Populisme et démocratie
Alain Pamart
En Europe, et dans le monde, le populisme gagne du terrain et parfois même les élections.
Des causes objectives et subjectives
L’élargissement de l’Europe a provoqué un éloignement des instances décisionnaires des citoyens. La portée du suffrage universel, surtout au niveau européen, est devenue anodine. Sait-on ce que font les députés européens ?
Un scepticisme, voire une défiance, s’est instauré par incompréhension des processus de décision. Quelle articulation entre les lois européennes et nationales ? Qui fait quoi ? Si bien qu’une désillusion est advenue sur le niveau européen. Qu’y gagne-t-on hormis des règlements abscons ? Le Brexit est la démonstration de cet état d’esprit.
D’où provient ce sentiment d’échec ?
Cinquante ans en arrière, l’Europe unie était un immense espoir. Depuis la montée en puissance des multinationales – surtout depuis une vingtaine d’années -, ces dernières ont supplanté l’élan de la construction européenne. En particulier les multinationales liées à la santé (agro-alimentaire, pharmacie) et au numérique (les GAFA).
Elles instaurent leur ordre mondial. Les États et l’Europe semblent à la traîne de ces nouveaux pouvoirs. Les multinationales se jouent des législations d’État en particulier pour la fiscalité et la sécurité de la santé. Elles ont investi dans des stratégies de lobbying très puissantes. Elles ont organisé un contre-pouvoir politique composé de cohortes d’avocats en vue de neutraliser les décisions gouvernementales qui leur sont défavorables (voir Bayer-Monsanto et les pesticides).
L’impuissance relative des politiques à défendre la qualité de vie des simples habitants contre l’hégémonie consumériste imposée par tous les moyens se superpose à l’impuissance à gérer les nouveaux flux migratoires vers l’Europe. Face à cette situation, les États européens se montrent incapables de décider une politique commune et humaine. Le retour à l’État-nation autoritaire, c’est-à-dire au populisme, semble l’ultime protection.
Jusqu’où ce processus peut-il aller ?
L’histoire montre que le populisme conduit à l’exacerbation des antagonismes et le plus souvent à la dictature, et la dictature à la guerre. Le frein à ce processus est entre les mains des citoyens. L’exemple de la ville de Grande-Synthe sous la houlette de son maire Damien Carême montre qu’il est possible de ne pas céder au désenchantement de notre société. Il invente l’écologie sociale en prévision de la désindustrialisation. Il expérimente des solutions novatrices avec la participation active des habitants.
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Pour lire l’article en entier, Reflets n° 29 pages 12 à 13