Après une première partie de carrière dans le domaine technique, Jérôme Robert se tourne vers l’amélioration des organisations. Depuis 2016, il enseigne dans le domaine du management, de la motivation, du travail collaboratif, du bien-être personnel et professionnel. En 2022, il fonde le collectif UNISSON qui accompagne la prévention et la gestion des conflits et pratique la médiation.
Pour un déplacement professionnel d’Épinal à Dax, je devais, à priori, voyager en avion.
Sensible aux problèmes écologiques, je propose d’examiner l’option du train. Un choix qui rentre dans une démarche, une sensibilité « écologue », sans aucun militantisme. Face aux railleries – « Vas-y à dos d’âne ! » – et piqué au vif, j’ai entrepris de faire les calculs et de comparer les voyages en avion et en train sous tous les angles. D’abord le coût, la durée et aussi l’empreinte carbone.
Voyage aller-retour Épinal – Dax :
- Train : 575 € -> Pour une émission de 0,01 T CO2e (tonne équivalent carbone)
- Combiné voiture + avion : 135 € (voiture : 35 € + avion : 100 €) -> pour une émission de 1,01 T CO2e
100 fois plus d’émission avec le combiné voiture + avion !
Et pourtant 4 fois moins couteux !
En effet, en France, avec un mix électrique décarboné grâce au nucléaire, les facteurs d’émission de gaz à effet de serre sont :
– Train (2,53 g CO2/km/passager)
– Voiture (215 g CO2/km – seul )
– Avion (252 g CO2/km/passager)
Et ce voyage en train n’est que de 30 à 45 minutes plus long que celui combinant voiture et avion.
J’ai donc choisi le train malgré le coût supporté par l’entreprise qui, heureusement, est positionnée dans une démarche d’économie d’énergie, de décarbonation et d’économie circulaire.
À remarquer : en Allemagne et essentiellement partout ailleurs en Europe de façon générale, l’électricité est faite à partir de charbon et de gaz. De ce fait, le facteur émissif entre le train et la voiture/l’avion n’est plus de 100 mais de 3 ou 4 seulement.
Transport, alimentation, logement, achats, services publics, listés ici du plus émissif au moins émissif, un Français a émis en moyenne 10 tonnes de CO2e en 2019 (dernière année de calcul hors COVID).
Alors que l’objectif des accords de Paris est de 2 T CO2e / an.
Et ce seul voyage voiture-avion combiné représente la moitié du capital personnel annuel prescrit par cet accord.
Cela nous donne une mesure, un ordre de grandeur du « régime » nécessaire pour y arriver : une division par 5 !
L’effort à consentir est considérable. Est-il atteignable ?
Personnellement, cet engagement de préservation a commencé il y a une vingtaine d’année par la construction d’une maison bioclimatique. Il s’est poursuivi principalement autour de changement de comportement : ne plus prendre l’avion que très exceptionnellement, maximiser le covoiturage, manger moins de viande, consommer le maximum de l’alimentation en circuit court, maximiser les réparations au lieu de jeter (ex : les chaussures chez le cordonnier), acheter d’occasion, acheter moins de vêtements neufs mais plus qualitatifs donc durables, réduire les émissions liées aux emballages en particulier de plastique, remplacer les trajets voiture courte distance en milieu urbain par du vélo.
Mon prochain pas : remplacer ma voiture par un modèle moins énergivore.
Pas si simple et pourtant !
Raréfaction des ressources, augmentation de la population mondiale qui aspire à avoir sa part, nécessité de préserver le vivant, tous ces facteurs combinés vont de plus en plus contraindre les possibilités de consommer.
Nous sommes dans une crise qui hurle, face à notre surdité collective que notre paradigme sociétal de la croissance sans fin ne peut prolonger dans un monde fini. Comme toute crise elle produit des forces régressives (repli sur soi, peur du manque, du changement) et, en même temps, des forces créatives qui portent l’évolution, celle d’une humanité fondée sur l’entraide.
Sources :
Calculateurs carbone – Fondation GoodPlanet
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Conseil de lecture :
Le monde sans fin, miracle énergétique et dérive climatique (Voir « Nous avons aimé »)
Pour lire l’article REFLETS n°46 pages 13 à 14