La mort miroir inversé de la naissance
Colette Junquera, cofondatrice de l’association d’utilité publique A.A.M.M. (Association d’accompagnants de malades et de mourants), vit avec un mari malade depuis plus de 15 ans. Elle est accompagnante bénévole et formatrice au sein de cette association.
L’idée que la mort soit l’inverse de la vie est largement répandue. C’est une croyance somme toute assez logique. Après tout qu’est-ce que mourir si ce n’est perdre la vie ? Mais peut-on en faire une certitude ?
Face à ce constat, une autre hypothèse est possible. Et si la mort n’était pas la fin de la Vie mais la fin d’une existence ? Et si naître était une expérience de la Vie prenant un corps pour expérimenter le monde de la matière ? Et si mourir était tout autant une expérience de la Vie quittant un corps pour expérimenter une dimension immatérielle ?
Bernard Montaud, écrivain conférencier et psychanalyste corporel, a donné le nom de « mourance » à ce processus pour souligner le lien qui unit la naissance et la mort.
Naissance : entrée en matière
Mourance : sortie de la matière
Cet axiome nous met devant l’idée non plus d’une mort événementielle mais bien devant un véritable processus qui nous permet, étape après étape, de quitter notre corps pour rejoindre, plus ou moins en paix, une autre dimension de la vie. Celle-ci nous est rappelée quotidiennement par ce que nous vivons au moment de l’endormissement. Ce processus d’incorporation et de décorporation est décrit en sept étapes symétriques.
Étape 1
Si le bébé doit, au moment des premières contractions, se présenter devant la décision de naître pour sortir du ventre et arriver sur terre, se peut-il que le mourant, au moment du diagnostic fatal, doive se présenter devant l’idée de sa propre fin pour se préparer à quitter la terre ?
Accepter ou refuser
Si le bébé est devant un choix essentiel : « J’accepte ou je refuse de quitter ce ventre parfait pour rejoindre le monde des hommes ? », le mourant lui aussi va devoir choisir entre : « J’accepte ou je refuse de quitter cette terre ? Et pour rejoindre quoi ? ». Ce choix déterminera les étapes suivantes, plus ou moins difficiles.
Étape 2
Durant la seconde étape de la naissance, le bébé va apprendre à se mettre en mouvement pour pouvoir sortir de ce ventre qui l’étouffe de plus en plus. Là commence pour lui un incroyable périple vers le monde extérieur qu’il ressent comme la traversée d’un immense couloir sans fin. Pendant cette aventure gigantesque, il découvre une loi essentielle de la vie : « Tout ce qui ne progresse pas, meurt ! ».
Tout ce qui ne se réjouit pas, souffre
Le mourant va vivre une épreuve semblable à celle du bébé. Lui aussi va devoir traverser un long couloir, le long couloir des pertes fonctionnelles. Le long couloir de sa diminution physique où le corps se met à respirer, digérer, marcher de plus en plus difficilement. Il reçoit également un enseignement profond durant cette épreuve : « Tout ce qui ne se réjouit pas, souffre ! » Dès lors deux destins s’offrent à lui : « Gémir ce qu’il perd, ou déguster ce qu’il lui reste ! »
Étape 3
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Ah non pas ça !
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Étape 4
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La matière terriblement douloureuse
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Étape 5
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L’humanité imparfaite face
à un univers de miséricorde
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Étape 6
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L’amour inconditionnel
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Étape 7
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Levée de l’écran,
entrée en communion
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Pour lire l’article en entier, Reflets n° 27 pages 54 à 57