Vaccination, radiation, remise en question…
Docteur Jean-Marc Frizoux
Le professeur Henri Joyeux, chirurgien cancérologue réputé, réputé pour ses prises de position sur la nutrition, le cancer et autres problèmes de santé, vient d’être radié de l’Ordre des médecins. Ceci suite à une prise de position publique en matière de vaccins.
Les faits (source : Le Figaro)
Il y a un peu plus d’un an, le cancérologue de Montpellier a fait l’objet d’une plainte du Conseil de l’ordre. En cause, une pétition controversée sur les dangers des vaccins pour les nourrissons qu’il a lancée sur Internet. L’instance professionnelle lui reprochait des propos ne se fondant « sur aucune preuve scientifique » voire « alignant des contre-vérités » et « dangereux pour la population parce qu’il s’agirait de discréditer le mécanisme de vaccination préventive ». La pétition qui est toujours en ligne s’adresse à la ministre de la Santé, Marisol Touraine. Elle a, à ce jour, recueilli un million de signatures.
Fort de sa notoriété, le professeur Joyeux y dénonce le recours quasi obligatoire pour les parents au vaccin hexavalent (DTPolio-Hib-Coqueluche-Hépatite B, appelé Infanrix Hexa), car il est le seul qui ne souffre d’aucune pénurie sur le marché, à la différence des vaccins tétravalents (DTPolio-Coqueluche) et pentavalents (DTPolio-Hib-Coqueluche). Or, affirme-t-il, l’Infanrix Hexa contient « de l’aluminium et du formaldéhyde, deux substances dangereuses, voire très dangereuses pour l’humain, et en particulier le nourrisson ».
Marisol Touraine avait convenu en juin 2015 de la pénurie de certains vaccins évoquant une « situation préoccupante » et réclamant à l’industrie pharmaceutique que les Français puissent accéder au seul vaccin obligatoire (le vaccin DTP : diphtérie, tétanos, polio). Mais elle avait également vivement dénoncé l’initiative du médecin. La décision concernant le professeur Joyeux ayant été prise par la chambre disciplinaire du Languedoc-Roussillon, il n’est pas certain que l’affaire s’arrête là. Après toute condamnation en première instance, la personne « a trente jours à dater de la notification pour faire appel au niveau national », rappelle Bernard Decanter, secrétaire général du département du Conseil de l’ordre du Nord. Un appel qui suspend la condamnation. « À Paris, le tribunal qui est présidé par un magistrat essaie en général de faire assez vite », poursuit le médecin. « Mais cela peut également durer entre un an et dix-huit mois », précise un autre spécialiste de ces parcours disciplinaires. La décision d’appel peut encore être contestée. Elle sera portée alors devant le Conseil d’État, mais ce nouvel échelon n’est plus suspensif. Concrètement, une radiation se traduit par l’interdiction formelle d’exercer la médecine.
Cette « affaire » soulève quelques questions ; en premier lieu sur le sujet sensible qu’est la vaccination.
Pas un instant le professeur Joyeux ne s’élève contre le principe même de la vaccination, il demande seulement, par voie de pétition adressée à la ministre de la Santé, que soit à nouveau rendu disponible le vaccin DTPolio, seul vaccin obligatoire chez le nourrisson ; les autres vaccins, associés dans le vaccin hexavalent commercialisé, ne le sont que par souci de mettre à l’abri les nourrissons d’autres maladies ; mais sur quels fondements dits scientifiques ?
La méthode employée pour se faire entendre est sans doute sujette à discussion ; mais sur le fond se pose la question d’une vaccination « raisonnée », menée depuis une juste information, pour répondre aux prescriptions du législateur en matière de consentement éclairé du patient (loi Kouchner du 04 mars 2002) [1].
Juste information de la réalité des risques encourus en cas de non-vaccination, mais aussi de vaccination, réalité des risques en ce qui concerne les vaccinations obligatoires et celles rajoutées par souci de prévention d’éventuelles maladies (car rien ne prouve que la maladie va se déclencher si on ne vaccine pas).
Donc, comment obtenir un consentement éclairé quand rien n’est vraiment clair en matière de justesse d’acte préventif ?
Il faudrait un tel recul, obtenu à partir de données scientifiques fiables, de prise en compte des partis pris de chacun, pour qu’une décision en âme et conscience soit possible.
Mais ne devrait-on pas tendre vers ce but et ne pas tomber dans le piège très « affectivé » du débat sur les vaccins, entre les tenants de la vaccination à « tout prix » et ceux de la non-vaccination à outrance.
Et puis une autre question surgit à propos de la vaccination : réelle prévention ou principe sécuritaire ?
Mais de quelle sécurité parle-t-on ?
De la réelle « sécurité sanitaire » de l’enfant ? De la sécurité affective des parents qui se doivent d’être de bons parents faisant tout ce qu’il faut pour leurs enfants ? Ou de la sécurité des médecins ne voulant pas être pris en faute ?
Comment s’y retrouver au milieu de tout cela ? Il faudrait tellement prendre en considération tous ces paramètres pour décider vraiment du juste…
Entendons-nous bien, il ne s’agit pas de prendre parti pour ou contre le principe même de la vaccination qui est un acte de prévention ayant fait ses preuves pour de nombreuses maladies, mais de poser des questions pour aborder les choses avec un peu plus de recul.
(…)
Pour lire la suite de l’article, Reflets n° 21 pages 12 et 13