Inlassablement le père André-marie ne cesse de se donner pour aider les plus démunis. Soit chez lui à « la Demeure » à Croixrault, soit à Madagascar en soutenant l’œuvre du Père Pedro auprès des plus pauvres de l’ile. Sa contribution passe par une œuvre artistique riche et diversifiée vendue à leur profit. Peinture, sculpture, émaux et sans oublier la littérature. 97 ouvrages dont le dernier vient de paraitre. Comment fait-il à son âge pour continuer son activité intense alors que son corps est si usé ? Partout où il passe il impulse la vie.
Un ami, même s’il a tort, reste un ami
Lorsque Jean Garaudy avait, croyait-on, remis en cause le nombre de morts du temps de la Shoah, la presse tout entière l’avait aussitôt critiqué, honni, malmené, condamné.
Seul l’Abbé Pierre l’a défendu : « Un ami, même s’il a tort, reste un ami. L’amitié est quelque chose d’indéfectible et de sans limites ».
Bien sûr l’Abbé Pierre, à son tour, a été condamné, rejeté, critiqué.
J’en ai à l’époque fait les frais au point qu’un éditeur a refusé d’imprimer la préface de l’Abbé Pierre, dans l’une de mes biographies Le Potier de l’espoir.
« Il y a des critiques dont nous devons être fiers. Les reproches d’un ami montrent son affection, les signes d’amitié d’un ennemi sont trompeurs » précise dans la Bible le Livre des prophètes.
On peut parler de collègues, de copains, de connaissances, de relations, de couples. La modernité, quelle horreur, nous en a inventé bien d’autres : mon concubin, mon partenaire, mon ex, le mec avec qui vit ma mère…
L’amitié est, bien sûr, d’un tout autre domaine.
On pourrait l’habiller de toutes les qualités dont parle André Comte Sponville dans son livre Le Petit Traité des grandes vertus.
Chaque chapitre de son livre peut s’appliquer à l’amitié. Celle-ci est politesse et fidélité, prudence, tempérance et courage. L’amitié est aussi générosité, compassion, miséricorde. Enfin, elle est encore tout à la fois gratitude, humilité, simplicité, tolérance, clarté, douceur, bonne foi, humour et Amour.
Il faudrait mettre une majuscule à tous ces mots pour honorer l’amitié, couronnement de toutes les qualités humaines.
C’est encore dans le Livre des prophètes qu’on peut lire : « L’ami aime en toutes circonstances. Dans le malheur, il se montre frère. »
Selon Saint Jean : « Il n’y a pas de plus grand Amour que de donner sa vie pour ses amis ».
Jésus pleura la mort de son ami Lazare et la foule qui l’entourait ne pouvait s’empêcher de dire : « Voyez comme ils s’aimaient. »
L’amitié étant gratitude réciproque, Saint Thomas d’Aquin dans la Somme théologique dit que : « Tout ce qui est reçu prend la forme du contenant ». Une identité réciproque se crée entre deux amis qui finissent par penser ensemble et de la même façon.
Faire plaisir devient un besoin sinon un devoir.
S’il y a divergence de pensées, bien souvent c’est par un respectueux silence réciproque que se traite le problème, de peur de blesser l’autre.
L’hagiographie nous conte dans la vie des saints des amitiés extraordinaires comme celle de Sainte Thérèse d’Avila et de Saint-Jean de la Croix, Saint François d’Assise et Sainte-Claire, Sainte Jeanne de Chantal et Saint-François-de-Sales.
Le propre de toutes ces amitiés est bien souvent de ne plus discerner qui est le maître ou le disciple, car celui qui reçoit est aussi celui qui donne.
Si l’on définissait l’amitié comme complicité, respect réciproque, égalité, dépendance, tout en gardant son autonomie, le plus bel et unique exemple en serait la Trinité.
Dans un tout autre domaine, s’il est un mot pouvant rivaliser avec « amitié » ce serait « camarades » : ceux de l’enfance, camarades d’école… on a usé ses culottes sur le même banc… Ceux de l’armée… on en a bavé ensemble… Dans tous ces cas le tutoiement devient souvent une normalité comme d’égal à égal. Dans tous ces cas, l’un peut montrer sa faiblesse sans que l’autre s’en serve pour exprimer sa force.
Bénir ! Ce serait l’acte le plus important, renouvelable à chaque instant, exprimant la bienveillance.
Bénédiction est le contraire de malédiction. Dire du bien, même à ceux qui nous maudissent. Bénir délivre celui qui bénit de toute pensée malveillante, ainsi lui ouvre les portes de l’amour autant qu’à celui qui est béni.
Bénir, c’est donner vie.
Un très joli livre grand format, écrit gros pour être bien lisible. Le Père André-Marie nous livre toutes les facettes de la bénédiction. Son texte est encadré par une préface de Bernard Montaud et une postface de Pierre Pradervand qui disent toute leur admiration pour cet être exceptionnel.
Si cet article vous plait, pensez à faire un don. Le fonctionnement du site a un coût. Il n’y a pas de publicité.
Vous avez un bouton « don » sur le côté. Merci de votre participation quel que soit le montant
Pour lire l’article en entier REFLETS n°49 pages 23 à 25