La marche,un rendez-vous avec soi
Alain Sicot
Alain Sicot fut maçon, puis employé à la C.N.R. (Compagnie nationale du Rhône). Écrire un livre quand l’illettrisme vous accompagne depuis 50 ans paraît inaccessible. Parcourir 1700 kilomètres avec une jambe handicapée, voici un autre défi qui n’était pas gagné d’avance ! Voilà un personnage qui sait s’accueillir et écouter avec tendresse ses infirmités. En 2007, il fonde l’association 4 Saisons-marche. www.4saisons-marche.fr
La marche, pratiquée par beaucoup, ne serait-elle pas un loisir ? Dans une vie remplie d’obligations, le loisir est un temps de liberté qui n’est affecté ni au travail ni au repos, c’est cependant un besoin vital pour nos vies. Chacun a ses raisons toutes personnelles de faire cette activité : certains pour faire du sport, d’autres pour rester en forme, d’autres pour contempler le paysage ou pour une hygiène de vie ou tout simplement pour se détendre. Toutes ces formes de marche n’ont qu’un seul but : essayer d’aller mieux. C’est bien ! Et si la marche devenait une possibilité de rencontre avec soi ?
Chaque personne a une manière d’appréhender la marche selon son histoire. Ce n’est plus l’effort qui fait avancer mais c’est l’envie de se rencontrer. Qu’est-ce qui fait déclencher la rencontre avec soi-même ? Ce sont toujours nos pensées récurrentes ou nos premiers agacements ou douleurs physiques qui nous empêchent d’apprécier ce qui nous entoure. Ce premier agacement parle de nous et donc nous devons aller à sa rencontre en le nommant jusqu’à être touché par un mot, une petite phrase qui appartient au plus profond de notre être ; alors la rencontre avec nous-même vient d’avoir lieu et l’agacement disparaît. De pas en pas, de petites rencontres en petites rencontres nous marchons de plus en plus en intimité avec nous-mêmes. Ce n’est pas d’enlever sa douleur qui nous rend heureux mais d’en comprendre le sens ; cela nous apaise et nous fait accéder au meilleur de nous. Le principal est d’aller retrouver ces instants-là dans notre vie pour se reconnaître dans l’essentiel de notre être profond.
Il y a différentes manières de se rencontrer dans la marche, comme tout est sujet à interpellation nous dialoguons avec la nature : un rocher ayant une forme bizarre, des insectes, des plantations, des fils de fer barbelés ou des poteaux électriques, etc. Vous marchez dans une forêt et tout à coup un arbre attire votre regard. Vous pouvez continuer dans une marche « au-dehors » en restant dans une admiration ou dans une critique envers l’arbre, ou alors choisir la marche « au-dedans » par une pratique intérieure : s’arrêter, aller chercher le sentiment dans lequel cet arbre vous transporte, vous poser la question : « En quoi il me touche, là maintenant ? Où est-ce qu’il fait écho à mon histoire ? » afin de percevoir ce qu’il représente réellement pour votre vie, jusqu’à être touché. Cette contemplation toute simple dans le concret de la marche pourra vous donner des réponses et des actes dans un secteur de votre existence qui demande à être transformé.
Un apprentissage d’amour pour soi au pas à pas
J’ai créé l’association 4 Saisons-marche après un pèlerinage à Compostelle qui a renforcé ma foi, mes pratiques de contemplation, aidé par mes prières et mes remerciements à la vie. Ce n’est pas une association de marcheurs habituelle ; elle propose dans la marche une dimension spirituelle : chercher le meilleur de soi. C’est un apprentissage d’amour pour soi au pas à pas. Car s’aimer un peu plus et poser des actes envers soi, c’est pouvoir mieux aller vers les autres.
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Pour lire l’article en entier, Reflets n° 24 pages 53 à 54
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