L’infini passe l’homme
Le souffle est impalpable comme l’air
et pourtant sans lui nul être vivant ne pourrait exister. Inspire puis expire rythment nos vies en permanence et du début de notre existence jusqu’à notre ultime souffle. Il est aussi, sous divers noms, à l’origine de toutes les spiritualités.
Dans sa compréhension judéo-chrétienne,
il apparaît dès les premiers versets de la Bible. “Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. Or la terre était vide et vague, les ténèbres couvraient l’abîme et le souffle de Dieu agitait la surface des eaux “. (Gn1, 1). Puis, juste après, il nous est dit que Dieu forma l’homme avec de la glaise et lui insuffla alors une haleine de vie. Il y a dans ces textes primordiaux des perspectives vertigineuses sur le souffle comme substance intime de la création et en même temps, l’affirmation que le souffle humain est de source divine. Il est donc en soi l’une des plus radicales affirmations de notre véritable dimension qui, au-delà de nos tuniques de peau, nous met en connexion directe avec l’infini, le divin et l’univers.
La pratique du souffle
que l’on croyait un peu naïvement l’apanage des spiritualités orientales est donc bien présente, ou pourrait l’être, dans le quotidien de nos sociétés modernes. Cette expérience du souffle ou du “respirer le Christ” était déjà bien présente chez les Pères du désert aux IIIe et IVe siècles mais elle est toujours aussi présente, on le sait beaucoup moins, chez les ermites chrétiens éthiopiens contemporains.
De nos jours,
Graf Durckeim (1896-1988) et Alphonse Goettmann (1935-2020) en ont retrouvé la mémoire vivante en mettant bien en évidence l’impact vivifiant et créateur de la respiration. Ces deux spirituels insistent de plus sur le lien intime entre l’expérience du souffle et la vie trinitaire. Les divers noms du souffle, pneuma en grec, spiritus en latin, ruah en hébreu, ont approximativement le même sens même si les contextes sont différents. Ils nous indiquent tous une direction semblable à travers le langage de la chambre haute. Et dans l’héritage chrétien, il est symbolisé par une colombe comme le montre la peinture ci-dessus ou encore par une langue de feu.
Chambre haute et souffle divin
Nous avons évoqué dans un précédent article le rôle de la chambre haute comme lieu privilégié de cette pratique du souffle. Bien sûr, il est plus facile de se retirer dans un endroit isolé et tranquille pour entendre ce silence subtil.
Mais, à dire vrai, la chambre haute nous accompagne partout car elle est une composante invisible mais réelle de notre morphopsychologie. Nous inspirons et expirons tout au long de nos journées. En fait nous le faisons environ 24.000 fois par jour.
Ce réflexe nous est donc tout à fait naturel. Il suffit de l’introduire dans notre quotidien le plus prosaïque pour le rendre permanent. Et ce qui était naturel peut nous ouvrir d’autres portes vers la dimension ultime de notre personnalité.
Le souffle ou notre développement trinitaire
Ce point appartient spécifiquement à la tradition chrétienne depuis les origines.
Dans cette mouvance spirituelle, il y a un point origine, sans forme et totalement inconnaissable, le fameux ” Dieu, nul ne le connaît ” du prélude de l’évangile de Jean. On l’appelle Père mais sans aucun anthropomorphisme car, par nature, personne n’en a la moindre idée. Et l’évangéliste de poursuivre ” Le Christ l’a fait connaître ” par son incarnation dans le temps à un moment donné de notre histoire. Et le souffle ou l’esprit dans sa compréhension latine est le lien entre le connaissable et l’inconnaissable. Il est même une composante intime de l’être humain comme l’écrit l’apôtre Paul dans le chapitre 8 de son épître aux Romains.
Ce cycle se retrouve dans le tempo respiratoire…
il ne nous reste plus qu’à le pratiquer…..Nous verrons dans la prochaine chronique le « comment » très concret de cet élargissement total de notre vie.
Gérard-Emmanuel Fomerand
Si cet article vous plait, pensez à faire un don. Le fonctionnement du site a un coût. Il n’y a pas de publicité.
Vous avez un bouton « don » sur le côté. Merci de votre participation quel que soit le montant