Philippe Guillemant est ingénieur physicien chercheur au CNRS. Spécialiste de l’intelligence artificielle, il mène aujourd’hui une recherche fondamentale en physique de l’information visant à réviser notre conception de l’espace-temps. Son explication rationnelle de la synchronicité débouche sur un véritable « pont entre la science et la spiritualité ». Il est l’auteur de la théorie de la double causalité présentée dans différents livres dont Le Grand Virage de l’humanité éd. Trédaniel.
Comment voyager dans le futur ?
La vie est déjà un voyage,
analogue à celui qu’on fait lorsqu’on suit la trajectoire d’un GPS, sans nécessairement y être fidèle. La destination peut changer en cours de route et il est possible de ne pas suivre le chemin donné par la direction du GPS. Spirituellement, ce changement symbolise une espèce de conflit – qui n’en est pas un – qui résulte d’un désalignement possible entre le soi et le moi. Le soi, c’est le sens de sa vie, ce qui lui donne un sens pour nous conduire vers un meilleur futur en nous réalisant dans une œuvre, peut-être même anticipée avant notre naissance. Le soi est donc symbolisé par la meilleure destination du GPS, en tout cas, à minima par une destination qu’il aimerait nous voir prendre.
D’un autre côté, le trajet du moi peut être orienté par l’ego, qui ne nous fait pas suivre la trajectoire du soi, mais une autre trajectoire qui correspond à une vision plus terre à terre des choses, correspondant tout simplement à un conditionnement. On a là deux voies extrêmes dont on ne sait pas trop laquelle s’imposera. La trajectoire intermédiaire serait le résultat de l’interaction entre les deux. Si nous
n’écoutons pas la voie du soi, nous restons dans le conditionnement intégral et la trajectoire du GPS s’aligne sur l’ego, sans aucun libre
arbitre.
Inversement, si nous n’écoutons que la voie du soi,
on risque de se détacher des contraintes matérielles et de tout leur conditionnement.
Prier par exemple dans un monastère en étant nourri par le bonheur de cette connexion risque de ne pas nous faire œuvrer dans la
matière comme le soi l’aurait souhaité, et de nous faire aller vers une trajectoire qui ne serait pas plus utile à la société que la trajectoire
de l’ego. L’intérêt de n’être ni dans un extrême ni dans l’autre est que l’écoute mesurée du soi peut nous permettre d’évoluer plus
efficacement et ainsi, petit à petit, de nous détacher d’une trajectoire purement conditionnée en rejoignant finalement le dessein du soi
beaucoup plus efficacement que si nous nous y étions en permanence reliés. La reliance excessive au soi serait finalement contreproductive parce qu’elle nous apporterait la vibration d’un futur idéalisé mais sans l’expérience ou la connaissance apportée par l’œuvre dans la matière-société. Le sens de la vie est dans l’apprentissage de l’âme qui évolue à travers des épreuves dont on comprend la nécessité. Notre destination n’étant pas garantie, l’espace-temps étant flexible, la moindre peur en conséquence peut nous faire quitter le rail de l’accomplissement et de l’évolution de l’âme. Le moi n’étant pas assez évolué pour tout comprendre de sa destination, il est nécessaire que la reliance au soi reste imparfaite pour programmer la trajectoire la plus adaptée dans notre GPS. Une reliance parfaite au soi nous empêche notamment de réaliser un véritable effort de travail sur soi, nécessaire pour évoluer et réaliser notre meilleur futur et inversement, une reliance insuffisante au soi risque de nous faire suivre la voie de l’ego en faisant obstacle à la réalisation de notre meilleur futur. Entre les deux la trajectoire du GPS est logiquement instable, et il nous est donné, à diverses occasions, de progresser ou non.
Une nouvelle destination affichée sur le GPS correspondrait donc à une nouvelle vibration captée en provenance du soi, mais nous ne sommes pas contraints d’être fidèles à cette nouvelle guidance du GPS. Si toutefois nous maintenons cette nouvelle vibration, le GPS recalcule en permanence notre trajectoire, et nous avons ainsi la possibilité de rejoindre cette nouvelle destination en suivant les intuitions ou les synchronicités qui se présentent.
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Si la trajectoire était parfaitement stable,
nous n’aurions pas de doutes face aux bifurcations, au risque qu’elles nous orientent vers les extrêmes. L’incertitude nous fait donc saisir certaines guidances et pas d’autres, et c’est peut-être la meilleure façon d’accomplir le programme du soi, car nous sommes mieux placés que lui pour savoir si nous pouvons supporter les épreuves impliquées. Ces épreuves font donc partie du programme, mais il ne faut pas négliger que se réfugier dans le bonheur de la connexion pourrait inversement les induire. D’autre part, si l’incertitude est liée à notre fait, c’est-à-dire si nous ne sommes pas suffisamment déterminés à suivre la voie du soi, alors le moi risque de nous ramener vers un futur qui n’était plus programmé, mais le redevient.
Dans ce cas, ce ne sont pas des synchronicités ou des intuitions qui se présentent à nous pour nous conduire vers le programme du soi mais à nouveau des ennuis, des problèmes systématiques qui nous ramènent vers un ancien futur. La peur redevient ainsi un guide. Le libre arbitre est ainsi issu de la nécessaire (pour ne pas dire parfaite) imperfection de la connexion.
Comment faites-vous pour choisir entre les deux voies qui se présentent ?
Lorsqu’on est bien déterminé à suivre la voie du soi,
parce qu’on a bien capté le sens de sa vie, c’est la vibration qui en résulte qui programme nos choix. Tourner à gauche plutôt qu’à droite apparaît évident, le choix a déjà été fait.
Pour lire l’article en entier, Reflets n° 44 pages 42 à 45