L’association Lazare propose des colocations entre personnes qui étaient à la rue et des jeunes volontaires bénévoles.
Il y a neuf ans, au cours d’une retraite que j’ai faite au Béatitudes, une soeur a invité les personnes à tirer le nom d’un saint devant l’autel. Au moment de me lever, j’ai eu cette parole dans le coeur :
« si c’est mère Teresa, tu te mets en colocation avec des personnes de la rue ».
www.lazare
contact@lazare.eu
Je suis tombé sur mère Térésa, avec en dessous, cette phrase : « vous n’êtes pas appelés à réussir mais à être fidèles ». Je n’avais au préalable aucune raison de m’engager auprès de cette population. Le lendemain, j’ai cherché à concrétiser cet appel. Je suis entré en contact avec Martin, qu’un ami commun nous a présenté, et nous avons déménagé pour habiter avec Karim, Rabah et Yves. C’était à la fois tout simple et extraordinaire. La condition sine qua non qui avait été établie, c’était d’avoir chez nous la « Présence Réelle ». Tous les matins, nous récitions les Laudes, la prière de l’Église, puis nous avions un temps d’Adoration.
Cette expérience a été bouleversante pour tous, et nous avons souhaité la proposer plus largement. Nous avons commencé à chercher des nouveaux lieux et des jeunes volontaires prêts à quitter leur habitation pour venir vivre en colocation avec des personnes ayant connu la rue. Aujourd’hui, nous sommes environ 200 à Paris et plus de soixante en province à vivre cette expérience.
Quel est votre projet actuel ?
Je ne suis plus en colocation depuis mon mariage, en juin 2012. Avec mon épouse, nous habitons depuis quelques mois dans une maison qui a vocation à accueillir des personnes en difficulté. Nous débutons les gros travaux dans quelques semaines et espérons pouvoir recevoir les premiers habitants à l’automne 2015. Comme c’est une maison à la campagne, elle aura en premier lieu une vocation au ressourcement profond des personnes, au contact de la nature.
Quel est le but de cet accueil ?
Le projet consiste à avoir des appartements non mixtes où cohabitent généralement 8 personnes, dont la moitié avait un logement, et l’autre moitié qui n’en avait pas. Nous favorisons l’autogestion. Chacun a un service, chacun participe au loyer. Un soir par semaine, les gens dînent ensemble. La violence physique et verbale est interdite. La consommation d’alcool ou de drogue n’est pas non plus autorisée. Nous développons également des séjours, des weekends et des retraites, qui permettent aux gens de changer l’image qu’ils ont d’eux, et simplement de développer des liens d’amitié et d’avancer dans leur vie quotidienne.
Comment vous y prenez-vous ?
Nous voulons avant tout laisser l’Esprit Saint conduire les choses. Nous accueillons une personne, puis l’autre, puis la suivante. Nous tentons de prendre du temps pour chacun, sans entrer dans des calculs de statistique de taux de réinsertion, qui met la pression à tout le monde. Nous ne sommes pas là pour faire du chiffre, mais pour accueillir les gens (bénévoles, personnes de la rue, responsables) en vue du développement intégral de ce qu’ils sont.
Comment résolvez-vous les difficultés de la vie communautaire ?
…
Lire la suite….Revue REFLETS n° 16 pages 37 et 38