Romancière et essayiste, Cécilia Dutter est l’auteure d’une vingtaine d’ouvrages
Trois de ces ouvrages sont consacrés à la figure spirituelle lumineuse d’Etty Hillesum, jeune femme juive néerlandaise, morte à Auschwitz, ayant laissé un journal et une correspondance riches d’enseignements et porteurs d’un message de paix et de foi universelle au coeur même de la tragédie de la Shoah. Cécilia Dutter est également présidente de l’association Les Amis d’Etty Hillesum, reconnue d’utilité publique, qui compte près de 500 adhérents. Elle est critique littéraire. http://cecilia-dutter.fr
Qu’est-ce que la foi pour vous ?
C’est très difficile à exprimer. Je dirais que c’est cette conviction absolue qui m’habite au quotidien d’être dans les bras de plus grand que moi et cette espérance que je place en plus grand, toujours avec cette idée de confiance en la vie, si on ne veut pas dire Dieu. Quand on parle d’amour universel, de Dieu, de spiritualité, on est dans cet essentiel qui nous relie, cette part qui fait qu’on est humain. C’est notre part lumineuse, solaire, créative, notre regard d’enfant sur la vie, qui nous permet de créer au sein de la création. Dans mon croire à moi, puisque je suis chrétienne, je dirais aux côtés du Christ. Il existe plusieurs chemins pour gravir la même montagne. Même si on n’arrive pas au sommet, du moment qu’on grimpe… C’est une quête infinie de toute façon et qu’on continue peut-être après la mort.
Comment voyez-vous l’avenir de la foi ?
J’aimerais qu’on aille vers plus de spiritualité. Je ressens profondément chez les gens une quête de sens ; la matérialité ne leur suffit pas. Il y a un manque de culture sur le plan spirituel et un amalgame à cause des préjugés très importants sur les religions, parce qu’elles aussi ont fait n’importe quoi. La religion catholique a été parfois enseignée de façon rebutante. Si on revient aux fondamentaux, même sans parler de religion : les Évangiles, la Bible sont un miracle de sagesse inépuisable. Je ne suis pas pour un prêt à penser, que beaucoup attendent. La quête spirituelle est un parcours avec des allers et retours, des croisements. Le doute aussi fait partie de la foi. Spiritualité et matérialité s’enrichissent ; profondeur et surface sont infiniment complémentaires. Mais quel dommage de ne rester qu’à la surface ou de n’être qu’en profondeur, parce que la vérité, c’est l’imbrication des deux, monde visible et monde invisible qui sont sans cesse en interaction. Ma vision, c’est mon espérance qui n’est peut-être qu’à l’occasion de grandes périodes chaotiques comme celle que nous traversons actuellement. Le monde se rend compte qu’être hyperconnecté, ce n’est pas mal pour certaines choses, mais que c’est aussi une forme de déshumanisation terrible. Si on ne laisse pas une place pour le vide, comment Dieu ou la foi peuvent-ils s’immiscer en nous ?
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