Philosophe, sociologue et historien des religions, Frédéric Lenoir est l’auteur d’une quarantaine d’ouvrages traduits en plus de vingt langues. Il écrit également pour le théâtre, le cinéma et la bande dessinée.
Il a dirigé la revue Le Monde des religions et produit et animé, avec Leili Anvar, l’émission hebdomadaire consacrée à la spiritualité sur France Culture : Les racines du ciel. Aujourd’hui il clôture cette émission par une chronique philosophique « Chemins de sagesse ».
Votre découverte des Évangiles à 19 ans fut un choc. En quoi cela a-t-il été un bouleversement ?
Assez jeune, les questions philosophiques autour du sens de la vie, de l’amour, de la liberté me passionnaient. Dès l’âge de treize ans, j’ai commencé par la philosophie, à travers la lecture des dialogues socratiques. Puis, j’ai découvert Arnaud Desjardins, l’Orient, le bouddhisme, la kabbale, toutes les formes de spiritualité, en majorité orientales. J’étais plus proche du stoïcisme, qui croit au divin personnel, que du monothéisme, ringard à mes yeux. L’idée d’un dieu personnel m’était étrangère et donc la sagesse était immanente pour moi. Il n’y avait pas de rencontre avec l’altérité, sinon l’altérité du monde, pas avec une personne. Le choc fut de rencontrer Jésus comme une personne vivante, pas simplement comme un maître du passé. Avec Bouddha ou Socrate, je lisais un enseignement. Seuls leurs écrits m’apportaient. Mais jamais je n’ai rencontré ni Socrate ni Bouddha ni Lao Tseu de manière vivante. En lisant l’Évangile de Saint Jean pour la première fois, je tombe au chapitre IV sur le dialogue de Jésus avec la Samaritaine. D’un coup, c’était une présence vivante, affective : Il est là, vivant, aujourd’hui, et ces paroles, Il me les dit à moi. Jamais je n’ai pleuré en lisant Socrate. Là, j’ai pleuré pendant deux heures. Donc, cette rencontre avec Jésus fut vraiment une expérience très forte. Toutes mes conceptions ont été bouleversées.
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Pour moi, être chrétien, c’est être en lien avec le Christ. Ma foi chrétienne est portée par une relation. C’est ce qui me nourrit, me rectifie, m’oriente, me guide, m’inspire, me met dans la joie, me porte. L’amour est au cœur du christianisme, parce que c’est la religion de la relation par excellence.
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Le père Marie-Dominique Philippe a-t-il été votre maître spirituel ?
Le Père Philippe a été un guide intellectuel. C’est un remarquable philosophe. Je l’ai rencontré à l’université de Fribourg où j’ai fait mes études de philosophie et où il enseignait la philosophie grecque. Il parlait d’Aristote d’une manière extraordinaire. Il m’a touché par sa puissance intellectuelle. C’était aussi un grand amoureux de Saint Jean, un théologien de théologie spirituelle remarquable. J’aimais l’écouter, suivre ses enseignements. Mais mon seul maître spirituel, c’est le Christ.
Quel est votre but dans l’existence, vers quoi essayez-vous d’aller ?
Je n’ai pas d’objectif défini. Le sens de ma vie, c’est de m’améliorer et d’être utile aux autres.
Lire la totalité de l’article…REFLETS n°18 pages 61 à 69