Danser, c’est prier
Interview de Franck Legros
Le corps, l’esprit et l’âme… La danse les exalte. Franck Legros s’est donné à Dieu avec cet art pour dire son essentiel et pour garder les jeunes dans l’Église.
Il était danseur professionnel mais insatisfait de sa vie : uniquement danser ne lui permettait pas de donner du sens à son existence. Attiré par la vocation religieuse il a concilié son art à la prêtrise, pour unifier les trois dimensions de l’homme : physique, artistique et spirituel.
Il dit : « Lorsque j’interprète la danse de l’âme de Moïse, j’ai cette impression aussi douce qu’extraordinaire que tout mon être dialogue avec Dieu, entre terre et ciel ».
Un vent de liberté souffle sur Évreux !
À quoi sert l’art de la danse ?
Pour moi la danse intègre tout l’être humain. C’est une porte ouverte sur l’unité de sa personne en prenant en compte son corps, son esprit et son âme. Souvent, on peut voir dans un corps des blessures, un repli sur soi, un certain enfermement. Je crois que la danse peut être un vrai vecteur de guérison et même de libération du corps et de l’âme.
La danse est un vecteur de communion universel
Et dans ce sens-là, spirituellement, c’est aussi une ouverture vers Dieu le créateur. C’est aussi une façon de s’approprier l’espace qui est autour de soi.
(…)
Comment conciliez-vous le prêtre et le danseur ?
Je pense que Jésus-Christ est le prêtre par excellence et le danseur par excellence. Il est celui qui a intégré le spirituel et l’incarné. Et je m’appuie aussi beaucoup sur ce grand personnage, le roi David, qui avait cette liberté de pouvoir danser pour son Dieu et pour son peuple d’Israël, quitte à se ridiculiser.
Le peuple chrétien est un peuple de liberté
Certains, effectivement, peuvent être choqués qu’un prêtre danse, mais en fait c’est pour moi le moyen de dire que le peuple de Dieu, le peuple chrétien est un peuple de liberté.
Et la liberté s’exprime aussi dans le corps.
(…)
Danser fait-il partie de votre service divin ?
D’abord, il y a une utilité personnelle : chaque matin, au lever, je me dois de choisir la joie et la liberté. Ce sont tous les textes de Saint Paul. Ce sont aussi les textes d’Isaïe qui dit : « Quitte ta robe de tristesse et reçois l’onction de joie ». Il m’arrive donc, dans la chapelle, de prendre la décision de chanter. J’aime beaucoup cela. Et aussi de frapper des mains ou de danser ; pas simplement quand tout va bien mais même parfois quand c’est difficile, parce que je me dis que Dieu est en moi et que le chemin de la joie et de la victoire est là. Et ensuite entraîner le peuple de Dieu.
Je pense que l’Église catholique a profondément besoin de quitter la robe de tristesse, de se mettre en joie et de danser pour libérer l’esprit de Dieu en elle : cela habite mes tripes. L’Église a besoin de ça et les gens ont besoin de ça.
Est-ce que vous créez les chorégraphies dans des circonstances spécifiques pour un enseignement ?
En fait, il y a différentes circonstances. Majoritairement, je crée pour des spectacles d’évangélisation. C’est-à-dire que je monte des chorégraphies qui vont mettre en œuvre des passages de la Bible. Ces spectacles ne sont pas réservés à des spectateurs chrétiens, ils s’adressent à tous.
Quitte ta robe de tristesse et reçois l’onction de joie
Et en d’autres circonstances, moi en dansant, je permets à ceux qui sont là de réaliser que Dieu nous rend libres. Parfois, je fais des chorégraphies rapides avec des jeunes ou des moins jeunes pour leur faire goûter cela. Dieu n’attend pas que tout le monde soit des danseurs étoiles, ce n’est pas le but. Tout le monde peut mettre son corps en mouvement, à sa mesure, pour respirer.
(…)
Comment souhaitez-vous conclure ?
Ma conclusion, c’est mettre en avant mon envie que l’Église soit libre. C’est mon grand cri : qu’elle choisisse la joie et la liberté.
Pour lire l’article en entier, Reflets n° 20 pages 39 et40
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