Réussir sa mort
Interview de Bernard Montaud
Bernard Montaud est auteur de plus d’une quinzaine d’ouvrages qui témoignent de son expérience intérieure. En 1983 il crée l’association Artas, un mouvement spirituel dans la lignée du Dialogue Inspiré transmis par Gitta Mallasz dont il a été le compagnon de route. Son nouveau livre Laisse parler ton corps, éd. Eyrolles, relate les découvertes et les résultats, depuis la fondation il y a 35 ans, d’une technique d’investigation du corps devenue la Psychanalyse Corporelle. www.bernardmontaud.org
Quelle est la nature de la mort ?
Que se passe-t-il après elle ?
Dans la tradition chrétienne, il n’y a qu’une seule vie qui s’appelle la Vie éternelle. Et qu’il ne faut pas confondre avec le principe des réincarnations du bouddhisme. Depuis la forme initiale de toute vie – la forme minérale – jusqu’à sa forme la plus évoluée – la forme divine – il n’y a qu’une seule vie qui ne cesse d’évoluer : la Vie éternelle. Cette vie ne porte pas notre nom à chaque épisode, pourtant elle est une seule vie s’accomplissant à travers différents plans de conscience. Que se passe-t-il après la mort ? J’imagine, comme les textes chrétiens nous en parlent, qu’il y a un jugement dernier juste après la mort qui nous fait évaluer ce que nous avons fait de notre vie terrestre humaine et nous met en face de ce qu’il était prévu que nous en fassions. Et ce jugement dernier nous donne donc une mesure : « Passe à autre chose et continue, si tu as fait ce qui était attendu de toi ! Ou bien reviens parce qu’il faudra que tu fasses tout ce qui était prévu. »
Et au moment de la mort, que se passe-t-il ?
Je pense que le moment de la mort est le point de rencontre de notre vie temporelle avec notre Vie éternelle. Comme si cette vie temporelle s’achevait en étant interpellée par la Vie éternelle qui lui dit : « As-tu fait ce que tu avais à faire sur terre ? » Si j’ai fait ce que j’avais à faire, je me retrouve alors devant le contrat suivant de mon existence qui est le prochain épisode de l’évolution de ma Vie éternelle. Si je n’ai pas accompli ce que j’avais à faire, la vie qui est en moi devra revenir pour le faire. Donc, je dirais : la mort à la fin de la vie terrestre, c’est l’entrecroisement de la vie temporelle avec la Vie éternelle, comme si la Vie éternelle faisait faire un bilan à cette vie temporelle : « Qu’as-tu accompli durant cette existence terrestre ? Qu’as-tu fait de ta vie ? » Terrible jugement dernier !
Qu’est-ce qu’une mort réussie ?
Je crois qu’une mort réussie, c’est une mort avec les mains ouvertes, une mort avec des yeux gentils tournés vers la miséricorde, une mort qui se fait dans un face-à-face avec Dieu. Je crois que c’est le renoncement à la vie terrestre – parce que cette vie terrestre est allée au bout de ce qu’elle avait à accomplir – qui nous fait mettre un pied dans la Vie éternelle, grâce à cet immense face-àface avec Dieu. Oui, une mort réussie, je crois que c’est l’examen final de toute existence, et un face-à-face sacré avec le Créateur !
Quelles sont les conditions de cette réussite ?
Nous nous entraînons tous, dans la vie spirituelle comme dans la vie religieuse, à être quelqu’un qui ouvre les mains, quelqu’un de miséricordieux, quelqu’un qui essaie d’avoir une Tâche, d’avoir un service, d’avoir un apostolat. Tout cela nous conditionne. Nous nous entraînons au silence immobile, à la méditation, à la contemplation. Eh bien, je crois que la vie nous dit : « Au dernier moment, le feras-tu encore ? Au dernier moment, seras-tu du côté de ton corps, de ta vie que tu ne veux pas laisser partir, ou bien seras-tu là aussi en train d’ouvrir les mains, de tourner les yeux vers le haut, d’être dans l’amour face à LUI ? »
(…)
Pour lire l’article en entier Reflets n° 27 pages 39 à 40