Le seul repère possible, celui du cœur
Je ne peux vivre qu’au présent
au doux rythme de ma respiration. Tout est douleur autrement : interdiction absolue de faire des projets. Comment construire un avenir alors que ma personne est explosée, éparpillée, en mille morceaux ? Le seul repère possible, celui du cœur qui bat et le seul projet, celui de se constituer. C’est un travail millimétrique que de ramasser un à un chaque déchet de sa personne, d’observer en quoi il est défectueux, de le transformer et de le poser à sa place.
Voilà ce que j’écrivais
lors de cette crise
dont les prémices ont commencé à 29 ans et dont j’ai connu l’apogée quand j’avais 34 ans, à la rupture avec mon mari de l’époque. Rien ne peut mieux exprimer et résumer le désarroi dans lequel j’étais plongée que ces quelques mots. Plus rien de ce qui était vrai dans le passé ne l’était dans le présent. Moi qui avais toujours fait avec ma volonté,
en méprisant mes besoins et plaisirs, je ne me retrouvais plus capable d’avancer avec la tête !
J’ai toujours été si forte
Je me brise moi-même.
Je craque de partout
dans un bruit sinistre.
Et pour couronner le tout,
me revenaient des moments
où je donnais des conseils à des connaissances souffrant de chagrin d’amour, en les bombardant de « y’a qu’à », froidement. Moi qui me croyais si chaude, le miroir reflétait un cœur glacé. Quelle claque gigantesque !
Sans l’amour de cet homme,
je me retrouvais seule avec moi-même, c’est-à-dire face au vide.
J’avais toujours tourné mon attention vers lui, jamais vers moi. Sans un regard aimant qui m’élève, je restais inerte tant je n’existais pas à mes propres yeux. Je fonctionnais pour ma fille sans élan, comme une machine.
Alors que j’avais refoulé au plus profond mes douleurs,
je me retrouvais dans la même situation que ma maman, quittée pour une autre, la plus banale des histoires.
J’ai vu ma mère crier ainsi pour les mêmes raisons. Je ne sais plus si je suis cette petite fille regardant sa maman pleurer ou sa maman, ou encore ma fille me regardant maintenant crier, ou moi-même. Qui je suis ?
Rattrapée par les douleurs du passé non conscientisées,
la réponse en multi dimension de cette question posée une année plus tôt : comment se fait-il que je sois une femme sensuelle, ample, rayonnante quand je joue sur une scène, et si étriquée dans ma vie quotidienne ?
C’est en évitant de justesse une camionnette à l’arrêt sur l’autoroute alors que je conduisais ma fille chez sa mamie, que j’ai pris conscience que j’aurais pu mourir, et elle aussi, que j’avais alors décidé de vivre.
Si cet article vous plaît, pensez à faire un don.
Le fonctionnement du site a un coût. Il n’y a pas de publicité.
Vous avez un bouton « don » sur le côté.
Merci de votre participation quel que soit le montant.
Les idées sombres et le « à quoi bon vivre ? »
qui martelaient mon cerveau sans arrêt,
associés à cette question : « Quel intérêt d’élever ma fille pour qu’elle se retrouve dans la même situation à mon âge ? » conduisaient à ce non-sens qui me poussait vers l’abîme, mais cela s’est transformé en une quête, celle de VIVRE.
Plus jeune, alors que la vie essayait déjà de me réveiller,
alors que je me relevais d’un accident, j’avais lu Dialogues avec l’ange. Ce livre devenu mon livre de chevet accomplissait son parcours à mon insu à l’intérieur de moi.
Cette vie spirituelle,
que j’ai toujours cachée, j’ai décidé de l’assumer, et c’est comme cela que j’ai rencontré l’école de Bernard Montaud et la psychanalyse corporelle.
Lors de ma première séance de psychanalyse corporelle,
me donnant enfin le droit d’écouter toute la douleur de cette petite fille en moi, j’ai su que j’étais sur le chemin d’une naissance, celle de me donner le droit à être.
Le revécu de la scène de la petite enfance
donnait toutes les réponses au pourquoi j’étais constituée pour être invisible, sans respect pour ma personne, le pourquoi j’ai répété l’histoire familiale. Enfin, je ne me considérais plus comme une victime, je voyais comment je m’y étais prise pour que cet homme me quitte. Et des trésors se sont révélés pour rencontrer ma fille et l’aimer sans vouloir la changer, et que surtout s’enlève de mon esprit que « tout était de sa faute ». Ce qui m’avait été reproché, je le lui reprochais injustement. Tous ces malheurs parce qu’une petite Séverine hurlait dans ma poitrine et demandait à être entendue.
Dans tous les domaines de ma vie,
j’ai pris de l’ampleur jusqu’à aujourd’hui écrire cet article, sortir de ma cachette pour m’exprimer au grand jour en osant parler de ma vie intérieure, de ma foi.
Pour lire l’article en entier, Revue Reflets n° 51 pages 47 à 48