Honorer la vie, c’est être pleinement présent dans le ici et maintenant.
Il ne faut surtout pas oublier le silence entre les lignes de ce ici et maintenant afin d’en savourer toute la saveur. Ce qui permet d’être dans cette pleine présence, c’est l’envie.
L’envie est la clé du vivre. La musique du mot le dit. L’envie met en vie. L’envie est à la fois carburant et feu. Elle est donc comme un soleil et ce soleil, il brille au fond de toi.
L’envie, c’est ton soleil intime… Si ton envie s’essouffle et s’éteint, la nuit, le froid peu à peu t’envahissent, et inévitablement, la vie finit par s’en aller. Entends-le :
La vie suit l’envie comme l’ombre suit le corps.
Nous naissons parce que l’envie de naître est là. C’est elle qui pousse le bébé vers le portail sacré de la maman qui ne peut que s’ouvrir à cette vie qui vient.
C’est avec cette même intensité d’envie que nous devrions aller vers la mort. Là, les portes du royaume d’Hadès ne pourraient résister à un tel élan.
Dis-moi, qui pourrait arrêter une âme mue par l’envie irrépressible de se fondre dans Sa lumière ?
Impuissant, Hadès verrait alors les âmes passer au-dessus de lui telles des étoiles filantes. Fini le temps où la plupart de celles-ci arrivaient lourdes de peines, chargées de culpabilité et de colère, toutes à juger et à envoyer aux enfers. Cela peut sembler paradoxal, mais pour échapper aux flammes d’Hadès, c’est certain, en nous, il faut allumer le feu de l’envie.
Le très populaire Johnny Hallyday le dit : « Il suffira d’une étincelle, d’un rien, d’un geste. Il suffira d’une étincelle et d’un mot d’amour pour allumer le feu. Allumer le feu et faire danser les diables et les dieux… » Mais ce feu, quel bois l’alimente ? Quel souffle l’anime ? L’âme en est-elle nourrie ou se pétrifie-t-elle plus encore en matière ?
Aujourd’hui, et ce particulièrement dans les pays dits développés, il semblerait que l’envie ne soit plus vraiment là. Ce sont trop souvent lassitude et résignation, démission et sans-goût qui habitent le cœur des gens… Burnout, dépression, stress chronique, suicide, sont légions. Comment se porte alors l’âme de ces personnes quand celle-ci se teinte de tant de misères ?
Survit elle au rendez-vous avec l’inéluctable ? Rejoint-elle l’éternité ou pourrit elle lentement accompagnant la lente putréfaction des chairs dans les tombes ?
Devient-elle conscience rejoignant la Conscience primordiale ou cendre se mélangeant à la poussière des corps oubliés ?
Comment alors remplir de rires et de joie le cœur de celles et ceux qui un jour partiront dans l’au-delà ? Comment leur redonner goût et envie ?
Notre société propose moult divertissements pour vaincre la morosité ambiante. Magazines colorés, séries télévisuelles, films grands spectacles, jeux vidéo pour tablette Android et téléphones portables, il semblerait que tout soit là pour nourrir l’envie et pourtant… Malgré tout cela, la plupart des cœurs restent mornes et tristes…
Ces images continuelles sont bien souvent vides de sens, elles ne nous amènent pas à rayonner mais plutôt à nous consumer pour devenir des consuméristes compulsifs, poussés par trop de fausses envies et de faux besoins. Là est la maladie de nos contrées : le consumérisme, assurément c’est un suicide, un véritable suicide spirituel.
Honorer la vie, c’est être dans l’instant présent
Au sein des 1Ehpad accueillant les personnes en fin de vie, malgré murs et sols aseptisés, malgré l’assistance médicale sophistiquée, malgré la télévision aux 200 chaines, jeux de cartes et animations, il manque l’essentiel : l’entourage des proches, la tendresse, la reconnaissance, l’empathie… En un mot, il manque l’amour.
Au bout d’un moment, la plupart de ces personnes en fin de vie ne lisent pas les belles revues et ne regardent plus les programmes du petit écran. Elles ont fini par comprendre que tout cela n’était que leurres et apparences – entendre appâts rances.
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La crise sanitaire a aggravé ce manque.
