Nicole Dron est née en 1941. Elle a été l’un des premiers «témoins» ayant vécu une EMI (expériences de mort imminente).
Elle a attendu 17 ans avant de faire connaître ce qui lui est arrivé.
Depuis elle ne cesse de faire savoir combien sa vie a été transformée.
Témoignage
Il m’a été donné de vivre
il y a plus de 40 ans une expérience particulière qui a élargi ma conception du monde et renversé toutes les valeurs de ma vie. Ce fut une expérience profonde et inoubliable. Elle a touché tous les aspects de mon être et m’a donné la certitude que la mort n’existe pas.
Je n’oublierai jamais cette expérience.
Elle est en moi et me rappelle la plénitude, la beauté et la paix immense d’un état qui défie toute description et en comparaison duquel les recherches exclusives de richesses matérielles, de renommée, de pouvoir et de gloire paraissent dérisoires et misérables.
45 secondes d’éternité
Cela se passait donc en 1968.
Trois semaines après la naissance de mon second enfant, j’ai fait une très grosse hémorragie. J’ai été hospitalisée et opérée d’urgence. En cours d’intervention (hystérectomie ou ablation de l’utérus), une seconde hémorragie s’est déclarée. Je suis descendue entre 2 et 3 de tension et mon cœur s’est arrêté de battre pendant, m’a-t-on dit par la suite, environ 45 secondes avec électrocardiogramme plat.
Et pendant ces 45 secondes, j’ai vécu un instant d’éternité !
Tout d’abord, je me souviens m’être trouvée à la hauteur du plafond.
J’étais là avec toutes mes pensées, mes émotions, mes impressions, avec tout ce qui constitue mon être profond. J’ai pris conscience de voir de tous les côtés à la fois, mais surtout j’éprouvais un sentiment nouveau et incroyable : celui d’exister en dehors de mon corps. Je vous assure que c’est quelque chose de bouleversant de se sentir vivre au-delà de soi. J’ai pris conscience que j’étais l’habitante de mon corps. Celui-ci était étendu sur la table d’opération. Je l’ai donc regardé et je ne l’ai pas trouvé beau. J’étais cadavérique, j’avais des tuyaux qui me sortaient du nez et de la bouche, je n’étais pas du tout à mon avantage. Cela n’avait déjà plus d’importance parce que ce corps n’était pas réellement moi, il n’était que mon véhicule. J’ai entendu le chirurgien s’exclamer : « Elle me pète entre les mains ! » Ce qui m’a été confirmé un mois après par une infirmière ayant assisté à mon opération.
Je ne me suis pas trop attardée dans cette salle d’opération,
car j’ai pensé à mon mari et à mon beau-père qui attendaient dans la salle d’attente. En pensant à eux, instantanément, je me suis trouvée près d’eux. J’ai pris conscience de traverser les murs. Plus tard je me suis demandé : comment ai-je pu traverser les murs et trouver cette salle d’attente, car je ne connaissais même pas le chemin qui y conduisait, n’ayant jamais eu l’occasion de m’y rendre !
Dans cette salle d’attente, j’ai constaté
qu’il n’y avait pas de siège. Mon mari me l’a confirmé plus tard. Je voyais qu’ils arpentaient la pièce et moi j’essayais de me manifester à eux, en vain. Ils ne me voyaient pas. Je ne comprenais pas. J’éprouvais une sorte de désespérance, celle de ne pas pouvoir communiquer avec ceux que j’aimais. En désespoir de cause, j’ai posé la main (du corps plus subtil dans lequel j’étais) sur l’épaule de mon beau-père et ma main a traversé son corps !
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Mais, en même temps, je prenais conscience d’une faculté nouvelle,
celle de pénétrer tout ce qui est. Je n’ai jamais perdu la notion d’être « moi », mais j’avais l’impression de prendre plus d’espace et je me suis trouvée dans le cœur de mon mari. Je connaissais toutes ses pensées, mais aussi l’essence de son être, ce qu’il valait en tant qu’être humain.
Propulsée à une vitesse prodigieuse vers cette lumière
Je me suis ensuite trouvée dans un abîme de ténèbres, de silence.
J’étais seule au monde, dans un néant infini et j’aurais tout donné pour entendre un bruit et voir quelque chose. Je ne sais pas combien de temps cela a duré. Peut-être une fraction de seconde ? Le temps n’existait pas. J’ai pensé : « Ça y est ma fille, tu es morte ». Et pourtant, je n’étais pas morte puisque j’existais. Une phrase qu’on m’avait enseignée toute petite au catéchisme m’est revenue à la mémoire : « On vivait jusqu’à la fin des temps, jusqu’à la résurrection finale ». Dans ce contexte, l’idée de vivre dans ce néant et ces ténèbres m’est apparue insupportable.
Quelque chose en moi a appelé à l’aide et au loin,
j’ai vu une lumière. À partir de ce moment je n’étais plus seule au monde. J’ai été propulsée à une vitesse prodigieuse vers cette Lumière et, au fur et à mesure que j’en approchais, elle grandissait jusqu’à occuper tout l’espace. Les ténèbres s’éclaircissaient, je sentais des présences autour de moi sans les voir distinctement, mais surtout une joie inouïe s’élevait de mon cœur, une joie mille fois plus grande que toutes les joies que j’ai pu éprouver sur cette terre.
Et je suis rentrée dans la Lumière.
Là il n’y a plus de mots. Cette lumière était aussi un océan d’Amour, mais de l’Amour pur, celui qui s’offre et ne demande rien, un Amour soleil et j’étais l’Amour. J’étais immergée dans un océan d’Amour, totalement comprise, comblée et aimée telle que j’étais et ceci de toute éternité, et si loin des soucis et des agitations de cette terre ! Je n’avais plus conscience du temps et de l’espace, mais d’être, d’avoir toujours été. J’ai compris que j’étais une partie de cette lumière, que j’étais éternelle. Dans cette plénitude et aussi cette paix immense, j’ai compris le sens des mots : « Je suis ». C’est comme si, tout en étant moi, je devenais tout et que je retrouvais ma nature réelle. J’avais retrouvé ma patrie. J’étais
devenue l’Amour et j’étais la vie.