L’âme humaine,
notre château intérieur
Jeanne Larghero
Qu’est-ce que le bonheur ?
C’est ce que nous recherchons tous : mener une vie que l’on aime, aimer la vie qui est la nôtre, se sentir à notre place là où nous sommes et porter du fruit.
Nos joies les plus profondes ne viennent pas de la somme
de nos réussites sociales et matérielles
Est-ce le plus important dans l’existence ?
La joie de vivre est le signe que nos aspirations les plus profondes sont comblées : être reconnu et aimé sans condition, réaliser une œuvre qui ait du sens, trouver et donner le meilleur de soi-même. Pourquoi est-ce si important ? Parce que cet accomplissement est contagieux : ceux qui disposent en eux-mêmes d’une source vive de joie et de rayonnement la diffusent de proche en proche, comme une lumière qui éclaire et réchauffe. Ils font du bien à ceux qui les rencontrent.
Par quel moyen y parvenir ou parvenir à ce qui vous paraît le plus important ?
Chacun de nous est absolument unique, voilà pourquoi la recette pré-écrite du bonheur n’existe pas. De plus, méfions-nous des méthodes prêtes à consommer : l’injonction à l’épanouissement personnel, la course à la réussite, la recherche acharnée de la réalisation individuelle produisent généralement les effets inverses. Stress, illusion d’une surpuissance face aux aléas de la vie, frustration devant les échecs éventuels sont bien souvent au rendez-vous.
La question n’est donc pas de se centrer exclusivement sur soi-même en se demandant : « Comment assurer mon confort de vie, ma tranquillité intérieure ? Comment atteindre mes objectifs et réussir tout ce que j’entreprends ? ». Parce que nos joies les plus profondes ne viennent pas de la somme de nos réussites sociales et matérielles, ni de l’addition de nos moments de plaisir ou de bien-être individuel…
Au service de quoi, de qui,
suis-je désireux de mettre mes réussites ?
Il s’agit donc de se poser tout d’abord la bonne et essentielle question : au service de quoi, de qui, suis-je désireux de mettre mes réussites ? Au service de quelle aventure humaine saurai-je mettre mon envie de réussir ? Ceux qui se sont posé cette question et qui ont répondu à cet appel ont su faire de leurs projets et de leurs aspirations individuelles une grande aventure humaine. Ils ont aussi su faire de leurs échecs des lieux de croissance.
Cette vision dynamique suppose d’avoir soi-même une profondeur personnelle. Tous ceux que nous admirons parce que nous les sentons à leur place, à l’aise, parce que nous percevons la chaleur de leur présence, parce que nous ressentons la vie qu’ils mettent autour d’eux, parce qu’ils vont vers nous et nous accueillent sans crainte ni réticence ont un secret : ils ont le temps, celui de nourrir leur vie intérieure, de faire le tour de ce château intérieur qu’est l’âme humaine. On y trouve, dans les pièces proches comme dans les plus lointaines, les images et événements de la journée écoulée : ce que nous avons fait, les visages de ceux que nous avons rencontrés, les émotions qui nous ont traversés. Ce voyage intérieur, moment de relecture, est le lieu où peuvent s’exprimer en premier les « merci », les « bravo », les « pardon » que nous aurons à accorder à nous-même et aux autres. Ce retour sur soi est très paradoxalement la condition d’un sain décentrement de soi-même…
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Pour lire l’article en entier, Reflets n° 30 pages 65 à 66