L’interdiction du glyphosate et les agriculteurs
Alain Pamart
Le glyphosate est l’herbicide le plus commercialisé mondialement notamment sous l’appellation Roundup. Il présente cette particularité de supprimer toutes les plantes sans distinction, excepté celles spécifiquement ciblées et modifiées génétiquement pour lui résister.
Le glyphosate est utilisé massivement en France (9 000 tonnes par an) depuis de nombreuses années par un grand nombre de gros agriculteurs notamment céréaliers, et aussi en jardinerie mais avec un dosage infiniment plus réduit.
Cet herbicide fait l’objet tous les dix ans d’une licence d’utilisation dans l’Union européenne, laquelle expire en décembre de cette année. Il est à souligner que la décision est sortie de la compétence nationale et pour être applicable sur le territoire français, elle est soumise juridiquement à une résolution de la commission européenne.
À l’intérieur de l’Europe, les positions ne convergent pas totalement. Le gouvernement français, sous la pression du mouvement écologiste, semble désormais marquer une volonté d’initier un non-renouvellement de cette autorisation dans un terme court (3 ans). Devant cette perspective d’interruption du recours au glyphosate, de nombreux gros agriculteurs s’y sont spontanément et farouchement opposés en s’étonnant d’une polémique aussi tardive sur un produit aussi largement et ouvertement utilisé depuis plusieurs décennies. Ces agriculteurs, spécifiquement ceux pratiquant une culture intensive, soulignent avec véhémence que cet herbicide est d’une grande efficacité et donc générateur d’économies répondant ainsi à une saine gestion de leurs exploitations. Ils s’insurgent en conséquence devant une interdiction abrupte sans concertation et sans prise en compte des conséquences auxquelles ils vont se trouver confrontés : actuellement il n’existe pas un produit équivalent et de même performance.
Ils se considèrent devant un diktat des écologistes qui portent des anathèmes sur un produit sur lequel encore à ce jour, selon eux, aucune réelle démonstration de sa nocivité n’a été apportée. Enfin ils se réclament porteurs d’une double mission : maintenir des exploitations rentables et introduire sur les marchés des produits en quantité suffisante et de coût compatible avec le niveau de vie du plus grand nombre de consommateurs.
Ils plaident que ce prix compétitif est largement tributaire de l’utilisation du Roundup qui permet d’opérer une récolte non dégradée et une compression des coûts tant en fournitures qu’en moyens humains.
De l’autre côté de l’échiquier, sous l’impulsion de plus en plus tenace et pressante des écologistes, le glyphosate et son affidé le Roundup sont fortement décriés sur la base d’expertises nombreuses ayant mis en lumière les risques sanitaires considérables que leur utilisation génère.
À l’appui de ces études d’experts, ils ne cessent de mettre en relief l’existence de troubles potentiels majeurs par absorption de substances cancérigènes ou par impact entravant les organes de désintoxication de l’organisme, voire plus grave encore, engendrant des répercussions de type génétique. Ils se réfèrent à un faisceau de présomptions qui ne peuvent être, selon eux, honnêtement réfutées. Ils estiment qu’en découle naturellement et objectivement une simple application de bon sens, le recours au principe de précaution sous la responsabilité des pouvoirs publics.
La connivence de certaines publications issues d’officines dites de protection de l’environnement avec l’industrie agroalimentaire et l’existence de pressions exercées sur des expertises indépendantes ont été largement démontrées. Ajoutons que l’État du Salvador et certains états américains ont abandonné le Roundup pour ses risques potentiels et pour s’affranchir du cycle infernal de dépendance avec les industriels agroalimentaires.
Aujourd’hui, de quoi dispose le grand public pour se forger une opinion solide et éclairée ?
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Pour lire l’article en entier, Reflets n° 26 pages 9 à 11