Moine bénédictin, artiste aux multiples facettes, le père André-Marie incarne la bienveillance. Trop humble pour défendre sa cause, il a fait sienne celle du père Pedro à Madagascar. Il se dépense sans compter pour les pauvres, les rejetés, les simples d’esprit. Jamais, jamais il ne dit du mal des autres. Trois mots le caractérisent : miséricordieux, dévoué et… empli d’humour. Malgré cela il a souvent été calomnié bassement.
J’ai toujours eu horreur de la malveillance,
à tel point qu’il y a des années, lorsque j’entendais dire du mal et des horreurs, je ressentais une telle douleur dans la colonne vertébrale, qu’il me fallait un énorme effort pour ne pas
exploser violemment : « Tais-toi ! » Mais, regardant le visage de l’interlocuteur, je découvrais qu’il reflétait et mimait la laideur de ses paroles.
Si la calomnie consiste à inventer et à dire du mal
de quelqu’un pour lui nuire, la médisance consiste simplement à dire du mal. Même vrai, cela est moralement répréhensible.
Les faits divers des médias
ne cessent d’étaler des drames, des médisances avec l’hypocrisie du « bien sûr présumé innocent ».
Cependant la chose est dite,
la photocopieuse se met en route, la parole est lâchée, elle suivra son chemin. La rumeur s’en emparera et sèmera partout qu’il n’y a jamais de fumée sans feu.
On n’est jamais jalousé
que par plus bas que soi. « Nul n’est un grand homme pour son valet de chambre », disait La Bruyère.
Si quelqu’un s’élève en spiritualité,
il prête le flanc à l’incompréhension
de la part d’esprits peu ouverts dans ce domaine. Très peu de saints ont été compris, acceptés, accueillis par les leurs.
Le mot « saint »,
par son étymologie hébraïque, signifie d’ailleurs « à part ». Être hors du commun, hors norme, ne pas s’assimiler aux autres éveille naturellement le soupçon de la part d’ignorants ; le rejet, l’incrédulité sembleraient presque naturels.
S’élever en mystique, en spiritualité,
en ascèse, en renoncements, si cela ne se vit pas dans la plus grande discrétion, prête le flanc à la suspicion… Ce n’est pas possible, c’est de l’hypocrisie… Et bien sûr, les on-dit vont leur chemin. Si, en calligraphiant, on supprime un jambage à la lettre « m » cela devient la lettre « n ». On est passé de « aime » à « haine ».
Un secret étant quelque chose
que l’on ne répète jamais qu’à une personne à la fois, la confidence va son train… Oui, mais surtout ne le répétez pas !…
On avait demandé à un prêtre artiste
de réaliser un grand Christ ressuscité.
Il demanda aux enfants handicapés
d’un quartier pauvre de ramener de chez eux des journaux. Il ne fit pas le tri ; c’était aussi bien le récit de drames, de crimes, d’incestes que l’annonce de naissances, de décès, de faits héroïques et de lâchetés…
Le tout, malaxé avec de l’eau et de la colle devenu pâte à papier,
servit à façonner le corps d’un grand Christ ressuscité. Recouvert de feuilles d’or, il trône dans un sanctuaire.
Rien n’est à éliminer…
Le Corps du Christ c’est tout ça et plus que tout ça : c’est la réussite mêlée à l’échec, la grandeur à la faiblesse, la fierté à la honte, la malveillance au pardon, la mort à la résurrection. « Mon Père fait tomber la pluie sur les bons comme sur les méchants. »
Comment ne pas citer les Béatitudes :
« Bienheureux es-tu, si on dit toutes sortes de mal contre toi à cause de Moi, ta récompense sera grande dans le ciel ». Arrête « ton cinéma », stoppe la photocopieuse, pense à la parole de Jésus : « Que celui qui est sans péché lui jette la première pierre… »
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Si la justice des hommes
mesure la faute pour mesurer la punition, la justice de Dieu juge la culpabilité pour mesurer la dose d’Amour miséricordieux qu’il pourra accorder. Même s’il n’en a pas conscience, il y a en l’homme une soif d’absolu, de spiritualité, un besoin de s’élever, de s’envoler comme le papillon. Naturellement cela peut éveiller chez certains un malin besoin d’amputer les ailes du papillon et de lui rappeler qu’il a été chenille.
Pour lire l’article en entier, Reflets n°53 pages 29 à 30