L’accouchement : une initiation ?
Dr Hugues REYNES
Le Docteur Hugues REYNES est gynécologue obstétricien. Pendant 30 ans, il a exercé au sein d’un cabinet de groupe rompu aux techniques les plus pointues.Les nombreuses questions posées par son exercice professionnel l’ont conduit à s’intéresser à l’intimité de la relation unissant somatique et psychique. Il est à l’origine d’un accompagnement des personnes et du couple dans la maternité, la parentalité, la sexualité, l’infertilité, la ménopause. Auteur de deux livres sur la grossesse et la parentalité, il propose des ateliers, cycles et formations. Son travail sur l’infertilité à fait l’objet d’un film pour la télévision. Il participe aussi régulièrement à des émissions sur RMC.
Être initié est un choix libre
Lors de la mise en travail, la femme se trouve face à un choix : se dépasser pour donner la vie ou se protéger et s’en remettre au monde médical qui se retrouve alors investi de toutes les responsabilités, comme si la femme qui accouche n’en avait plus aucune ! Tout devrait se dérouler sans risque, sans douleur et sans effort et parfois même sans accouchement dans les demandes de césariennes dites de « confort ». Dans ce niveau de conscience qui appartient à la maturité actuelle, l’humain cherche tout naturellement à éviter l’effort, mais aussi la responsabilité.
A l’inverse, cette première étape pourrait conduire la femme à un engagement puissant qui lui ouvrirait la porte de l’initiation. Mais il ne faut surtout pas se leurrer : il ne s’agit pas d’une décision intellectuelle plus ou moins assumée, mais d’un rassemblement de tout l’être qui compte ses propres forces, mesure qu’il n’y a pas le compte et sait qu’il devra se dépasser. De cette première étape dépendent toutes les autres, car la fermeté avec laquelle elle sera prise permettra ou non l’initiation.
L’homme peut y participer pleinement, puisqu’il est lui aussi devant un choix : mettre le meilleur de lui pour accompagner celle qu’il aime dans une des expériences les plus intenses de sa vie, ou laisser les choses se faire dans une certaine passivité, peut-être parce qu’il n’a pas eu vraiment l’occasion d’estimer l’importance de sa place et l’expérience qui s’ouvre à lui.
Maître des douleurs du corps par les contractions vaincues, maître des douleurs de l’esprit par les contrariétés vaincues.
Selon qu’il s’agisse de l’homme ou de la femme, cet engagement va produire deux expériences complémentaires par le dépassement qu’il va demander :
– L’expérience de la femme est liée aux contractions utérines. Chacune va faire monter un flot grossissant de commentaires liés à l’histoire personnelle, qui va accroître la douleur. Son initiation peut se comprendre ainsi :
« Je sais que je rajoute à l’effort musculaire de la contraction, une inutile douleur psychique issue de mon passé. Je sais que lors de chaque contraction, en m’occupant des commentaires qui montent dans mon psychisme, j’agis sur la douleur elle-même. J’apprends ainsi à la vaincre pour accéder à la femme qui est en réalité, dans un corps à corps et un cœur à cœur avec son enfant. Je peux devenir maître des douleurs du corps en rejoignant un « ici et maintenant » fait d’une intense communion consciente avec mon enfant ».
– Celle de l’homme peut se traduire ainsi : …
Lire la suite…Revue Reflets n°10 pages 32 et 33