Cadeau de Noël

Le féminisme est juste. Aller vers l’égalité sur le plan social est un objectif louable et indispensable. Faire disparaître la pédophilie tout autant. Mais la dénonciation publique du genre #BalanceTonPorc est d’une violence inouïe. Peut-on faire cesser la violence par la violence ? L’accusation publique par les réseaux sociaux se substitue à la justice légale. L’accusateur trouve son jury parmi tous ceux qui ont des comptes à régler et exécute l’accusé privé de défense.
Accusation – condamnation – exécution : exclusion sociale

Qui vérifie la véracité de l’accusation ? Qui estime la hauteur de la peine ? La sentence tombe avant que les tribunaux ne s’y penchent eux-mêmes. N’y a-t-il pas une différence entre un geste affectueux, un geste déplacé et un viol avec pénétration ? Les réseaux sociaux dictent la morale, globalisent et exécutent. Au mois de septembre, un prêtre s’est suicidé, accusé d’agression sexuelle. Nous savons aujourd’hui par la justice officielle qu’il ne s’agissait que d’un « geste déplacé » pour lequel la famille n’avait pas porté plainte. Combien de jeunes se suicident-ils – ou tentent de le faire – désespérés des jugements portés sur eux, véhiculés par les « amis sociaux » ?

Ce processus de lynchage public est terrifiant : faire régner l’ordre par la terreur ! Le moindre comportement hors des clous risque de vous clouer au pilori. Récemment, dans un restaurant, j’ai touché le bras d’une serveuse pour attirer son attention. Elle m’a regardé comme un vieux pervers en me faisant une remarque acerbe. Comment le lien social va-t-il pouvoir être tissé dans ces conditions de conflit latent permanent ? Je me demande en regardant ma petite fille adolescente comment les jeunes peuvent aller sainement à la rencontre de l’autre sexe ? Toutes les jalousies, les rancœurs, les rumeurs s’expriment via les réseaux sociaux depuis leur solitude, enfermés dans une chambre, à l’abri des regards directs.

À ce système dégradant, clivant la société, nous ne pouvons rien opposer si ce n’est notre volonté de ne pas y participer, en accordant aux autres, comme à soi-même le droit à la maladresse. Non ! je ne suis pas souvent juste dans ma masculinité, ni dans ma place sociale. Oui ! les autres aussi ont droit de se tromper.
C’est le chemin de la paix. Il n’est pas inutile de le rappeler dans ce temps de Noël propice aux cadeaux.

Le vrai cadeau : une once de miséricorde pour ma maladresse ; une once de miséricorde pour une maladresse d’autrui.