Une vie intérieure : un bienfait
pour la santé
Thierry Janssen
Chirurgien devenu psychothérapeute, Thierry Janssen est l’auteur de plusieurs livres consacrés à une approche globale de l’être humain, au développement de ce que l’on appelle la « médecine intégrative » et à une vision plus spirituelle de la société. Il est le fondateur de l’École de la présence thérapeutique (www.edlpt.com) à Bruxelles. Son dernier ouvrage Écouter le silence à l’intérieur est paru récemment aux éditions L’Iconoclaste.
Qu’est-ce que la bonne santé ?
Lorsque l’on parle de bonne ou de mauvaise santé, il convient de définir clairement le mot santé. Je pense que sa meilleure définition est la capacité de s’adapter aux circonstances et aux évènements de la vie afin de pouvoir rester en vie. On est en bonne santé tant que cette capacité d’adaptation est préservée. On est en mauvaise santé dès que cette capacité d’adaptation est perturbée et moins efficace. Dans cette perspective, la maladie peut être considérée comme une conséquence de la mauvaise santé. Elle est, comme le disait le médecin et philosophe français Georges Canguilhem (dans son ouvrage intitulé Le Normal et le pathologique), une tentative de l’organisme de retrouver un équilibre dans une situation perturbée. Si la capacité d’adaptation reste déficiente et/ou si les causes du déséquilibre perdurent, les symptômes qui constituent la maladie s’installent durablement et peuvent s’aggraver. Il est donc important de supprimer les causes d’une maladie et, en même temps, favoriser la restauration des capacités d’adaptation de l’organisme. Parfois les dérèglements engendrés par la maladie s’installent durablement voire définitivement mais, moyennant un traitement pour pallier ces dérèglements ainsi que des mesures adéquates pour restaurer la capacité d’adaptation, un nouvel état de bonne santé apparaît malgré l’existence de la pathologie. Ainsi, par exemple, une personne cardiaque qui a bénéficié d’une dilatation des artères coronaires et qui prend soin de sa bonne santé, en veillant à une meilleure hygiène de vie physique et psychique, peut vivre très longtemps en s’adaptant à toutes sortes de perturbations qui ne la plongent pas forcément dans un état de maladie.
Quelles sont les conditions pour acquérir la bonne santé ?
La bonne santé ne s’acquiert pas, elle se cultive. Il s’agit de préserver nos capacités naturelles d’adaptation. Bien sûr, certains enfants naissent avec des capacités réduites du fait d’une anomalie constitutive, mais pour la plupart d’entre nous, nous venons au monde en bonne santé. Il convient donc de ne pas abîmer ce capital. Cela demande de comprendre que la nature n’aime ni le trop ni le trop peu. Nous devons alors faire attention aux carences ou aux excès qui pourraient empêcher le bon fonctionnement de notre organisme. Tout est une question de tempérance, d’équilibre et d’harmonie. Et ce, à tous les niveaux du vivant, car nous sommes un être multidimensionnel (physique, émotionnel, intellectuel, spirituel) en lien avec notre environnement (les autres êtres vivants et la nature dont nous faisons tous partie). Dès lors il paraît très important de bouger et de bien nourrir notre corps, de nous apaiser émotionnellement et de ne pas nous tourmenter mentalement. De la même façon qu’il paraît indispensable de prendre soin des autres et de la planète sur laquelle nous vivons. Nous sommes tous reliés et interdépendants, la bonne santé des uns finit par favoriser la bonne santé des autres. Hélas ! le contraire est vrai également. Ainsi, par exemple, si les végétaux ou les animaux que nous mangeons sont pollués et en mauvaise santé, nous finirons par devenir pollués et en mauvaise santé également.
Quelle est la place de la vie intérieure dans la bonne santé ?
La vie intérieure est celle de la conscience. Au contraire de notre mental qui pense (analyse, se souvient, compare, juge, commente, tire des conclusions, échafaude des raisonnements et élabore des croyances), la conscience ne pense pas, elle constate ce qui est, tout simplement. On pourrait dire que la conscience accueille tout ce qui est sans condition, qu’elle aime inconditionnellement.
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Pour lire l’article en entier, Reflets n 31 pages 48 à 49