SOS Méditerranée : sauver des vies !
Marie-Dominique Mutarelli
Association européenne de sauvetage en mer, SOS Méditerranée est constituée de citoyens mobilisés pour porter secours à tous ceux qui risquent leur vie en mer pour fuir une situation invivable. Depuis le début de ses opérations en février 2016, avec ses bateaux, l’Aquarius, puis aujourd’hui l’Ocean Viking, elle a secouru 30 459 personnes dont un quart de mineurs. Basée en France, en Allemagne, en Italie et en Suisse, l’association a reçu le prix Unesco Houphouët-Boigny 2017 pour la recherche de la Paix.
L’objectif de l’association est de répondre à une urgence vitale : des gens se noient en tentant de traverser la Méditerranée, impossible de s’y résoudre sans rien faire ! Des milliers d’Européens se sont donc mobilisés depuis quatre ans pour affréter un bateau et prendre la mer pour porter secours aux naufragés. Près de 20 000 hommes, femmes et enfants sont malgré tout morts noyés en tentant la traversée sur des embarcations de fortune. Pourtant, cette année encore, ils continuent à prendre la mer pour fuir la Libye où ils subissent trafics, exactions, tortures et les conséquences d’une guerre civile qui s’est intensifiée. « Mieux vaut se noyer en mer que de vivre en Libye », résume l’un des rescapés. Mais le plus souvent, ces personnes en détresse sont interceptées par les garde-côtes libyens et ramenées vers l’enfer qu’elles cherchent à fuir, ou bien disparaissent en mer, sans témoin, en l’absence de moyens de sauvetage suffisants. En 2019, le taux de mortalité n’a jamais été aussi élevé en Méditerranée centrale. La présence dans cette zone d’un navire dédié au sauvetage est donc primordiale. En juin 2018, l’Aquarius avait été le premier navire à subir la fermeture des ports italiens qui a provoqué la désorganisation totale des secours en Méditerranée. La pression de Matteo Salvini, ministre de l’Intérieur italien, parvenait alors à faire perdre au bateau de SOS Méditerranée son pavillon, et l’autorisation de naviguer. Mais au début de l’été 2019, l’association a repris la mer avec un nouveau navire pour poursuivre ses opérations de secours.
L’Ocean Viking, ce nouveau bateau rouge et blanc conçu pour le sauvetage en mer et battant pavillon norvégien, est financé par tous les citoyens européens qui souhaitent s’engager dans un élan de solidarité et d’humanité. Long de 69 m, équipé pour affronter de plus longs séjours en mer, avec des abris séparés pour les hommes, les femmes et les enfants, des espaces de stockage et tout le matériel de sauvetage, ainsi que la clinique de Médecins sans frontières, il peut accueillir les rescapés dans de bonnes conditions.
En raison du manque d’informations par des sources extérieures, et notamment des autorités maritimes chargées de la coordination des acteurs en mer, la recherche d’embarcations en détresse fait aussi partie intégrante de la mission de SOS Méditerranée. Deux radars permettent de repérer les « cibles » massives comme les gros bateaux en bois, et une caméra infrarouge capte la nuit la signature thermique des personnes en perdition. Mais la veille aux jumelles est essentielle pour retrouver les bateaux perdus au large. Les marins sauveteurs se relaient du lever du jour au coucher du soleil depuis la passerelle de l’Ocean Viking, dont l’élévation et la forme circulaire permettent de localiser des embarcations jusqu’à 10 à 12 milles marins de distance.
Alors que l’Ocean Viking arrivait début août dans les eaux internationales au large des côtes libyennes, les sauvetages se sont immédiatement enchaînés, mettant en évidence l’extrême urgence de la situation et l’absence criante de moyens sur la zone. Ces sauvetages successifs ont été difficiles à mener en raison du manque flagrant de coordination et de partage d’informations dans la zone par les autorités maritimes compétentes et les acteurs de l’opération européenne Sophia. Toutes les embarcations repérées et les personnes secourues ont pu l’être grâce aux opérations de veille menées en continu par les équipes à bord au moyen de jumelles et de radars.
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Pour lire l’article en entier, REFLETS n°34 pages 13 à 15