En réalité, celle-ci n’a fait que révéler toute l’ignominie d’un système qui joue avec sa population comme un chat joue avec une souris.
Ce qui se passe en ce moment renforce en moi ce sentiment de mensonge organisé pour servir non pas l’humain mais quelques lobbies et leurs pouvoirs.
Casser l’envie, voilà le mot d’ordre des gouvernants en place. Sans aucun doute là-dessus, la fin de vie de nos ainés doit être terrible en ce moment, quand des temps d’étreintes et de partages avec amis et enfants, en un mot avec ses proches n’est plus possible. Cela doit être un véritable enfer.
Hadès se frotte les mains ! Ses forges chauffent à blanc. Hanté par des millions d’âmes perdues et désespérées, se jaugeant sans cesse les unes les autres, voilà que son royaume s’agrandit.
Au moment où j’écris cet article sur la fin de vie, mon épouse m’apporte le courrier du jour. Je lis la lettre de mon ami François. Son témoignage est bouleversant, c’est tellement en lien avec ce que je suis en train d’écrire, je ne peux pas faire autrement que de vous le partager. Synchronicité ? Coïncidence ? 2Il y a des hasards qui sont des rendez-vous.
« Marc, puis-je te confesser un délit ? J’ai donné rendez-vous à ma grand-mère (99 ans) dans le parc de sa maison de retraite alors que toutes les visites sont interdites.
J’étais prêt à faire le mur, mais je crois qu’avec toute la bonne volonté du monde, les 5 mètres imposants de celui-ci m’auraient été difficiles à franchir.
Heureusement pour ma grand-mère et moi, le portail automatique du parking était depuis quelques jours visiblement en panne, donc toujours ouvert.
Je me suis engouffré, profitant de l’occasion pour retrouver ma grand-mère dans le parc, assise à l’extrémité d’un banc.
Il y a eu une minute délicieuse, celle de s’asseoir discrètement à l’autre bout du banc et de la faire sursauter de bonheur quand elle m’a vu et reconnu malgré le masque. Mais ce bonheur a été de très courte durée, à peine trois ou quatre phrases de tendresse partagées, ma grand-mère me dit avec un sérieux inhabituel : « François, tu fais comme si tu ne me connaissais pas. »
Arrive une soignante qui me dévisage de la tête aux pieds en me disant qu’il ne s’agit pas d’un jardin public et me somme de partir.
Alors tout honteux, je me suis éloigné après avoir dit à contrecœur un gros mensonge, celui que je ne connaissais pas la personne assise à l’autre bout du banc.
Dans la foulée, la soignante demande à ma grand-mère : « Vous n’avez pas eu peur Madame André ? Réponse qui feint l’innocence : Oh vous savez, à mon âge j’ai une tellement mauvaise vue, je ne reconnais pas les autres résidents de la maison. »
Honorer la vie, c’est aussi savourer le silence
Comment est-il possible d’en être arrivé là, à devoir se cacher et mentir ?
Nous ne sommes plus dans l’envie d’être et dans la joie du partage, nous sommes dans la survie. Mais après tout, survi n’est-il pas l’anagramme du mot virus ?
Je ne crois pas que ce Covid19 soit la cause de cette triste réalité. La cause est reliée à notre croyance.
Si je crois à ce virus au point d’en avoir peur, je serais dans la survie. Si je reste relié à mon envie d’être et de vivre, alors tout change. Tout se joue là.
Par un harcèlement d’informations négatives, médias et pouvoirs confondus sont en train d’enlever l’envie de vivre dans le cœur des gens.
Des puissants leviers sont utilisés pour soumettre les personnes : la culpabilité reliée à l’idée de la dualité qui s’oppose, (bien et mal) et la peur de la mort. Il est plus que visible que certains individus peu bienveillants fragmentent le monde et son humanité pour régner plus encore.
Si l’on accepte cette réalité morcelée, une mort scellée nous attend. Je le redis, quand l’envie n’est plus là, la fin de vie n’est pas loin.
Comme beaucoup, j’assiste incrédule, à un consentement quasi collectif de l’élimination programmée de ce collectif. C’est juste incroyable, mais il semblerait que l’humanité n’ait plus envie de vivre.
