Serge Uzan est directeur de l’Institut universitaire de cancérologie, Chef du service Gynécologie-Obstétrique de l’Hôpital Tenon et doyen de la faculté de médecine Pierre et Marie Curie. « Regrouper les médecins et les infirmières sur un même site dans les facultés de médecine, avec une vraie culture commune auprès du patient » : c’est l’un des progrès qui devra advenir dans le monde de la santé afin de mieux former les acteurs de soin, d’après le professeur Serge Uzan.
Aux Rencontres de cancérologie française, vous avez insisté sur la place du patient au centre de tous les dispositifs de prise en charge. Quelle est la place des soins de support ?
Ils jouent un rôle essentiel dans la qualité de la prise en charge des patients. On entend par « soins de support », l’ensemble des soins que l’on apporte aux patients en complément des traitements spécifiques liés à leur cancer. Ces soins peuvent être justifiés par la prise en charge de complications directement liées à la maladie ou parfois au traitement. À titre d’exemple, citons certaines douleurs osseuses liées à la prise de traitement par anti-aromatases. Certains traitements de type chimiothérapie peuvent également entraîner des complications d’ordre cardiologique. Ces soins associés peuvent être nécessaires tout au long de la prise en charge thérapeutique et au delà de celle-ci, parfois pendant de nombreuses années. La prise en compte de ces symptômes liés au traitement représente la différence entre la douleur qui est un symptôme que le médecin va prendre en compte, et la souffrance qui est un effet secondaire parfois considéré comme inévitable. Cette prise en compte des symptômes et des souffrances, demandée par le patient, constitue un des éléments essentiels de sa qualité de vie pendant son traitement.
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La difficulté pour le patient est non seulement de faire prendre en compte le symptôme dont il souffre, mais également de trouver la personne adéquate pour le prendre en charge. Dans mon exposé, j’ai cité le cas de ce président d’une association de patients qui, me parlant de son beau frère,me dit : « Il a des complications manifestement liées au traitement du cancer, mais le cancérologue lui dit que ça sort de son domaine de compétence et qu’il faut voir d’autres spécialistes… » Parfois le rôle du médecin est d’orienter correctement le patient, idéalement cela devrait être fait par le médecin généraliste mais il ne dispose pas toujours des réponses, d’où la nécessité d’une coopération particulièrement importante entre les oncologues, les spécialistes de soins de support, médecins et paramédicaux, et les médecins généralistes responsables des patients. Il faut que cette prise en charge dépasse largement le domaine exclusif de la cancérologie.
Il y a quelque temps, un pneumo-oncologue strasbourgeois, le professeur Fraysse, parlait de la prise en compte des besoins spirituels des patients. Comment envisagez-vous ce point de vue ?
Ce besoin de spiritualité peut être présent ou pas avant l’apparition du cancer, mais en général les patients vont le ressentir plus fort à ce moment là. Je crois qu’il ne nous appartient pas d’apporter des réponses dans ce domaine. C’est à chaque personne de trouver ses réponses avec lui-même d’abord, avec son entourage et avec sa relation habituelle à la religion ou à toute autre forme de spiritualité. En tout cas, il est probable qu’un meilleur moral, une meilleure façon de combattre et de se disposer à combattre la maladie permettent d’améliorer la qualité de vie. Tout ceci n’est vraiment qu’une question de foi.
Pour lire la totalité de l’article…Revue REFLETS n°15 pages 52 -53