Les candidatures citoyennes
à la présidentielle
Pierre Sabanier
Les médias nous ont rebattu les oreilles avec les primaires, de droite comme de gauche. L’élimination des leaders montrait déjà une distanciation par rapport aux hommes politiques en vedette. Puis se sont ajoutées fin janvier, les affaires Le Pen, Pénélope Fillon et autres casseroles sur le monde des politiques, candidats, ou députés et sénateurs.
Un vote de dernière minute a coupé la route des élections aux candidats ayant eu une condamnation judiciaire. Il a fallu attendre février 2017 pour que cette interdiction ait lieu comme si, auparavant, il n’était pas important d’avoir des représentants propres. Mais tout ceci a contribué à éloigner de nombreux citoyens du modèle politique actuel, c’est-à-dire des candidats provenant d’une carrière politique, adoubés par les partis qui ne représentent en fait qu’une petite minorité de la population. Le constat est implacable : le programme du candidat sur lequel il est élu ne sert à rien. Celui-ci s’assoit gentiment dessus et fait toute autre chose. En réalité, il fait la politique escomptée par les véritables soutiens financiers de la candidature. La puissance financière se conjugue avec la pression sur les médias plus ou moins directement : directement, par l’actif de grands groupes dans les médias (journaux quotidiens, périodiques, radios et télés) ; indirectement, par le poids de la publicité.
Les lobbies pèsent lourd auprès des députés et sénateurs. Les citoyens sont amenés à se regrouper en associations et malgré le peu de moyens essaient de faire contrepoids en usant de pétitions et manifestations. C’est toujours d’actualité pour remplacer le nucléaire, développer les énergies renouvelables, limiter l’usage des pesticides, protéger les abeilles, permettre des choix de santé différents.
Par conséquent, plusieurs représentants de la société civile ont encouragé les candidatures dites « citoyennes », c’est-à-dire ne provenant pas du bercail politique. Mais comment les faire connaître alors que les médias essaient de nous polariser sur les candidatures des partis ou proches des partis (comme celle de E. Macron) ? Trois organisations différentes ont monté des sites pour que des citoyens puissent se présenter. Il faut savoir que le système de candidature est suffisamment verrouillé pour passer de candidat autoproclamé à candidat éligible. La loi prévoit 500 signatures dans 30 départements différents. De plus, depuis cette campagne, les maires doivent porter à la connaissance du public les soutiens qu’ils donnent. Inutile de souligner la difficulté pour un maire, élu avec le soutien d’un parti, de donner sa voix ailleurs… Ces trois sites ont donc organisé des primaires chacun à leur façon, ce qui ne favorise pas la clarté, certes. Cependant les modalités, bien différentes de celles de la droite et de la gauche, montrent une autre vision de s’occuper de la vie citoyenne.
– laprimaire.org a mis en évidence une candidate : Charlotte Marchandise
– lavraieprimaire.fr se veut le porte-voix de la société civile. Elle est initiée par Émile Servan-Schreiber spécialiste des marchés prédictifs
– laprimairedesfrançais.fr se présente comme l’initiative de mouvements citoyens suivants :
Génération Citoyens : Jean-Marie Cavada
Cap 21- LRC : Corinne Lepage
Nous Citoyens : Nicolas Doucerain
La Transition : Claude Posternak
Bleu Blanc Zèbre : Alexandre Jardin
Le Pacte Civique : Jean-Baptiste de Foucauld
Bien sûr, parmi les candidats, certains n’ont d’autre ambition que de faire connaître un point particulier. D’autres relèvent d’une utopie simpliste. Mais parmi les 70 environ restant en lice à la fin du mois de février, une dizaine d’entre eux montre une capacité à s’installer dans le fauteuil de président avec la ferme intention de gouverner autrement. Instaurer un nouveau type de démocratie est leur point commun. Donner le pouvoir aux citoyens est leur raison de se présenter. Citons, sans exclusive, Charlotte Marchandise Franquet, candidate issue de « laprimaire.org », Alexandre Jardin avec le mouvement « Les citoyens » ou Emmanuel Toniutti préconisant l’humanisme en entreprise comme au cœur de la politique.
Le silence médiatique sur les candidatures citoyennes rend difficile leurs chances de se mesurer aux candidats politiques.
(…)
Par quel pourcentage réel de citoyens le prochain président sera-t-il élu ?
Pour lire l’article en entier Reflets n° 23, pages Actualités