RAFRAÎCHIR LA FOI
Il y a 40 ans Bernard Montaud créait la voie spirituelle Artas pratiquant le dialogue inspiré transmis par Gitta Mallasz. Il fonde également la Psychologie nucléaire®, une cartographie de la vie intérieure, et trois psychanalyses corporelles : passé – présent – futur pour aider encore mieux ceux qui cheminent dans la quête intérieure. Aujourd’hui sa pratique spirituelle l’a naturellement conduit à redécouvrir les bases de la religion et de la foi chrétienne.
Ayant transmis son école de la vie intérieure à deux proches collaborateurs, Bernard Montaud se consacre à sa nouvelle mission pour une foi plus vivante : la Communauté des croyants du parvis dont les fondements s’appuient sur les images inspirées.
Faites-vous une distinction entre pratique spirituelle et pratique religieuse ?
Oui. La pratique religieuse nécessite de croire en Dieu, de croire en un prophète, alors que la pratique spirituelle nécessite de croire dans un meilleur de soi. La foi spirituelle, c’est avoir une pratique de zazen, d’art martial, ou autre, qui permet de passer d’un pire de soi à un meilleur de soi, et il n’y a pas besoin de croire en Dieu pour cela. Mais cette première foi, cette toute petite foi qui consiste à croire dans le meilleur de soi est la fondation de ce qui ensuite doit devenir une foi religieuse. La foi spirituelle précède la foi religieuse mais en même temps elle introduit à la foi religieuse.
Pendant des années vous avez enseigné une pratique spirituelle. Maintenant vous enseignez une pratique religieuse. Que s’est-il passé ?
Il s’est passé que ma vie personnelle a évolué : ma pratique spirituelle m’a tout naturellement conduit à redécouvrir les bases de ma foi religieuse chrétienne. On ne peut pas passer son temps à seulement essayer d’être meilleur puis à aider et servir avec ce meilleur. La foi religieuse propose une foi dans un invisible plus élevé et elle offre un dépassement dans le Service qui n’est pas proposé dans la foi spirituelle. Ma rencontre avec Marthe Robin, puis avec des prêtres, a beaucoup contribué à faire se prolonger ma foi spirituelle dans une foi chrétienne.
Cette pratique religieuse est fondée, semble-t-il, sur les images inspirées. Qu’entendez-vous par là ?
D’abord, il faut comprendre la période dans laquelle nous sommes. Nous vivons dans un monde d’images virtuelles, et ces images essaient de plus en plus à ressembler au réel pour nous faire prendre le sous-réel qu’elles engendrent pour un réel de rechange. Les gens vont avoir de plus en plus de difficultés à réussir dans le réel, alors on va leur proposer un virtuel sous-réel pour avoir des réussites de rechange, une consommation de rechange, une vie de rechange. C’est tout le problème des métavers. Demain, il est fort probable que l’espèce humaine vivra avec des avatars virtuels qui feront les démarches administratives sur internet, les commandes dans les magasins, qui appelleront le garage quand la voiture aura un problème, car la voiture sera directement en rapport avec l’avatar, tout comme le frigo et autres appareils. Demain, chaque être humain sera socialement obligé d’avoir un avatar, à l’image d’avoir Internet aujourd’hui. Aujourd’hui, si on n’a pas Internet, on est asocial, on vit dans un monde qui n’est plus adapté à la modernité. Demain, si on n’a pas d’avatar, on deviendra asocial car à côté chacun sera suspendu à cette image virtuelle qui fera tout à sa place : les démarches administratives, matérielles, toutes les démarches de la vie ordinaire.