Je fais un break avec mon article pour aller me raser dans la salle de bain. Devant mon miroir, à suivre mon rasoir glisser sur mon visage, je pense à nos ainés en souffrance, je me dis que finalement, la fin de vie ça ne devrait pas exister. Dire qu’il y a une fin de vie c’est formuler un aveu, celui de ne pas croire en notre éternité.
Il y a donc urgence à élever notre conscience pour sentir qu’en vérité, rien ne finit jamais. «Rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà existantes se combinent, puis se séparent de nouveau», nous disait 500 ans av. JC, 3Anaxagore. Pour élever notre conscience, il nous faut élever nos envies, qu’elles ne soient plus des lubies ou des caprices associés à nos croyances et conditionnements limitants, mais que celles-ci se mettent au service du déploiement de ceux que nous rencontrons.
Et là, ensemble, célébrons la vie en êtres souverains, du début à sa « fin ». Fin entre guillemets puisqu’en vérité, elle est début.
C’est par notre vigilance envers nos envies que nous resterons vivants ad aeternam. Pour y arriver, tout commence par l’amour de soi. Je me dois d’être en étreinte avec ce que je suis pour être en étreinte avec les autres et le monde. Mais justement, l’anagramme du mot étreinte n’est-il pas éternité ?
Je conclurais mon article par une histoire :
je me rappelle la Caravane amoureuse de 2008 à l’Ehpad de Saint Nectaire.
Nous avions été invités à jouer pour les résidents. Tout l’après-midi nous avons dansé et ri. Les infirmières de nous dire : « Il est 17 heures, à cette heure-ci ils se plaignent, ils veulent leurs médicaments et là, rien ! Ils chantent et dansent comme s’ils avaient vingt ans. » Dans le même temps, je vois une résidente toute seule assise dans un coin de la salle.
Je vais la voir et lui demande : « je peux vous faire un bisou ? » Et elle de me répondre timidement : « On ne se connaît pas mais je veux bien. » Une heure plus tard, alors que nous partions, je récupérais deux, trois affaires… Presque tous les résidents avaient regagné leur chambre.
À l’autre bout du réfectoire, la résidente à qui j’avais fait quelques bisous était encore là. De la main je lui fais un au revoir et voilà qu’elle se met à marcher vers moi, difficilement, visiblement au maximum de son possible, levant les bras au ciel comme affolée. Arrivée à ma hauteur, elle m’étreint comme une jeune fille et me dit yeux dans les yeux : « je veux bien un autre bisou. »
Nous avons tellement besoin d’amour.
Mais nous nous sommes tellement blessés les uns les autres avec l’amour et son cortège d’envies et de désirs.
O combien celui-ci a fini par nous user, nous abîmer et parfois même, nous a poussé à nous entretuer… C’est ainsi que viennent les rides.
Cependant, rides et désirs ne s’écrivent-ils pas avec les mêmes lettres ? En vérité, ils sont inséparables. C’est parce que rides et désirs s’entremêlent qu’ils nous pétrissent.
Aimer jusqu’à s’user, tout cela en étant en gratitude, c’est cela honorer la vie. S’user, s’abîmer, se blesser, là sont les privilèges de celles et ceux qui ont osé le plein être.
Et si les âmes s’incarnent dans un corps, n’est-ce pas pour justement s’âme user ?
C’est par l’envie d’être au service de la conscience d’amour que tu deviens l’Un qui se tend avec l’instant.
Quand l’un se tend, ton âme devient la lumière de Dieu. Alors, enfin, arrivé au bout du bout de ta vie, peut-être dans les souffrances de l’agonie, en étant connecté à chaque instant, abandonné en confiance à ce qui est, ton essence intemporelle transparaîtra à ta conscience comme une évidence et doucement à ton oreille, te dira : « être aimé, c’est maintenant que pour toi, tout commence. »
marcguy.vella@gmail.com
1 EHPAD – Sigle de : Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes.
2 Paul Eluard.
3 Anaxagore de Clazomènes est un philosophe présocratique grec, né vers 500 et mort en 428 av. J.-C. à Lampsaque.
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Cette publication a un commentaire
Que c’est bien dit! Magnifique article!