Originaire du Brionnais, éperdu de liberté, Florian Gomet se définit comme un aventurier hygiéniste. Découvrant yoga et alimentation vivante, il a effectué trois premières mondiales.
Durant l’été 2020, il traverse, juste après la période du premier confinement, huit pays : France, Suisse, Allemagne, Autriche, Slovaquie, Hongrie, Serbie et Roumanie, se nourrissant de fruits et légumes crus. 3 500 km en tout sans argent, sans chaussures et sans équipement, expédition retracée dans le film L’Empreinte.
Il se définit ainsi : « La joie est mon guide, la discipline mon garde-fou, l’amour mon carburant, l’impossible mon horizon, la simplicité mon idéal. »
Partons de votre film, L’Empreinte, en 2020. Qu’est-ce qui vous avait fait prendre la décision d’aller jusqu’en Roumanie dans ces conditions ?
C’est un projet qui est né cinq ans avant sa réalisation. J’étais dans une expédition importante, traversant toute l’Amérique du Nord. Et juste avant de partir, j’ai découvert la course pieds nus, les vertus du jeûne. Je commençais à manger vivant et j’ai toujours eu un coup d’avance sur mes expéditions. Il y a beaucoup de choses qui ont déjà été faites par des aventuriers, et quand on veut faire de la nouveauté et des choses spectaculaires, il y a un coût financier qui devient très élevé, à moins d’avoir des idées très originales… comme j’ai pu en avoir. C’est un voyage qui ne m’a pas trop coûté à part le fait d’être absent de chez moi pendant plusieurs mois. Un voyage sans argent, original, qui rime avec exploit. C’était le mélange qui me convenait le mieux à ce moment-là.
Quel était le but de cet exploit sans argent, pieds nus, sans papiers, en mangeant uniquement cru ?
Pour L’Empreinte, c’était différent parce qu’entretemps, j’ai découvert toutes les pratiques hygiénistes qui m’ont fait beaucoup de bien et qui m’ont ouvert plein d’horizons. J’avais envie de partager ces pratiques, de les mettre en avant pour montrer à quel point elles sont intéressantes, à la fois pour notre santé et pour l’environnement. Je considère que c’est l’avenir. Il fallait trouver une expédition avec un challenge physique qui me plaisait et, en même temps, quelque chose qui permette de mettre en avant ces pratiques hygiénistes dont l’alimentation vivante. Beaucoup de personnes s’imaginent que l’on va être carencé, que c’est dangereux. Quelle plus belle démonstration que de réaliser un exploit physique avec cette alimentation, pour montrer que, non seulement je ne suis pas carencé, prise de sang à l’appui, mais qu’en plus, ça me permet de réaliser une première mondiale !
À part vérifier vos hypothèses, qu’en avez-vous tiré comme bénéfice personnel ?
Je suis quelqu’un qui a une blessure d’abandon. Je pense que c’est aussi pour cela que je suis souvent parti en expédition, pour me sentir vraiment soutenu par la vie. Chaque fois que je le faisais, j’avais un gros travail à faire avec ma foi et ma confiance en la vie et en moi. Avec L’Empreinte, je suis parti sans rien, complètement dépendant de ce que la vie allait me présenter pendant toute la durée du voyage. J’ai pu vérifier que jamais la vie ne nous abandonne quand on croit en elle. Et donc maintenant, quand de temps en temps j’ai mes vieux penchants, une mauvaise nouvelle qui arrive, je pourrais me laisser dire que la vie m’abandonne. Mais dans le fond, je n’y crois plus. Je suis entièrement convaincu que tout ce qui m’arrive est juste et que mon intelligence doit être utilisée, non pas pour critiquer, dénigrer, me lamenter, mais pour essayer de comprendre le message qu’il y a derrière. Et ça, c’est un des plus beaux cadeaux que ce voyage m’a laissé, mais il y en a d’autres.
Des cadeaux… lesquels ?
Notamment par rapport à la culpabilité dans ma manière de fonctionner avec les autres où je me sens coupable quand ceux qui sont autour de moi ne sont pas heureux. Ce voyage-là m’a permis de prendre conscience à quel point ce sentiment de culpabilité pesait sur mes épaules. Ce n’est pas, à l’heure actuelle, quelque chose dont j’ai guéri comme j’ai pu le faire avec cette peur d’être abandonné par la vie. Mais je suis en chemin.
Être parti sans papiers, cela rajoute du stress, quel était l’objectif ?
Oui et je n’en avais pas besoin. Voici deux raisons de l’avoir fait. D’une part, pour partir sans rien. Un papier, même si ce n’est pas lourd, c’est quand même lourd de signification. J’avais certes une petite banane avec du petit matériel, une caméra pour apporter témoignage mais rien pour m’aider à traverser l’Europe. D’autre part et c’est la raison principale, pour faire un pied de nez à une forme d’autorité que je réprouve, pas bénéfique pour le plus grand nombre, celle de contrôler les frontières. Les gouvernements ont créé des guerres, les humains ne vivent plus en paix. Fermer les frontières ou les protéger nous épargne peut-être d’un certain chahut, mais ce sont les gouvernements, à l’origine, qui ont semé la pagaille. Le système est tellement corrompu par les intérêts financiers des lobbies. Je suis convaincu de la bonne nature de l’humain.