Jean-Claude Winkel, est psychanalyste corporel depuis 1997.
De 2012 à 2015 il vécut en Colombie où il participa à la prise en charge de prostituées et d’étudiants qui avaient subi des violences sexuelles durant leur enfance. Il est cofondateur de l’IFPC (Institut Français de Psychanalyse Corporelle) et fondateur de l’association Délivrance.
Depuis plusieurs décennies, la question de l’inceste et des violences sexuelles sur les enfants s’invite à intervalles réguliers dans l’espace public et provoque à chaque fois la sidération, quand ce n’est pas l’incrédulité.
Aujourd’hui, sans doute avec la libération de la parole qui se publie et s’échange dans l’actualité, mais aussi avec la multiplication des dévoilements publics, des personnes toujours plus nombreuses découvrent qu’elles ont été abusées durant leur enfance. D’autres savaient déjà qu’elles avaient subi un inceste, mais il s’agissait d’une époque, au milieu du siècle dernier, où les gens devaient cacher ce qui leur était arrivé, puis tout oublier pour ne pas créer de scandales qui viendraient entacher leur famille. Car, lorsque l’inceste est dévoilé, c’est toute l’histoire d’une famille qui est révélée. Une de ces longues histoires qui se transmettent et souvent se reproduisent jusqu’à ce qu’un jour quelqu’un la fasse sortir du silence.
L’enfant qui vient d’endurer ce traumatisme subit un choc qui le plonge dans un état de sidération et provoque une dissociation. Il lui reste un profond mal-être qui se manifeste de différentes façons. Fréquemment même, il ne se souvient plus de ce qui lui est arrivé. Cela explique en partie pourquoi ces révélations ne se produisent pas immédiatement après les faits, mais souvent des années après.
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Ces dévoilements déjà nombreux vont permettre à d’autres victimes de s’exprimer. Mais cette vague de révélations n’est encore que la partie de l’iceberg qui émerge. Les témoignages continueront à se manifester et à s’amplifier.
La première « révélation » est un soulagement pour l’esprit de la personne qui a été abusée, comme si enfin toute une série d’évènements de sa vie prenait sens. Ce premier soulagement psychique est d’autant plus important s’il trouve une oreille bienveillante qui peut dire : « Je te crois », mais aussi : « Ce type de comportement est interdit par la loi ». Car bien souvent ces actes ont été suivis par des réflexions contraires : « Je ne te crois pas » ou « T’as vu comme tu t’habilles ? », ou bien encore « Où est le problème ? ».
Mais aujourd’hui, on semble croire que libérer la parole, mettre au grand jour des secrets de la vie d’une famille, dénoncer, changer les lois, porter plainte, intenter des procès…, pourrait réparer la victime ou guérir l’auteur, tout en protégeant la société des personnes dangereuses pour elles-mêmes et pour les autres.
Pourtant, libérer la parole ne suffit pas pour réparer les préjudices subis par l’enfant qui a enduré l’inceste ou tout autre abus sexuel. Car, comme le dit la pédopsychiatre Yvonne Coinçon : « Restés seuls avec leurs souffrances, et leurs douloureux secrets tus, les enfants, devenus adultes, auront souvent des difficultés importantes dans leur propre vie, dans leur rôle parental ou social, et au pire auront des difficultés à ne pas reproduire ce qu’ils ont vécu. »
n’hésitez pas à regarder notre article : https://revue-reflets.org/victimes-guerres-enfants-soldats-condition-inacceptable/
Pour lire l’article REFLETS n°39 pages 17 à 19