Il est difficile de définir le populisme
car il est multiforme.
Le populisme désigne l’instrumentalisation de l’opinion du peuple par des partis et des personnalités politiques qui s’en prétendent le porte-parole.
Mais qu’est-ce que « le peuple » ?
Le concept diffère un peu selon le populisme de droite ou de gauche.
Pour ce dernier, les personnes qui vendent leur force de travail constituent le vrai peuple. Pour le populisme de droite, le peuple est constitué des petites gens, des « sans voix », sous-représentés. L’aspect social est fondamental et s’articule avec l’aspect ethnique et culturel.
Le « vrai peuple »
correspond à une pseudo-tradition implantée de longue date sur le territoire. Le « vrai peuple » ne peut rassembler que les personnes d’une même origine. Le populisme se fonde sur une symbolique nostalgique de
grandeur, exhortant un redressement national s’appuyant sur un chef en relation directe avec son peuple. Dans les deux cas il contient un rejet de l’élite et un anti-pluralisme.
Donc un refus du fonctionnement démocratique au nom du monopole de la représentation de ce que serait le « vrai peuple ».
Depuis une vingtaine d’années
le monde est passé de mouvements populistes à leur prise de pouvoir dans plusieurs pays : la Hongrie, la Pologne, la Russie, la Turquie, les Philippines, le Venezuela.
Les mêmes transformations se font jour : révision constitutionnelle, limitation du pouvoir des juges, restriction de la liberté de la presse. Le pouvoir se recentre aux mains de l’exécutif. Les assemblées élues deviennent de simples chambres d’enregistrement.
L’alternative politique devient très complexe car ces régimes populistes restreignent les marges de fonctionnement de l’opposition par des moyens plus ou moins légaux, souvent violents. La marge avec une dictature devient étroite.
Certains pays sont, à la limite, encore contenus dans la démocratie.
Des dirigeants ont des visées populistes. Donald Trump en est un exemple. Mais les contraintes judiciaires et institutionnelles l’en empêchent. Idem Narendra Modi en Inde. Dans d’autres pays, comme l’Autriche, les Pays-Bas, le Danemark, se forment des alliances électorales permettant à des partis traditionnels de gouverner en prenant en compte
certaines de leurs revendications. En particulier concernant l’immigration.
Pour entrevoir la place du populisme dans le futur,
il est nécessaire de comprendre les limites de la démocratie.
Bien sûr, c’est aujourd’hui le meilleur système politique. La démocratie propose un droit de vote individuel. C’est-à-
dire, l’ego de chacun peut s’exprimer selon son point de vue, donc selon son histoire personnelle. De grandes familles d’orientation se dégagent, synthétisées dans un parti politique.
En définitive la démocratie exprime l’ego de chacun,
par définition « égocentré », avec ses peurs, ses bassesses, ses aspirations conjuguant en priorité le verbe avoir. « Je vote selon mon intérêt ».
Ce fonctionnement se répercute à l’échelle des nations.
Celles-ci s’opposent pour la possession, le pouvoir, la puissance déclinant un jeu d’alliances conjoncturelles se faisant et se défaisant (exemple le Brexit) selon les intérêts nationaux. L’appareil politique national est à l’image du fonctionnement individuel.
Le populisme trouve sa substance dans le décalage entre l’aspiration individuelle et l’aspiration collective.
Ce que le communisme n’a pas réussi à réaliser,
il prétend y arriver au nom du « vrai peuple » sans perdre de vue les besoins élémentaires de chacun, en particulier de sécurité physique, alimentaire, et de logement. Le populisme de droite mettra plus l’accent sur l’idée de réussite matérielle offerte à tous. Grâce à un leader charismatique ne s’embarrassant pas de morale, ni de distinction pour y arriver. Il flatte la nature inférieure de l’homme jusque dans le sexisme. Trump ne s’en prive pas !
Mais chacun a aussi une petite, disons plus ou moins grande, aspiration à un fonctionnement plus juste,
plus égalitaire, plus honnête, plus sincère, plus altruiste. Cela se traduit par le désir – peu conscient – d’un chef qui incarne ces valeurs et qui soit au service du collectif, depuis la commune jusqu’à la région, et surtout de la nation.
Les leaders populistes surfent sur cet inconscient.
Ils annoncent, en négatif, l’idée de se donner, de se sacrifier pour la population. Aujourd’hui c’est un leurre. Ils usent des moyens les plus vils pour arriver à leur fin. À voir l’usage des fake-news, Trump ou Poutine en sont les chefs de file. La richesse personnelle est leur apanage.
La manipulation des besoins de la nature inférieure humaine
encouragée par un leader préfigure, en négatif, l’autre face à venir : des meneurs charismatiques, cherchant à réaliser le bien pour autrui, sans enrichissement matériel pour eux, ni combler le besoin de pouvoir, de puissance. Ils refléteront l’aspiration humaine à atteindre sa nature supérieure, orientée vers le partage, la solidarité, le respect de la vie, donc de la nature. Ce que résume la tradition chrétienne par amour du prochain.
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Dans le futur,
ces chefs politiques s’entoureront de conseillers non plus militaires, mais spécialistes de la paix, de créateurs, d’entrepreneurs désintéressés, de maîtres spirituels. Servir la nation sera un engagement spirituel.
La démocratie d’aujourd’hui paraîtra ringarde.
La devise républicaine, « Liberté, Égalité, Fraternité » prophétique, lancée par Robespierre en 1790, commencera à prendre corps.