Passer un moment avec Annick de Souzenelle est un grand privilège : il donne un goût d’une humanité possible. Certainement, toute une existence consacrée à la recherche de la vérité, en particulier dans les textes bibliques originels, donne ce résultat époustouflant : Annick de Souzenelle est une émerveillée. Dans sa centième année, comment peut-elle être ainsi dans la joie ? Vraiment, elle incarne une autre vieillesse : celle qui a réussi ce retournement intérieur – son grand message – préfigurant ce que pourrait être l’humanité épousant sa partie divine.
Comment se passent vos journées ?
J’ai fini d’écrire mon testament. Vous avez eu mon petit livre qui s’appelle Va vers toi 1. Ce livre devait être réédité parce qu’il était épuisé. Mon testament a été ajouté. J’ai essayé de concentrer l’essentiel de mon message dans ce testament.
J’écris des articles, des choses simples maintenant, des interviews que je reprends un petit peu quelquefois.
Et quand je fais de nouvelles découvertes je les écris.
Et puis, j’ai tout une correspondance avec des gens qui sont de plus en plus inquiets aujourd’hui et qui cherchent
de vraies valeurs ou bien avec ceux qui par d’autres disciplines viennent confirmer mes découvertes. Mes matinées sont consacrées à cette écriture. Et puis, l’après-midi, je viens ici devant ce jardin délicieux et là, je lis, je fais différentes choses, je tricote.
Vous dites que vous continuez la recherche ?
Je continue toujours parce que j’ai des idées qui viennent et je suis de plus en plus émerveillée. Je suis comme le
ravi des santons de la crèche. Le dernier livre, Le Grand Retournement est le livre de fond. Aujourd’hui, nous
sommes saisis dans un moment extrêmement important pour l’humanité. Tout va s’effondrer. C’est en train de s’effondrer d’ailleurs. Ça va être tout autre. Quoi ? Je ne peux pas le dire mais la Bible est très nette à ce sujet-là. C’est vraiment l’humanité qui, jusqu’à présent,
prenait toutes ses informations dans le pôle terre et qui, maintenant, va les prendre ainsi que ses ressources dans le pôle ciel. Ça ne veut pas dire qu’elle va quitter la terre mais ça veut dire que ses références ne seront plus tant celles de la terre que celles du ciel.
Ce qui est difficile à estimer, c’est l’échelle de temps que ça représente.
Je ne peux pas le dire du tout. Est-ce que c’est quelques mois ou plusieurs années ? Je ne sais pas.
Cette accumulation d’évènements qui se produisent en ce moment, que ce soit le réchauffement, la Covid, la guerre, amèneraient les hommes à prendre un peu plus conscience d’eux-mêmes et de leur dimension divine ?
Quand il est traduit que l’homme est image de Dieu, qu’il est comme Dieu, ce n’est pas juste. Il est ensemencé de Dieu. Lorsque nous arrivons au monde, nous arrivons enrichis d’une semence divine à l’intérieur de nous. Quand la Bible dit de nombreux couples qu’ils sont stériles, la Bible ne parle pas de la stérilité physiologique que nous connaissons, nous femmes quand nous ne pouvons pas avoir d’enfants.
Cette stérilité dont il est question,
concerne celle de l’enfant que les Évangiles vont appeler le Fils de l’Homme. Je fais avec les Évangiles une très grande différence entre le fils de la femme et le Fils de l’Homme. Dans l’Évangile, le Christ dit de Jean-Baptiste : il est le plus grand parmi les fils de la femme, alors que lui s’appelle le Fils de l’Homme. Le Fils de l’Homme, c’est le fils que nous sommes tous appelés, hommes et femmes, à
mettre au monde en nous-mêmes et à le devenir. Alors que le fils de la femme, c’est le fils que nous avons biologiquement, le fils animal je dirais. Alors que le Fils de l’Homme, c’est une étape nouvelle dans notre évolution vers le divin.
C’est là, la stérilité tragique de l’humanité.
C’est pour ça que dans mon livre Le Grand Retournement, je compare l’humanité à un foetus dans le grand ventre cosmique. C’est très intéressant de voir tout ce qui s’est passé dans ces derniers millénaires au regard de ce qui se passe pendant les différents mois
d’une gestation. Nous arrivons aujourd’hui à un moment où l’enfant se retourne dans le ventre de la mère, c’est-à-dire au septième mois de gestation. Il est informé à ce moment-là de son devenir divin. Jusque-là, il mettait en place son anatomie et sa physiologie.
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À la fin du sixième mois, il est achevé mais il reste encore trois mois dans le ventre de la mère. Pendant ces trois mois, il est informé de l’essentiel, c’est-à-dire qu’il est capable de devenir Dieu, capax deï, c’est beaucoup plus juste de dire ça qu’« image de Dieu ».
Les Pères des premiers siècles de l’ère chrétienne parlent de ça.
Mais très vite ils devront garder le silence sur ce sujet et beaucoup d’autres. Ça me touche énormément parce que aujourd’hui, le grand
Adam, c’est-à-dire l’humanité totale, est saisie dans ce grand retournement ; elle amorce son septième mois de gestation cosmique. Mais chacun de nous peut le faire bien avant. Les grands saints ont fait ce retournement pendant leur vie et depuis toujours et dans toutes les
traditions. Il n’y a pas que dans notre tradition chrétienne. Saint Séraphin de Séraphe s’est retourné de son vivant et
est devenu un saint. Il s’est transfiguré de son vivant. C’est magnifique. Il y a de quoi être émerveillé. Ce qui me tient en vie, c’est l’émerveillement.
Dans votre journée, il y a une partie de contemplation ?
Oui, dans ma journée, j’ai beaucoup de temps pour la prière et la contemplation. Dès que je mets un pied par terre le matin, je vis de la présence. Je fais l’expérience.
Quand j’ai un problème, je ne m’en inquiète pas.
J’invoque le ciel et je reçois. On n’a plus à avoir peur. Le drame de l’humanité, c’est la peur.
Il n’y a rien qui vous fait peur ?
Vraiment apparemment pas. Évidemment, à mon âge, ce serait normal d’avoir peur de la mort. Très sincèrement, je peux vous dire que je ne sais pas comment je réagirai au dernier moment. Mais l’envisager comme ça, là maintenant, ça fait partie de la vie. C’est une étape
de la vie, c’est pour ça que je n’ai pas peur. J’ai plus peur de la souffrance éventuelle et j’espère ne pas trop avoir à souffrir. Je pense que la mort fait partie de la vie.
D’ailleurs on ne devrait pas l’appeler mort.
La première fois que le mot « mort » apparaît dans la Bible, c’est quand le Seigneur prévient Adam au sujet du fruit de l’Arbre de la connaissance : dans le jour où tu en mangeras, tu mourras. Alors, évidemment, c’est la punition. Ce n’est pas ça du tout ! Le jour où tu en mangeras, tu muteras. Si tu es devenu ce fruit, tu mutes pour ton évolution magnifique.
Pour lire l’article en entier Reflets n° 44 pages 69 à 74.