Mais peut-être bien que cette évolution arrive dans l’espèce humaine pour l’amener à vivre en contrepartie avec une vie intérieure d’images inspirées, avec des avatars mystiques, religieux et non pas seulement numériques et inventés. Si nous ne voulons pas finir esclaves du virtuel, l’homme devra développer des pratiques nouvelles et une foi nouvelle qui l’enchanteront d’images inspirées. Car la foi, c’est croire en l’invisible, croire à l’action invisible de l’ange, du Christ, et jusqu’à celle de Dieu quand nous serons dans notre lit de mort. C’est avoir la capacité de vivre une sociabilité non pas virtuelle mais une sociabilité sur-réelle, et c’est le monde des images inspirées. Une image inspirée, c’est une image qui habite dans notre esprit et qui est capable de nous offrir un sur-réel alors que le virtuel ne nous offre que du sous-réel.
Par exemple, si je dis « Je vous salue Marie, pleine de grâce », je ne produis rien, je récite. Mais si je dis « Je vous salue Marie, qui marchez en tenant Jésus par la main », parce que je vois une image de la Vierge marchant avec Jésus qui a 3-4 ans, j’introduis une image à l’intérieur de la prière qui me rend vivant dans la prière. Demain nous serons capables d’avoir une vie inspirée avec des images qui vont nous habiter, nous enchanter, et nous faire vivre en haut ce que les avatars nous feront vivre en bas.
Vous avez fondé récemment la Communauté des croyants du parvis dont la base repose sur ces images inspirées. Quel est l’objectif de ce mouvement ?
Son objectif est de dire : « Rassemblons-nous, et que nous soyons catholiques, protestants, orthodoxes, et aussi musulmans, bouddhistes, sommes-nous prêts à prendre la route des images inspirées dans une foi plus vivante ? » Je pense qu’il faut rafraîchir la foi, la renouveler, être habités par ce que nous invoquons, et non pas l’invoquer de façon seulement mécanique. « Je vous salue Marie, pleine de grâce » cela n’évoque rien, c’est une répétition. Cela a déjà un rôle, celui de remplacer nos pensées agitées, nos pensées traumatiques (penser du mal de soi, des autres et du monde) par des pensées de prière. Mais il y a plus que prier pour seulement occuper son esprit à autre chose que penser du mal : il y a prier pour s’enchanter, pour rencontrer un peu à l’intérieur de soi Marie, Jésus, l’ange… tout une population invisible avec laquelle nous sommes en relation autant qu’avec le visible. Car si nous avons une sociabilité dans le visible avec les hommes, les animaux, les végétaux, nous avons aussi une sociabilité dans l’invisible avec Marie, Jésus, les anges, les saints. La foi inspirée a besoin d’étreintes mystiques intérieures grâce aux images que nous évoquons dans la prière.
C’est la Psychanalyse Corporelle qui nous a fait découvrir la puissance des images intérieures inspirées, c’est-à-dire la manière dont un être est capable de plonger dans des images de son histoire et de les rendre aussi vivantes que s’il avait les yeux ouverts, de se retrouver 40 ans avant dans son passé d’une manière aussi présente que s’il le revivait réellement. Il y a donc des images dans notre esprit qui sont capables de se substituer au présent dans un véritable enchantement. Et si à la place de découvrir notre passé on décidait de découvrir la prière et son contenu, on pourrait ressentir des images tellement puissantes qu’on est capable de se retrouver à côté de la Vierge au pied de la Croix, hors du temps. Je pense même que si demain nous sortons de moins en moins à l’extérieur parce que les avatars feront tout à notre place, nous pourrons avoir une vie intérieure si puissante qu’elle remplacera tous les voyages. Demain, par nos images inspirées, nous pourrons nous déplacer jusqu’à Rome en l’an moins 2000 plutôt que d’aller visiter Rome aujourd’hui dans ses ruines de l’an moins 2000. C’est un autre tourisme, une autre activité intérieure, c’est une autre foi. Et si nous ne développons pas cette habileté en images inspirées, nous serons pris en otage par les images virtuelles. La foi inspirée est l’antidote de l’addiction informatique, et même du terrorisme !
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Pour lire l’interview REFLETS n°46 pages 23 à 26