
Paul Watson a été incarcéré en juillet 2024 au Groenland dans l’attente d’une éventuelle extradition vers le Japon. Il est resté détenu pendant cinq mois avant que le Danemark rejette la demande d’extradition.
Il s’est installé à Marseille avec sa famille. Il prépare activement la conférence des Nations unies sur l’océan (ONUC 3) qui se déroulera à Nice en juin 2025.
Nous l’avions déjà rencontré à la COP 21, en 2016 (voir Reflets n° 21). Sa détermination est restée intacte.
Qu’est-ce que la passion ?
Je pense que les valeurs les plus importantes qu’on doit avoir pour changer le monde sont la passion, le courage et l’imagination. Donc pour être passionné par quelque chose, on doit être suffisamment courageux pour porter cette passion, et on doit avoir de l’imagination pour trouver des stratégies et des idées. Votre combat pour les baleines, pour la protection des océans ne cesse pas.
Qu’est-ce qui continue à vous animer ?
Je pense qu’on a tous une responsabilité, et une obligation à faire ce qui est possible pour chacun, afin de défendre la vie dans les océans, parce que si l’océan est réduit, s’il meurt, nous mourrons aussi. Nous dépendons complètement de notre faculté à préserver les conditions de vie dans les mers.
Est-ce que c’est cela qui vous donne la force de continuer ce combat ?
J’ai fait cela pendant ces dix dernières années. C’est devenu ma seconde nature. Donc je n’ai pas besoin d’avoir plus de force, ni de courage.
Est-ce que votre épreuve d’emprisonnement vous a affaibli ou rendu plus fort ?
Chaque situation produit une opportunité, et là c’était l’occasion de se concentrer sur la poursuite des opérations illégales menées par le Japon. Par conséquent, je l’ai vue juste comme une occasion de continuer cette campagne.
En prison, la perspective d’être extradé au Japon et de ne plus revoir vos enfants vous aurait fait plier ?
Rien ne peut changer si l’on ne prend pas des risques. Donc ce sont des risques acceptables. Est-ce que je souhaite que mes enfants aient un avenir dans lequel les baleines, les océans meurent ? Par conséquent ça vaut la peine de prendre ces risques.
Étiez-vous prêt à sacrifier pour cela votre vie familiale ?
Vous savez, les gens prennent tout le temps des risques. Par exemple, les soldats ont des enfants, et pourtant ils doivent partir et faire la guerre. Je pense que mon objectif de défendre la planète est plus noble que les combats guerriers, que la défense de puits de pétrole ou que les guerres de religion.
Respect et admiration pour votre courage.
Merci beaucoup.
En quoi, en qui, avez-vous foi pour être toujours aussi déterminé ?
Je mène ma vie avec les trois lois de l’écologie :
– la première est la loi de la diversité, à savoir que la force d’un système équilibré dépend de la diversité ;
– la seconde est la loi d’interdépendance, basée sur le fait que toutes les espèces sont dépendantes les unes des autres ;
– la troisième concerne la loi des ressources limitées, c’est-à-dire que l’exploitation des ressources de la nature n’est pas exponentielle. Quand une espèce vole à une autre ses capacités de survie, cela cause une diminution à la fois de la diversité et de l’interdépendance. Cela conduit à un désastre écologique. Je suis un être centré sur le vivant. Je crois que toutes les espèces doivent vivre en harmonie.
Est-ce la foi dans le futur de l’humanité qui vous motive ?
L’écologie est le futur. On ne peut pas vivre sur cette planète avec une diminution des systèmes écologiques.
Êtes-vous inquiet pour le futur avec ce qui se passe de nos jours sur le plan politique international ?
Je ne m’inquiète pas du futur, car je n’ai aucun pouvoir sur lui. Mais j’ai un pouvoir sur le présent. Ce qu’on fait au présent définit ce que sera le futur. Donc c’est là-dessus qu’il faut porter toute son attention.




