Qui veut posséder s’enferme dans une forme.
Il crée sa prison car il nourrit un désir, insuffle une attente jamais satisfaite car toujours prompte à vouloir plus.
Le danger est bien là : la possession dans la forme et par la forme qui est aussi bien matérielle que psychique quand on cherche à s’installer sur un piédestal.
Ainsi toute science – or toutes se veulent libératrices – contient le danger terrible de créer un enfermement stupide.
« Bienheureux les pauvres en esprit ! »
Jésus ne peut venir que sur la paille, le rebut de la moisson dernière. Il n’y a de grandeur de Dieu que dans son renoncement à la puissance, dans cette naissance au creux de l’hiver et dans le dénuement : Il est là, dans le sourire de l’enfant aux grands yeux.
Me vient cette certitude : c’est le seul chemin, et à tout moment je puis être appelé à marcher là, à sentir les cailloux sous mes pieds nus.
Le grand biologiste Max de Ceccaty écrivit : « Il n’y a pas d’évolution sans renoncement à la forme ancienne »
Mais l’ange nous rassure (entretien 77) :
« Tout est contenu dans ce qui lui est supérieur ». Voulez-vous fonder une famille ? Il vous faudra souvent renoncer aux intimités de la vie de couple pour apaiser les pleurs, donner confiance, permettre les ébats des enfants. Voulez-vous vous engager dans une vie de groupe, association, entreprise, parti quelconque ? Vous devrez quitter la famille, sortir des cadres qu’elle s’est fixés.
Cependant le groupe ne peut exister sans qu’il ait l’expérience d’une vie de famille
avec ses enthousiasmes, ses confrontations, et la vie de famille ne pourrait exister sans les tendresses de la vie de couple, les joies et senteurs de la chair nue, ce souffle apaisé de l’ami(e) qui dort contre moi.
Du 1 au 2 au 3 et du 3 au multiple, que cherchons-nous ?
Il semble que nous soyons projetés vers la réalisation d’un but inconscient, l’entente entre tous les hommes. Comme si cette entente finale devait aboutir à la réalisation d’Un être, qui est peut-être bien à la source de toute vie, de la mienne dans mes os, mes organes et cet esprit qui se cherche lui-même en voulant atteindre le tout universel.
Le souvenir ! Maître Steiner l’a dit : « Le souvenir doit devenir divin ».
Faire remonter du fin fond de ma nuit la Présence, Celui qui s’est pulvérisé en notre humanité, en notre humanité, le Semblable des origines.
Voilà que je comprends le mot « homéopathie ». Je me serais écarté de l’Être originel, et toute ma souffrance d’homme (pathos) serait de retrouver ce semblable (homeo). Et cela ne serait possible que par la dynamisation dans les cycles de vie qui me confrontent aux grands courants qui, dans mon âme, fusionnent, se heurtent, bouillonnent, me roulent dans leur écume, me laissant régulièrement allongé étourdi sur la plage de mes espoirs.
Mais un petit vent frais m’ouvre les yeux,
et je vois : les autres sont là aussi, les membres nus couverts de sable. Et je vois encore l’homme dilué à la recherche de son semblable, et je Le vois en mon frère, en ma sœur. Et monte une force qui me remet sur pieds : je ne puis m’aider qu’en aidant les autres avec tendresse. Nous sommes Un, et tant que nous ne nous sommes pas tous trouvés, je ne suis qu’éclat, mais au mieux une granule… Toute querelle, alors, peut s’apaiser.
Oui, « Tout est contenu dans ce qui lui est supérieur » :
Accueillons la Lumière ! Elle est là pour le souvenir, pour qu’Il monte du fond de mon intériorité.
Alain Cantier
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