Colette Roumanoff est écrivaine et directrice d’une compagnie de théâtre. Partie en Inde avec son mari Daniel, sa rencontre avec le maitre spirituel Swami Prajnanpad, dans les années 1960, va orienter sa vie et ses écrits. Elle publie aussi de nombreux ouvrages inspirés de l’accompagnement de son mari, atteint de la maladie d’Alzheimer. Son expérience est une précieuse aide pour de nombreux soignants.
Le Jeu de la vie est pour chacun de nous une pièce théâtre dont on est l’auteur, le metteur en scène et l’acteur principal. Et pourtant jouer à être heureux n’est pas simple.
Dans le théâtre de la vie chacun installe son univers et son monde particulier savamment construit où on s’attribue le premier rôle. Les rôles secondaires vont aux autres, évidemment.
Comme il y a dans le cerveau des neurones miroirs dont on découvre depuis peu l’immense importance, il est prouvé maintenant que tout se transmet. Qu’on en soit conscient ou non, les idées, les émotions, les préjugés, les croyances, les mépris et les haines qui vont avec se transmettent. Il est pratiquement impossible de maintenir et de protéger un monde fixe, à l’abri des perturbations extérieures et intérieures.
Dans l’univers qu’on s’est construit et qu’on est le seul à connaître en détail, on sait où sont les zones sensibles qu’il faut éviter à tout prix, d’où les murs de séparation, les coffres fermés à clé, les barbelés et les sens interdits. On sait, et quelquefois on ignore, l’endroit où on a placé en secret son idéal et l’accès au bonheur de vivre. Les autres sont rejetés à la périphérie de ce monde protecteur, mais l’émotion ou le désir refoulé peut leur donner brutalement un pouvoir de vie et de mort. Les autres peuvent, par une opinion ou un mot dit sans même sans y faire attention, confisquer ce bonheur auquel chacun dans le fond de son cœur sait qu’il a droit. D’où un sentiment d’injustice, qui nourrit un brouhaha constant de plaintes contre les malheurs de la vie.
On peut se demander pourquoi le jeu de la vie se déroule entre drames et malentendus. C’est que « ce bonheur ou cet idéal pour soi » à qui on a donné une dimension absolue est situé dans un endroit difficile d’accès. Pourquoi ? Il a été mis là pour remédier à – ou plutôt pour dissimuler – une misère d’abandon et de rejet. Le non qui vient du monde extérieur réveille directement la souffrance enterrée sous les idéaux, les valeurs et les ambitions les plus nobles, qu’elles soient artistiques, spirituelles ou humanitaires.
Je viens d’entendre quelqu’un qui m’est cher dire à travers des larmes amères « XXX aurait dû écrire dans le journal que je suis une grande artiste.» Qui décide qu’il « aurait dû » ? Celui qui croit que ces mots lui auraient donné enfin accès au « bonheur absolu.»
Pour lire l’article en entier Reflets n°50 pages 34 à 35
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