Formé au métier du bâtiment, Alain Sicot gérait de vastes chantiers. Vers l’âge de trente ans, il rencontre deux êtres qui vont bouleverser le cours de son existence, Gitta Mallasz et Bernard Montaud. En 2007, il crée l’association 4 Saisons-Marche dans laquelle il transmet sa façon de concevoir la marche : « Un pas à pas à la rencontre de soi-même ». En 2014, il publie Journal d’un illettré sur le chemin de Compostelle paru aux éditions Édit’As. « Tout est possible dès que l’on sait trouver au fond de soi ce qui écoute, console et inspire »
Suite à un défi, en 2007, j’ai créé l’association 4 Saisons Marche
Parcourir le chemin Saint-Jacques-de-Compostelle d’une seule traite sans sac sur le dos et accompagné de gens prêts à vivre l’aventure jusqu’au bout avec moi. Cette expérience a été fondatrice. Elle a fait naître en moi une intuition forte, ou plutôt elle m’a conforté dans ce que j’avais déjà senti : voyager, c’est se rencontrer au-dedans comme au-dehors. Le dehors qui nous touche est toujours un reflet de qui je suis au-dedans. J’avais déjà organisé de grands voyages dans des contrées exceptionnelles pour inciter les gens à « vivre des vacances autrement », titre de mon article dans le numéro 4 de la revue Reflets.
Et voilà que dix ans après, mon ami Christian Roesch réitère son invitation
belle opportunité de conscientiser comment notre rapport au voyage s’est affiné au fil de l’actualité, des changements climatiques, sociétaux. Dix ans plus tard, je mesure à quel point la marche est au cœur d’un chemin spirituel qui me tient à cœur et qui évolue en fonction des événements qui touchent l’humanité entière. Avec la crise Covid, ses confinements, fermetures des frontières, obligations de pass vaccinal, voyager a été pendant deux ans très restrictif ! Je me réjouis de sentir à quel point la marche est devenue, pour nous, la quintessence essentielle de vivre le voyage.
L’année dernière, notre projet initial était de marcher de Marnay à Vézelay.
Ce circuit m’enchante car il croise le chemin de Compostelle tout en sortant des sentiers battus. Nous avons été obligés d’annuler nos réservations pour chaque étape en gîte ou à l’hôtel au vu des mesures sanitaires en vigueur. Pas question de renoncer. L’idée a surgi d’un voyage en étoile : nous allions découvrir notre France rurale et chaque soir rentrer au bercail, à savoir notre beau centre situé à Pagney, petit village du Jura. Moi qui avais jusqu’alors emmené les gens se découvrir dans des pays, des sites et chemins extraordinaires, tels le bord de mer de San Francisco ou les monastères des Météores suspendus au sommet de pics rocheux, voilà que je leur propose de passer le portail de notre demeure et l’aventure commence !
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Dès que l’on se met à marcher dans une posture précise, la rencontre avec soi devient le plus beau des voyages. Dès que l’on sort de son giron, de ses habitudes, d’un rapport au temps ponctué de tâches quotidiennes, la porte s’ouvre vers un inconnu fait de rencontres inattendues, d’imprévus et surtout cela nous fait entrer en intime relation avec notre intériorité. C’est un autre rapport au temps, aux choses, à l’autre. Dans la posture d’alignement que nous essayons de trouver, le corps parle ! Le rythme de nos pas aiguise tous nos sens. Nous pouvons tout entendre, capter, ressentir.
Ce que j’aime avant tout dans les voyages itinérants, ce sont les aléas, ce qui échappe à notre contrôle.
On a beau tout préparer- le camion qui transporte les bagages, les tables, les chaises, la vaisselle pour le repas de midi et convenir du lieu de rendez-vous pour casser la croûte -, on ne peut pas tout prévoir ! Je suis toujours très touché par les gens aux prises avec leur histoire qui se répète et crée de petits accidents de parcours. Le plus beau dans l’histoire, c’est que l’on trouve toujours une solution. C’est la débrouille ! La force insoupçonnée de chacun est révélée. Le voyage c’est, quoi qu’il arrive, grandir en connaissance de soi et en foi. Que d’anecdotes, de situations cocasses, que de souvenirs émouvants nous gardons de ces voyages quand, après une longue journée de marche, on ne rêve que d’une seule chose : un bon lit dans l’unique gîte d’un hameau isolé ! L’année dernière à Nasbinals, je me souviens, c’était un dimanche. G. et A. étaient toutes les deux « responsables camion ». Après le déjeuner, nous partons à pied et les laissons tout ranger. Nous les retrouverons le soir avec nos bagages. Au moment de partir, elles rencontrent un petit problème mécanique. La porte coulissante du camion sort de ses gonds.
La situation sanitaire apaisée, nous allons pouvoir marcher de Marnay à Vézelay. Ce séjour itinérant est prévu du 27 août au 7 septembre 2022. Découverte du nord de l’Écosse ou l’Irlande, sans doute en 2023.
Pour toute information : www.4saisons-marche.fr
Pour lire l’article REFLETS n°44 pages 37 à 41