Le prochain numéro de REFLETS, à paraitre le 17 mars traitera de l’attentat contre Charlie hebdo et ses conséquences. L’importance de ce fait d’actualité nous a incités à demander leur approche à des témoins choisis de sensibilités spirituelles différentes.
Dans le numéro 6 de décembre 2012, nous avions déjà traité le sujet des caricatures de Mahomet dans Charlie hebdo. Notre lecture portant sur le fond n’a pas pris une ride.
Après le film vidéo américain qui a déclenché des violences anti-américaines dans le monde musulman, Charlie-Hebdo publie des caricatures du prophète.
Le directeur de Charlie-hebdo ne pouvait pas ignorer que dans le climat provoqué par le film qui se moquait du prophète de l’Islam il déclencherait des manifestations. Dans les pays islamiques et de la part des musulmans vivant en France la réaction a été vive.
A travers les caricatures salissant la mémoire du prophète de l’Islam, ce sont les musulmans eux-mêmes qui se sont sentis salis, pas respectés et humiliés.
Et au fond, chaque croyant adorant un dieu a pu se sentir concerné.
Nous pouvons comprendre aussi les arguments de Charlie-Hebdo qui soutient avec raison qu’il respecte la loi française. Nous pouvons entendre son besoin d’affirmer son droit à la liberté d’expression sous prétexte de se « marrer ». Nous pouvons accepter que la rédaction ait flairé le bon coup médiatique permettant de réaliser une excellente vente. (Tous les journaux ont été vendus dans la journée et une réédition a été faite immédiatement.)
Nous sommes en face de deux douleurs assez semblables.
Pour les musulmans, cet irrespect est ressenti comme s’ils n’avaient pas le droit d’exister ainsi.
La rédaction de Charlie-Hebdo manifeste son besoin de s’affirmer dans sa singularité envers et contre tous. Elle nous dit qu’elle a le droit d’exister même contre les autres.
Sur le fond, les premiers défendent le droit à la religion.
Les seconds défendent le droit à l’athéisme.
Le regard tranquille que nous portons sur cet événement nous invite à dire :
D’une part, la religion, les croyants ne peuvent se défendre des provocations par la violence. C’est un contre-sens qui montre une immaturité spirituelle.
Cela ressemble à des gamins qui se disputent « Mon papa c’est le plus fort, c’est le meilleur ; tu n’as pas le droit de te moquer de mon papa ! »
D’autre part, l’athéisme, les athées ne peuvent fonder leur point de vue sur la moquerie de la religion. « Ton papa est ridicule ; moi, je m’en fous, je n’ai pas de papa ! »
C’est d’une immaturité égale. L’athéisme devrait être une école de tolérance et de respect pour ceux qui pensent différemment.
L’athéisme est sorti de la religion au 18ème siècle. Se moquer de ses racines, de ses origines montre une confusion avec l’anticléricalisme et indique une perte des repères moraux.
Le gouvernement est confronté à ce problème et devra clarifier son approche pour atteindre une réelle neutralité.
REFLETS n°6