Brigitte Lahaie, Osez !
Du lundi au vendredi, de quatorze à seize heures sur Sud Radio, Brigitte Lahaie dispense ses conseils sur tout ce qui touche la sexualité de près ou de loin. Souvent, elle fait appel à des spécialistes. Son expertise ne fait aucun doute depuis quinze ans d’antenne. Cependant, pour un propos – non politiquement correct – dans le cadre de l’affaire Weinstein, une vindicte violente a été déclenchée. Elle s’en explique dans un livre Le Bûcher des sexes. Touchés par sa vision de la relation homme-femme, nous l’avons rencontrée dans le studio à la fin de son émission.
Suite aux critiques sévères à votre encontre, comment vous sentez-vous intérieurement ?
Toute épreuve est toujours positive pour moi. Cela m’a permis d’écrire ce livre Le Bûcher des sexes. Sur un plan personnel, j’ai pris conscience de deux choses : d’abord, j’étais beaucoup plus en accord avec mes émotions, en sachant que je pouvais me montrer dans ma vulnérabilité, et je n’étais plus autant sur la défensive qu’il y a trente-cinq ans quand est sorti Moi, la scandaleuse. Cela m’a fait du bien, parce que moi qui essaie toujours de dire qu’il faut se montrer tel que l’on est et non pas en voulant être la « super woman », j’ai su montrer finalement que cela m’avait blessée. J’ai réalisé aussi que, de toute façon, quoi que je fasse, je resterai pour certains la « putain » et que j’avais à l’assumer. J’ai traversé une véritable épreuve, non pas au sens négatif du terme mais au sens où on traverse le feu et on en ressort un peu transformé.
Votre analyse sur la relation homme-femme, provoquée par des mouvements féministes comme #BalanceTonPorc ou #MeToo, montre finalement qu’il y a souffrance des deux côtés.
C’est surtout une grande erreur de sacraliser la victime. Il vaut mieux aider les femmes à se reconstruire plutôt que les inciter à porter plainte. Elles y ont droit, certes, mais ce n’est pas cela qui guérit. Je crois qu’il faut faire attention, la victimisation qui est d’ailleurs un courant dans tous les domaines de notre société n’est pas constructive pour la liberté de l’être humain.
Dans votre livre, vous invitez les gens à oser avec un travail d’éducation à la base. Comment rendre cela possible dans la société d’aujourd’hui ?
Il suffit de décider de le mettre en place, en commençant par une éducation affective dès la maternelle.
N’est-ce pas utopique ?
Même si cela semble utopique, c’est une question de désir profond de l’humanité que l’on veut. J’ai soixante-deux ans. Je continue à m’occuper tous les jours de gens qui sont en souffrance. Si je n’étais pas utopique, j’arrêterais. Il y en a quelques-uns qui, grâce à moi, vont mieux. Là où j’essaie de travailler, c’est sur la capacité de chacun à pouvoir se remettre en cause sans systématiquement accuser l’autre. Si déjà on arrivait à cela, je crois qu’on avancerait.
Une sexualité épanouie ne passe-t-elle pas d’abord par une connaissance de soi-même au-delà de la sexualité ?
Je crois que ça passe d’abord par une confiance en soi et en l’autre. La plupart des handicaps dans une sexualité harmonieuse dans un couple viennent des peurs : de mal faire, de ce qu’il va penser de moi, de ne pas être à la hauteur, d’avoir mal. Manque de confiance parce qu’au fond, même une relation sexuelle qui va être « ratée » ce soir-là, qu’est-ce que ça peut faire ? Le fait de « rater » accentue la peur qui conduit à une sexualité complètement bloquée.
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Est-ce un travail sur vous-même qui vous a conduite à cet autre point de vue ?
J’ai laissé le désir diriger ma vie au sens noble du terme. À un moment donné, j’ai essayé de mieux comprendre qui j’étais. À vingt-cinq ans déjà, je me posais des questions. Je m’analysais. J’ai fait de belles rencontres aussi parce que j’ai su les saisir. Aujourd’hui encore, je rencontre des gens extraordinaires qui me font évoluer. J’ai très vite laissé tomber les croyances qui au début nous rassurent, mais qui finalement nous engluent, nous empêchent d’être libres.
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Pour lire l’article en entier, Reflets n° 29 pages 79 à 81