Le futur influence-t-il le présent ?
Philippe Guillemant
Philippe Guillemant est ingénieur de recherche au C.N.R.S. Sa principale activité a été la création de logiciels de vision artificielle ayant débouché sur des start-up. Il mène aujourd’hui une recherche beaucoup plus fondamentale en physique de l’information visant à réviser notre conception classique de l’espace-temps. Il donne une explication rationnelle de la synchronicité qui débouche sur un véritable « pont » entre la science et la spiritualité.
Comment a germé en vous l’idée d’un pont entre la science et la spiritualité ?
Cela remonte à l’âge de treize ans, quand j’ai trouvé dans une ruine des livres de philosophie qui m’ont apporté beaucoup. Il y avait là du Descartes, du Platon, du Pascal et des livres de maths. L’enseignement au collège m’ennuyait, et je trouvais dans ces livres ce qui m’intéressait. J’ai été sensibilisé aux problèmes fondamentaux, notamment à la fragilité du déterminisme scientifique. C’est pourquoi durant mes études je me suis intéressé à la mécanique quantique et à la possibilité du lien entre l’esprit et la matière.
Si ce n’est pas la mécanique
qui détermine le cours des évènements,
qu’est-ce que c’est ?
Est-ce votre vie privée qui vous a amené de la philosophie à la spiritualité ?
La vie m’a apporté, en une seule année, une cascade d’épreuves. J’ai touché le fond et cela m’a fait comprendre que je ne pouvais pas vivre seulement pour « femme, enfants et maison » mais pour qui j’étais vraiment : « Vis pour toi ; sois libre ; qu’as-tu fait pour toi dans ta vie ? » Je me suis posé cette question-là. Je voulais prendre des distances avec une vie trop riche sur le seul plan professionnel, afin de réaliser l’un de mes rêves qui était d’écrire un livre sur la synchronicité. J’avais lu des livres sur le temps qui m’ont permis de répondre à la question : « Si ce n’est pas la mécanique qui détermine le cours des évènements, qu’est-ce que c’est ? » Et j’ai commencé à imaginer l’intemporel, tout ce que je raconte dans mes livres. Je me suis retrouvé sur les rails de quelque chose qui correspondait à ma problématique d’enfant qui se posait des questions existentielles liées à la philosophie, à l’indéterminisme, à la relation entre l’esprit et la matière. J’ai compris qu’en remontant aux sources du hasard, j’allais trouver. Mais pour cela, il fallait que le domaine du traitement de l’information n’ait plus aucun secret pour moi, et j’en suis devenu un expert. Aujourd’hui, j’en arrive à faire des publications sur les dimensions supplémentaires de l’espace-temps, en liaison justement avec ce hasard qui n’en est pas un et qui est, on va dire, la fissure par laquelle passe la lumière, c’est-à-dire l’information portée par ce hasard.
Je suis arrivé à la spiritualité
en me posant
des questions scientifiques
D’un point de vue spirituel, qu’est-ce qui vous a influencé ?
C’est la physique essentiellement. Avant 2005- 2006, je n’étais pas spirituel, sans être pour autant un bourrin de pur matérialiste. Je me posais des questions. En revanche, je me suis dit que je ne pouvais pas écrire un livre sur la synchronicité sans l’avoir expérimentée. Dans La Route du temps, je propose une théorie qui fait intervenir l’influence du futur sur le présent, stipulant que le futur est déjà réalisé mais qu’il peut changer par le biais de nos intentions, parce que ce sont elles qui apportent les informations complémentaires dont le futur a besoin pour se configurer.
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Qu’est-ce que la conscience pour vous ?
Deux choses : de l’information parce qu’en fait, si on doit objectiver la conscience, on ne peut la décrire qu’en termes d’informations. Et une autre chose que le mental ne peut pas appréhender, qui a à voir avec le fait que nous sommes tous la même conscience. Elle jaillit de l’être et l’être jaillit de l’impossibilité du non-être. L’être et l’information font la conscience. Après, il faut différencier la conscience et l’âme, l’esprit. Et là, tout le monde n’est pas d’accord sur l’emploi des termes. L’esprit, c’est de l’ordre de l’être. L’âme est le véhicule immatériel de la conscience et le corps, son véhicule matériel. Car l’espace-temps est fait d’une partie matérielle et d’une partie immatérielle.
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Pour lire l’article en entier, Reflets n° 26 pages 67 à 70