITION
du 21 juin au 2 juillet 2023 salle gothique à Vézelay (89).
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Pour lire l’article REFLETS n°47 pages 36 et 37