Celui par qui tout a commencé :
Pierre Pradervand
Pierre a vécu plusieurs vies en une. Citoyen du monde, comme il se considère lui-même, il a vécu, travaillé et voyagé dans plus de quarante pays sur les cinq continents. Titulaire d’un doctorat en sociologie, il a œuvré pour le développement international durant vingt-cinq ans. Ses activités couvrent des métiers aussi variés que celui de chercheur, de coordinateur de programmes au développement, de journaliste, de consultant international et de formateur d’adultes. Il vit actuellement en Suisse où il anime notamment des séminaires sur la spiritualité au quotidien et le développement personnel, ateliers tous portés par l’énergie de « Vivre autrement ».
Comment avez-vous rencontré Roger ?
Grâce à une de ses premières correspondantes, Lisbet Thew. En 1986, le département de Justice criminelle du Texas fixe une date précise pour son exécution, et Lisbet me contacte sur le conseil d’amis. Nous formons alors un comité de soutien informel ; chacun met quelques milliers de francs, et nous embauchons un avocat qui fera annuler la date d’exécution (mais pas sa peine de mort). C’est alors que je commence à correspondre avec Roger. Depuis, il est devenu un frère et un maître de vie.
Qu’est-ce qui vous a incité à publier deux livres basés sur les correspondances de Roger ?
Les lettres de Roger étaient tellement extraordinaires que j’ai estimé que je devais les faire connaître au grand public. C’est la publication du premier livre qui, quelque part, lui a sauvé la vie, car les lecteurs ont été si touchés par son message qu’ils ont commencé à envoyer de l’argent pour sa défense. Depuis 2006, nous avons dépensé 735 000 euros environ, uniquement pour les frais d’avocat.
Vous le soutenez depuis vingt ans. Quels sont les moments marquants de vos rencontres ?
Ma première visite en 1998 en est un. Mais le moment le plus fort est évidemment l’annulation de sa condamnation à mort en 2012. Il a pu ainsi sortir du couloir de la mort et être transféré dans une prison « normale ».
Je me souviens que la nouvelle est tombée le 22 novembre 2012. Je devais rendre visite à Roger les 25 et 26 novembre. J’étais donc sur place au Texas, et en rentrant à l’hôtel, je trouve devant ma porte sur le sol un message de notre avocat, déposé par le service de messagerie de l’hôtel : « votre ami a eu sa peine de mort suspendue ». J’ai pu annoncer moi-même cette nouvelle incroyable à Roger. Ça a été extraordinaire ! Au parloir, je le voyais toujours à travers une grosse vitre. Il fallait nous voir tous les deux ce jour-là ! Nous avons tapé sur cette vitre avec une énorme explosion de joie. Pendant près de 10 000 jours, il est resté dans le couloir de la mort avec, chaque jour, le risque d’être exécuté. Cette décision de justice a été une telle délivrance.
Depuis sa sortie du couloir de la mort en 2016, avez-vous observé des changements chez lui ?
Les changements relèvent plutôt de son impact sur la prison de Wynne Unit, où il est en train de transformer l’énergie en profondeur.
Selon moi, la seule vérité qui libère est celle qui est ressentie dans le cœur. C’est ce que vit Roger aujourd’hui.
Quels sont les prochains enjeux du comité de soutien international que vous avez fondé avec votre épouse Elly en 2006 ?
L’enjeu n’est pas tant du côté du comité de soutien que de la nouvelle équipe de trois jeunes avocats que nous avons embauchés en janvier de cette année pour reprendre tout le dossier et tâcher de trouver le témoignage, ou la preuve manquante, pour le faire sortir de prison. C’est mon plus grand souhait, même si Roger a déjà atteint un sommet. Sa sortie est prévue en 2036, et il sera alors âgé de 72 ans, soit cinquante ans de prison pour un crime qu’il n’a jamais commis !
www.rogermcgowen.fr/comites-de-soutien
REFLETS 36 pages 37 à 39