Moine, prêtre, artiste, inlassable soutien des déshérités de Madagascar et d’ici, rien ne l’arrête, ni l’âge ni la santé défaillante. Servir sans mesure le garde VIVANT.
« Celui qui aime voit Dieu »,
nous dit saint Jean. Je n’aurais jamais osé imaginer, lorsqu’il y a 30 ans j’écrivais un livre intitulé Ferme les yeux et tu verras, qu’un jour je perdrais en grande partie la vue et que je ne pourrais vivre et supporter la vie qu’en transformant ma malvoyance en bienveillance. Dans le dictionnaire, la définition du mot « regarder » est : « porter son regard sur… ». « Dis-moi ce que tu regardes et je te dirai qui tu es ». Peut-être faut-il parfois fermer les yeux aux « apparences » de la réalité pour découvrir cet Essentiel qui nous habite mais auquel nous ne pouvons adhérer que par une immersion complète.
J’aime me souvenir d’Annick de Souzenelle
qui, après nous avoir ouvert l’esprit
pour nous inviter à porter
un autre regard sur tel ou tel passage de la Bible, se mettait à nous regarder avec tendresse, presque suppliante : «
Mes enfants,
est-ce que vous avez vu ce que je vous dis ? » « On ne voit bien qu’avec le cœur », disait le renard au Petit Prince.
Nos sens : la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût,
sont tous situés dans la tête. Ils sont voisins, les parties du cerveau qui les animent cohabitent.
À la première page de sa Règle monastique,
saint Benoît s’exprime en disant :
« Écoute mon Fils, ouvre l’oreille de ton cœur… »
Lorsque l’un de nos sens vient à faire défaut,
les autres viennent à son secours comme dans une entraide fraternelle où même leurs efforts se conjuguent. C’est d’ailleurs ce qui fait que l’enthousiasme a une répercussion sur tout l’être.
« Celui qui aime voit Dieu »,
nous affirme saint Jean, comme si, lorsque l’Amour vient prendre le pouvoir en nous, tous nos sens, par contagion, en sont impactés. À en croire tous ceux qui ont eu la grâce au cours d’une EMP, une expérience de mort provisoire, de voir l’Au-delà, tous ont vu avec d’autres yeux, entendu avec d’autres oreilles, alors qu’ici-bas, comme le dit Jésus : « Ils ont des yeux et ne voient pas, des oreilles et n’entendent pas… » Lorsque le père Jean de Robert raconte son expérience de l’Au-delà, il s’exprime en disant qu’il voyait de tous les côtés en même temps et qu’il était devenu goutte de Lumière.
Nous sommes au dire du Credo
: « lumière née de la Lumière » et encore : « Je crois en l’univers visible et invisible ».
Les savants ont réussi à photographier
l’instant de notre conception : un extraordinaire mandala lumineux qui a éclairé le premier instant de notre existence.
Pour rendre la vue à l’aveugle-né,
Jésus éprouve le besoin de mettre sur ses yeux de la boue faite avec sa salive, comme s’il fallait enténébrer davantage encore notre vue humaine, pour la préparer à l’explosion de la Lumière. Je me suis personnellement, au cours d’un A.V.C., retrouvé dans une lumière que je ne voulais pas quitter. Je n’ai pas vu ce dont les autres témoignent, mais ayant repris connaissance plus aucun souci, plus aucun problème ne pouvaient venir m’enténébrer.
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Mais si je n’ai pas vu l’Au-delà
tel que l’ont décrit tous ces voyants de l’infini, j’ai eu la chance de « voir » ce qu’est le Pardon.
C’était au cours de la Semaine sainte
célébrée avec Bernard Montaud et les Croyants du Parvis; nous méditions sur le chemin de croix. Bernard nous demandait d’imaginer la scène, de la décrire. À la quatrième station : « Jésus rencontre sa sainte Mère », j’ai brusquement revu l’une des scènes les plus atroces et horribles de mon enfance. Celle dont j’aurais aimé ne plus jamais me souvenir.
J’ai revu cette scène,
brusquement auréolée du Pardon divin, de couleur pastel, éclairée d’un arc-en- ciel impossible à décrire. Tous mes sens étaient captivés. L’horreur était devenue un honneur, la malveillance bienveillance, les ténèbres Lumière. Chaque personnage de cette scène, la victime comme le bourreau, avait retrouvé une dignité qui débordait, le tout enluminé d’une telle intensité de beauté, de bonté, qu’il est impossible de les décrire. Je comprenais, je visualisais la parole de Jésus au bon larron : « Ce soir tu seras avec moi au paradis. »
Une telle vision, au-delà de l’imaginable,
faisait paraître encore plus d’actualité mon précédent livre Pardonner pour embellir le monde. Plus qu’un appel, je me suis senti investi d’une mission, d’une vocation, celle de témoigner de la beauté du Pardon.
La phrase de l’Évangile :
« Tout ce que vous déliez sur la terre sera délié dans les cieux » s’imposait comme un
impératif à vivre dans un émerveillement enthousiaste. Oui, j’ai vu, l’espace d’un instant, j’ai réalisé ce que je n’aurais jamais osé imaginer : j’ai vu ce qu’est le Pardon divin.