Au cœur de l’Occident mystique
Gérard-Emmanuel Fomerand est analyste du phénomène chrétien. Il le réalise a travers des livres et des émissions de radios. Il développe actuellement un essai d’introspection de l’inconscient collectif occidental du christianisme, à travers ses réussites, ses échecs et sa modernité. Il explore ainsi les commencements sans fin d’une spiritualité que, sans le savoir forcément, nous portons au plus profond de nous-mêmes.
Depuis longtemps, sans doute pas loin de deux siècles, nous rêvons, en Occident, d’un Orient à la fois mystique et fantasmé, qui pallierait à notre déficit collectif de spiritualité. Toute une histoire reste à écrire de cette fuite en Orient d’un Occident en mal de repères, ne trouvant plus de réponse dans des Églises chrétiennes, catholiques ou protestantes, ressenties comme moralistes, dogmatiques et porteuses d’un christianisme à bout de souffle.
Un Orient fantasmé
Cela semble encore plus vrai de nos jours où bien des certitudes s’effritent, progrès linéaire, culture du « toujours plus », numérisation des relations devant les coups de boutoirs de nos fragilités dont nos réactions face aux inconnus du Covid 19 sont emblématiques. La tendance au « Voyage en Orient » est ancienne et a des visages multiples. Une première vague s’est produite à la fin du XIX ème siècle avec la découverte de l’indouisme puis du taoïsme. Dans les années 1980, ce fut l’arrivée massive du bouddhisme, bien installé désormais dans le paysage hexagonal. Puis de nos jours, l’irruption d’un Islam lui-même double, très codé avec le salafisme ou mystique avec le soufisme.
Un Occident mystique, une redécouverte ?
Et pourtant, depuis longtemps, nous allons chercher bien loin ce que nous portons en nous-mêmes depuis toujours. En effet, nôtre mémoire spirituelle est oubliée, soigneusement enfouie par le culturellement correct, le culte de la consommation et « le tout a l’ego » si caractéristique de nos sociétés. Nous avons éradiqué nous-mêmes nos racines spirituelles dans une amnésie inconsciente.
Au cœur de la mystique occidentale, la fin des chrétientés ?
Il ne s’agit pas dans cette rubrique sur le site Internet de Reflets de faire revivre les fantômes d’une « chrétienté » dont les compromis voire les compromissions avec la temporalité ont mené aux impasses qu’ont pu être les églises instituées qu’elles que soient leurs passés ou présents porteurs de grandeurs mais aussi d’abimes.
Mystique et modernité occidentale
Nous sommes sans doute à un carrefour ou a un croisement très actuel du sens de nos vies, plus largement dans notre Occident et en particulier dans ce pays qui s’appelle la France.
Il y a en Occident une mémoire vivante, présente et absente, qui est là et n’est pas là, un fleuve souterrain qui irrigue nos sédiments enfouis, que nous commençons à peine a percevoir ou redécouvrir, celui d’une mystique chrétienne qui puise sa source dans l’Evangile mais aussi l’héritage hébraïque. Il s’agit de l’entrée dans le Royaume du dedans dont fait référence l’Évangile de Luc. A la question posée à Jésus par les Pharisiens sur la localisation du « Royaume »( Lc 17 20,21), il leur répondit qu’il était ( suivant les traductions) au milieu ou au-dedans de nous. La question est toujours d’une actualité étonnamment moderne. Où sommes-nous, où allons-nous et finalement, qui sommes-nous ?
Le Royaume au cœur de nos vies ?
Ce Royaume du dedans et du dehors est le marqueur de ce cœur mystique occidental, dont sont dérivées de multiples voies presque infinies, pour notre ici et maintenant. Des milliers voire des millions de personnes ont, à toutes les époques, traversé ce chemin de crête que l’on peut nommer d’un mot, même si tous les mots sont bien sûr piégeant, le retour a l’intériorité.
Quel chemin spirituel ?
Tout au long de cette rubrique, se déroulera cette voie ou ce chemin pour notre aujourd’hui, inspirés par ce présent dans tous les sens du terme, que l’on peut qualifier de retour dans notre chambre intérieure. N’est-ce pas Blaise Pascal, mystique catholique du XVII ème siècle et mathématicien génial, qui disait que tout le malheur des hommes venait du fait que nous ne sachions pas y demeurer tranquillement ?
Le christianisme des origines ne s’appelait pas ainsi. Jusque vers l’an cinquante il se nommait « La Voie ». Puis, selon les actes des Apôtres, ce n’est que peu d’années après, les premiers disciples du Christ reçurent le nom de chrétiens. Peu nombreux étaient les références, les « dogmes », les « prêts à croire ».
Une infinité de visages et de méthodes
A travers l’histoire de déjà plus de deux mille ans, l’Occident a expérimenté ses propres façon d’être, ses méthodes sans méthodes comme le disait Jeanne Guyon ( 1648-1717) dans son petit ouvrage « Le moyen court » c’est-à-dire le silence intérieur, l’oraison, la méditation, la transformation de l’homme. Des thèmes majeurs, que nous retrouvons avec d’autres appellations dans l’Orient chrétien, comme la divinisation, le néant divin, la vie en Dieu, seront pratiqués depuis l’origine jusqu’à nos jours.
Christianisme mystique occidental ou la fin de l’ère néolithique ?
Henri Le Saux ( 1910-1973), moine bénédictin français, a eu cette intuition que les religions, donc le christianisme parmi elles, appartenaient a l’ère néolithique qui s’achève. Pierre Teilhard de Chardin (1881-1955) le dit dans un autre langage. Après avoir inventé la quantité et les outils en tout genre, dont Internet n’est que le dernier avatar, l’Occident serait-il en train de se ressourcer en lui-même ? Se redécouvrir pour renaître à d’autres réalités qui nous dépassent totalement ?
Tel est bien le sens des contenus et contenants de cette nouvelle rubrique du site Internet de notre revue Reflets que nous partagerons en entière liberté avec nos lecteurs.
http://www.laspiritualitedelabeaute.fr/
Gérard-Emmanuel Fomerand
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