Emmanuel Desjardins a suivi l’enseignement de Swami Prajnânpad, transmis par son père, Arnaud Desjardins, depuis plus de trente ans. Outre ses recherches en sciences politiques et en sociologie, il est l’actuel directeur de l’ashram d’Hauteville.
Il est l’auteur de deux livres : Prendre soin du monde (Ed. Alphée-J.P. Bertrand), et Spiritualité, de quoi s’agit-il ? (Ed. La Table Ronde), avec Arnaud Desjardins.
Lorsque la rédaction de Reflets m’a sollicité sur le thème du conflit israélo-palestinien, j’ai pensé tout d’abord refuser cette proposition pour la bonne raison que, n’étant pas un spécialiste du sujet, je ne voyais pas ce que je pourrais y apporter de vraiment pertinent. J’ai certes fait des études de sciences politiques et de sociologie mais jamais sur ce thème. Je serais plus à l’aise pour parler du totalitarisme, de l’idéalisme, de l’illusion, du progressisme ou d’autres sujets qui ont longtemps mobilisé mon intérêt. Néanmoins, après réflexion, je me suis dit qu’il serait peut-être intéressant de montrer comment le chemin spirituel peut nous aider à aborder des questions politiques complexes face auxquelles nous pouvons nous sentir démunis, ignorants et impuissants
En premier lieu, le chemin apporte une discipline rigoureuse par rapport aux pensées engendrées par ce genre de conflit. Comme le disait Socrate : « Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien ». Très clairement, je n’aurai ni le fin mot de l’histoire ni toutes les clés de compréhension, mais au moins puis-je essayer de ne pas entretenir d’opinions sur ce sujet, de ne pas nourrir de « certitudes » forcément approximatives et contestables. Ne pas avoir d’opinions, ne pas juger, ne pas prendre parti. Plutôt essayer de comprendre. La seule façon de se positionner est de se situer à un niveau plus profond où la notion même de victime et de coupable n’existe plus. Les deux partis souffrent et ont des raisons de souffrir, les deux partis sont bourreaux, les deux partis sont victimes.
Ne pas avoir d’opinion ne signifie pas être insensible, au contraire. J’essaie de me relier à la souffrance qui règne sur ce petit bout de terre qu’on a appelé « la terre sainte » et qui est déchiré par la haine, l’incompréhension et la souffrance.
Est-ce que je peux me mettre à la place des uns et des autres et tenter de ressentir ce qu’ils ressentent ? Jusqu’à quel degré puis-je ouvrir mon coeur et me rendre vulnérable pour éprouver la peur, l’humiliation, la colère, la haine, le désespoir ?
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