Enthousiaste, plein d’idées ne sachant pas s’il arrivera à toutes les réaliser, aujourd’hui Frédéric Lopez est l’animateur des émissions de France 2 La Parenthèse Inattendue et de Rendez-Vous en Terre Inconnue. Il anime également l’émission de France Inter On va tous y passer. Après ces quelques instants passés à ses côtés nous ne pouvons que lui souhaiter de réaliser son rêve : vivre à fond…sans empressement.
Qu’est-ce qui vous anime aujourd’hui ?
Je n’oublie pas que je suis dans une situation particulière, que je n’imaginais pas ; bizarrement, quand je m’exprime aujourd’hui, il y a des millions de gens qui m’écoutent, que ce soit à la radio ou à la télévision. À la radio, il y aurait presque deux millions de personnes, à la télévision entre six et huit millions. Cela a quelque chose de vertigineux et la vraie question est : « Qu’est-ce que j’ai à leur dire ? » Quel sens va prendre ce que j’ai envie de leur raconter ? S’agit-il de se contenter de dire : « La vie, c’est de la merde, le monde est horrible, les humains sont terribles » ? C’est un peu facile. C’est à la portée de tout le monde de dire ça et c’est une vision des choses que je ne partage pas.
J’ai davantage d’affection, d’admiration et de respect pour les gens qui voient le meilleur dans une situation compliquée, des gens comme Annie Cordy ou le dalaï-lama qui vous disent « ça ira mieux demain ». Ce n’est pas de l’optimisme béat car c’est pour moi une grande qualité que de chercher, sans cesse, ce qu’il y a de meilleur dans l’existence, dans une journée, dans une minute, dans une situation, ou chez quelqu’un. Au fond, si vous regardez bien toutes mes émissions, vous verrez que c’est ce type de message que je cherche à faire passer. C’est une manière de dire : n’ayez pas peur des autres. Le monde n’est pas ce que vous voyez sur CNN.
Est-ce que vous croyez qu’il y a une suite après l’existence ?
Je ne me pose pas la question, parce qu’il sera trop tard pour vérifier. Je fais comme s’il n’y avait qu’une existence. Je sens que je suis de passage. J’ai conscience de profiter de l’héritage que nous ont laissé les générations passées et je pense beaucoup aux générations futures. Je suis obsédé par l’idée que quand on s’éteint, on s’éteint. Par contre, je crois qu’on continue à exister – quand on est mort – dans la vie des vivants. À partir du moment où ils parlent de vous, ils vous célèbrent. Si vous avez laissé un bon souvenir, il y a des chances que vous existiez pour longtemps. Je ne parle pas seulement de ceux qui laissent des traces, comme les artistes, je parle de la famille. Si vous êtes quelqu’un qui n’a apporté que du négatif, on va vous oublier très vite. Mais si vous vous appelez Gandhi, on se souviendra de vous. Je crois à la vie dans ce sens-là. Je n’ai aucune croyance officielle et je ne crois ni à la réincarnation ni au paradis. Moi qui suis allé dans la jungle, dans le désert, dans l’Himalaya, en Sibérie à -35 °C, je vois bien que les croyances sont une invention de l’homme ; je vois bien que cette finitude nous angoisse. En revanche, c’est beau de se raconter des histoires et je veux bien ressembler aux religieux que j’ai rencontrés, être comme eux. Ils ont la pêche.
Si j’avais une religion, ce serait l’animisme qui me plaît beaucoup, cette fameuse religion première ; je pense à Téoreun, un chaman, rencontré avec Timsit au large de Sumatra. Je me souviens de leur obsession de l’harmonie. Quand ils coupent un arbre, ils en plantent un nouveau. Quand ils tuent un animal, c’est seulement pour manger et ils font, à cette occasion, des incantations. Ils manifestent ainsi qu’ils respectent le vivant sous toutes ses formes.
Lire la suite… Revue Reflets n°10 – Confidences d’artiste