jeudi 7 juillet 2011
Le fondateur de la Grameen Bank, inventeur du micro-crédit, prix NOBEL de la paix en 2006, a été démis de ses fonctions à la tête de la banque qu’il avait fondée.
Ses adversaires, en particulier au sein des grands partis politiques et au gouvernement ne s’en tiennent pas là. L’idéologue d’une économie au profit limité dérange et provoque des jalousies. Si bien qu’ un avocat, Tawfique Nawaz, marié à la ministre des Affaires Etrangères, cherche à faire retirer au Dr Yunus la cinquantaine de sociétés qu’il a créées.
Le Dr YUNUS dans un nouveau livre “Building social business” promeut une économie plus humaine.
Extraits de l’entretien sur le site du Centre Yunus:
Quelle est l’importance pour le monde de ce que vous appelez les “affaires sociales“?
L’économie sociale n’est maintenant qu’une faible part de l’économie mondiale. Imaginer une économie déconnectée des profits effraie les gens parce que le monde est aveuglé par la cupidité. Mais cette conception de l’homme , représentée par le modèle économique actuel, est étroite et ne tient pas compte des dimensions altruistes de l’être humain. Avec le “business social” je démontre qu’il est possible de faire des affaires tout en agissant sur un problème social. Prenons l’exemple de Grammeen Danone qui produit des yogourts enrichis abordables pour les familles pauvres au Bengladesh, en vue de lutter contre la malnutrition. Est-ce à dire que cette société française a perdu son esprit? Je ne le pense pas.
Quelle est la différence entre l’entreprenariat social et le social business?
L’entreprenariat social est un mot très populaire, souvent confondu avec le social business. L’entrepreneur social cherche des profits tout en abordant un problème social. Mais le principe de base de l’activité sociale se fonde sur l’absence totale de dividendes. Un investisseur peut récupérer le montant investi dans une entreprise sociale mais pas plus. Un autre exemple est celui de la Grameen Bank. La Grammen Bank est certainement une entreprise à but lucratif, mais ellle appartient aux pauvres, qui réinvestissent leurs profits. Donc c’est une activité sociale.
Y a t-il des limites aux activités sociales?
Non, non. L’économie a un potentiel énorme étant donné le nombre de personnes pauvres. Imaginez le nombre d’entreprises sociales que nous pourrions créer juste pour permettre l’accès à l’énergie pour chaque foyer! Les entreprises seraient crées pour fournir des panneaux solaires à chaque famille. Leur but n’est pas de faire du profit, mais de protéger la planète. J’ai crée un fonds en Haïti pour l’entreprise sociale. Au lieu d’attendre des institutions internationales pour reconstruire le pays, j’encourage les Haïtiens à créer des entreprises sociales pour répondre aux besoins de leur propre pays. En outre le social business ne se limite pas aux pays pauvres , il peut aussi pousser dans les pays riches, comme les Etats-Unis, pour améliorer l’accès à la santé par exemple. Il n’y a aucun obstacle au développement de l’activité sociale car la créativité humaine est sans limite.