Alors que la pandémie nous met tous devant la crainte de la maladie et de la fin de vie, le projet de loi visant à donner et garantir « le droit à une fin de vie libre et choisie » a été débattu à l’Assemblée Nationale le 8 avril 2021.
Si 96% des Français seraient favorables à l’euthanasie, selon un sondage IFOP réalisé par l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (AMD), les parlementaires le sont moins : le projet de loi a donné lieu à 3000 propositions d’amendements.
Seul le premier article a pu être adopté. Il propose « une mort rapide et sans douleur » avec une « assistance médicalisée ». Cette dernière est définie comme « la prescription à une personne par un médecin, à la demande expresse de celle-ci, d’un produit létal et l’assistance à l’administration de ce produit par un médecin ».
Nous sommes un groupe d’hommes et de femmes ordinaires. Comme tous les mois, nous nous sommes réunis et la question de l’euthanasie nous a mis devant ce que nous pensons de la mort. Effrayante, inspirante, ignorée, préparée, pour chacun, elle a un visage différent mais la fin de vie reste une épreuve inéluctable et mystérieuse. L’euthanasie est-elle la seule alternative pour la traverser au mieux ?
L’euthanasie, une solution aux souffrances de la fin de vie.
Les maladies incurables imposent aux malades des souffrances physiques et psychiques insurmontables. Parfois, le mourant demande à mourir pour se libérer de ses peines. La mort apparaît comme une délivrance tant la vie est devenue atrocement dure à supporter. L’euthanasie est donc nécessaire pour mettre un terme à des souffrances inutiles. C’est le droit que demande Anne Bert, atteinte de la maladie de Charcot. https://www.youtube.com/watch?v=AZ9prI-UibY&t=23s
Atteint de la même maladie, Jean d’Artigues fait un autre choix et écrit que « chaque jour est une vie », (titre de son livre aux éditions les arènes) la vie jusqu’au bout de la maladie. https://www.facebook.com/watch/?v=1028752770848570
L’euthanasie une solution à la dépendance et à la peur de peser sur ses proches.
La fin de vie est souvent synonyme de pertes qui entraînent une dépendance croissante. Les maladies dégénératives incurables font vivre cette dépendance sur une durée de plusieurs années. Alors, s’ajoute pour le malade, la douleur d’être un poids pour ses proches. Pour certains, l’euthanasie permet d’abréger ces situations. D’autres vivent cette épreuve comme une opportunité d’une tout autre relation avec leurs proches comme en témoigne Axelle Hubert après la mort de son mari, lui aussi atteint de la maladie de Charcot. https://www.youtube.com/watch?v=1c2Q-YkaH-s&lc=UgyWFWpjbl0hKUmYdZd4AaABAg
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L’euthanasie, l’ultime liberté individuelle
Pour les uns, choisir le moment et les conditions de sa mort fait partie des libertés individuelles. Il semble injuste de limiter la liberté d’un individu qui agit en toute connaissance de cause et ne fait de tort à personne. L’euthanasie donne le droit de maîtriser sa vie jusqu‘au bout. Pour d’autres, leur ultime liberté est dans l’acceptation d’une mort vue comme la fin d’une vie qui ne leur appartient déjà plus tant ils l’ont consacrée aux autres. Et on peut se souvenir du dernier discours de Martin Luther King à la veille de son assassinat. https://www.youtube.com/watch?v=5OWdLUEqQK8
Pour finir, si on regarde les chiffres concernant la pratique de l’euthanasie, on s’aperçoit qu’elle reste rare et officieuse : les actes d’euthanasie représenteraient 0,6 % du total des décès (soit 4020 sur 670 000 décès en 2020 – seulement 22 réelles euthanasies réalisées à l’étranger (Belgique/Suisse)). Si cela concerne si peu de personnes, on peut se demander pourquoi on en parle autant. Sans doute parce qu’elle nous met devant la question : qu’est-ce que je veux pour ma mort ? Comment je veux mourir ?
En fait, tout est une question de foi.
Sans doute ce n’est pas le droit de mourir qui est en question ici mais notre perception de la fin de vie. Nous en savons si peu de choses.
Pour certains, mourir, c’est subir la souffrance sans solution alors l’euthanasie ou les soins palliatifs sont des façons de la soulager.
Pour d’autres, mourir, c’est dépasser la souffrance du corps qui lâche pour se tourner vers plus de vie de l’esprit, c’est quitter la vie visible pour rejoindre la vie invisible.
Si on n’y gagne pas dans sa vie intérieure, la mort et la souffrance sont des impasses.
En fait, tout est une question de foi.
Voici ce que disait sœur Emmanuelle, trois jours avant sa mort.
https://m.youtube.com/watch?v=iQ6kDRVmSCI
Cet article a été rédigé grâce aux échanges entre les participants des groupes des Rencontres avec nos différences. Ces groupes sont nés de personnes qui voulaient comprendre ensemble ce qui arrive dans le monde qui les entoure. Chaque mois, ils choisissent un thème, chacun exprime son point de vue et, de ces échanges, naît un nouveau point de vue pour tous. Et si vous aussi vous veniez donner votre point de vue et bénéficier de celui des autres ?
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