Imam français né en 1959 au Maroc, Tareq Oubrou est un autodidacte en sciences religieuses. Il est connu pour ses prises de position publiques en faveur d’un islam libéral. Il affirme notamment que le Coran serait mal interprété, notamment par méconnaissance du texte et de l’histoire contemporaine de Mahomet. Il est imam de la Grande Mosquée de Bordeaux.
Pour vous, qu’est-ce que c’est que le bonheur ?
C’est une question très difficile. La plus difficile. Néanmoins, le bonheur n’est pas forcément le plaisir et la jouissance. À ne pas confondre ici bonheur et eudémonisme ou hédonisme. Il est surtout en rapport avec l’âme et l’esprit. À cet égard, il peut être vécu à partir de rien. Il se conjugue avec l’être et non l’avoir.
C’est un état intérieur qui n’est perturbé ni par une possession d’une chose ni par sa dépossession. Il est ce qui reste avec vous lorsque vous êtes seul dans le silence, loin des bruits et des lumières. Il est forcément discret. Il est dans ce qui est caché et non dans l’ostentatoire. Pour moi, en tant que croyant, la question du bonheur est en lien avec la transcendance et la question du salut.
Pouvez-vous préciser ?
Le bonheur est quelque chose qui s’acquiert dans l’effort, et peut-être même parfois dans la douleur. Il est en lien avec un idéal et par conséquent, on ne peut le goûter que dans le dépassement de soi. Je pense surtout que le bonheur s’accueille mais ne se cueille pas, car il s’agit parfois de rester disponible et patient pour le recevoir, et il vous vient comme une grâce.
À cet égard, il relève d’une expérience mystique et contemplative, une sorte de révélation : des choses qui nous viennent de l’extérieur de façon inattendue et qu’on ne cherchait pas auparavant. Le bonheur, il faut le reconnaître, est très difficile à définir, parce qu’il admet une dimension d’imprévus, de surprises et d’étonnements. Il ne relève pas d’un rationnel démontrable, ni même de l’émotionnel.
Le bonheur est un cheminement plus qu’un aboutissement
Est-ce le plus important dans l’existence, la quête du bonheur ?
Je pense que tout être humain aspire à son bonheur, mais de lui-même, il ne parvient pas toujours à le savoir. En effet, comment définir le bonheur par rapport au malheur, alors qu’il ne pourrait s’agir que d’une pièce à deux faces qu’il suffit de tourner pour renverser le malheur en bonheur et vice versa ?
Pour lire l’article en entier, Reflets n° 30 pages 60 et 61