Marie-Dominique Mutarelli
La 5G est la plus grande innovation dans le domaine du sans-fil depuis la toute première génération de portables. Que recouvre ce sigle ? Il désigne la cinquième génération de développement des réseaux de communication sans fil. Dans les années 80, la 1G permettait de simples appels sans fil. Puis, dans les années 90, avec la 2G, les SMS se sont multipliés. Les années 2000 ont vu l’expansion de l’Internet avec la 3G et les années 2010, l’Internet ultrarapide avec la 4G.
La technologie 5G est indispensable à toutes les innovations en cours de développement annoncées récemment : la voiture autonome, la réalité virtuelle, les opérations chirurgicales à distance et bien d’autres applications… Ses supporters voient dans cette innovation la première pierre d’un monde très différent au potentiel quasiment illimité, annonçant un futur dans lequel les objets communiqueront entre eux. La 5G constitue en effet l’ossature de l’Internet des objets (IOT), une industrie en plein essor qui ouvre des marchés qui se comptent en dizaines de milliards. Pour servir cette technologie, des puces informatiques seront intégrées à tous les objets du quotidien pour leur permettre de se connecter entre eux. Tout ce que nous utilisons chaque jour, depuis les réfrigérateurs et les machines à laver jusqu’aux cartons de lait, en passant par les brosses à cheveux et les couches pour bébés, contiendra des antennes et des micropuces et sera connecté sans fil à l’Internet. Toute personne sur terre aura accès instantanément à des communications sans fil à très haut débit et à faible latence, et ce dans les coins les plus reculés de la planète.
À entendre ce que promet cette technologie, nous allons vivre dans un monde devenu magique elle sera la fée. Un monde merveilleux s’annonce où nos instruments du quotidien devenus autonomes feront tout sans que nous ayons besoin d’intervenir, anticipant nos moindres désirs. Un changement sociétal sans précédent est ainsi attendu avec l’apparition des maisons « intelligentes », des entreprises « intelligentes », des autoroutes « intelligentes », des villes « intelligentes » et des voitures autonomes. Selon les estimations, 200 milliards d’objets émetteurs seront reliés à l’Internet d’ici 2020.
Pour les investisseurs, la 5G représente un gâteau de 582 milliards de dollars à se partager d’ici 2026 avec le financement du développement des réseaux et de leurs infrastructures, et la nécessaire multiplication des antennes. Pour gérer la 4G, 200 000 nouvelles tours cellulaires ont été installées aux États-Unis. Selon les pronostics, il en faudra 300 000 de plus pour la 5G. Presque à chaque coin de rue !
Le retour sur investissement attendu fait que tous les États avancent à marche forcée, avec l’appui des compagnies d’électricité ou de télécommunications, ou encore de l’industrie militaire, pour que la mise en œuvre de la 5G au sol soit achevée dans deux ans, avec la pose de minuscules antennes-relais tous les cent mètres. Dans l’espace, 20 000 nouveaux satellites couvriront les moindres recoins de la terre de fréquences proches de celles des radars, dont les effets néfastes sur la santé sont pourtant déjà connus. Dans ce contexte, aucun espoir d’échapper aux transmissions surpuissantes de faisceaux à rayonnement hyperfréquence intense, qui pourront se chevaucher et nous traverser au passage.
Mais le 17 septembre 2018, un groupe de scientifiques internationaux a lancé sur l’Internet un appel circonstancié contre le développement de la 5G. Ils y dénoncent les dangers de cette technologie, considérant que son déploiement revient à mener des expériences sur les êtres humains et l’environnement, ce qui, en droit international, est considéré comme un crime. Ils réclament l’arrêt de l’expansion de la technologie sans fil et l’adoption d’un moratoire pour toute nouvelle station de base. En effet la 5G va entraîner une augmentation considérable de l’exposition aux rayonnements de radiofréquence, qui s’ajouteront à ceux des réseaux de télécommunications déjà en place. Or nous avons déjà la preuve de leurs effets nocifs pour les êtres humains et l’environnement. Pourtant, loin de tenir compte de ces avis alarmants et de prendre des mesures de santé publique, les gouvernants allègent les règles de sécurité et s’activent à déployer la 5G sur la terre entière. Si ces plans de déploiement se concrétisent, pas un être humain , mammifère, oiseau, insecte ou brin d’herbe sur terre, où qu’il se trouve, ne pourra se soustraire à une exposition, 24 heures sur 24 et 365 jours par an, à des niveaux de rayonnement de radiofréquence des dizaines voire des centaines de fois supérieurs à ceux connus aujourd’hui. Avec des risques d’effets graves et irréversibles sur les êtres humains et de dommages permanents dans tous les écosystèmes terrestres.
Pour lire l’article en entier REFLETS n° 33 pages 6 à 8