Barbara Soïa a grandi dans un milieu artistique, sa mère étant peintre et sculpteur. Son école artistique fut autodidacte, celle de la vie en évoluant dans cet environnement artistique. D’abord touche-à-tout, elle a choisi la sculpture depuis une trentaine d’années, la terre étant son matériau de prédilection.
Comment se passe l’acte de création pour vous ?
C’est intime. C’est aller où je ne sais pas. Le mieux est d’y aller de façon candide, de manière enfantine. Se déchausser et entrer en amour. Là où j’entrevois ou je commence à percevoir, au creux de ce qui me nourrit sur le chemin intérieur. Accorder humblement l’outil que je peux être au rythme bien plus vaste, essayer de le traduire en une forme, une image, un symbole.
Souhaiter que ce petit espace tangible devant moi, entre mes mains, en témoigne. En se concrétisant… la forme petit à petit m’enseigne. Je suis lente, très lente. Là rien de grave. L’équilibre, le sentiment de la beauté sont invités en juges permanents. Ils se fondent avec mon regard, mes mains, la terre, le silence, les petits bruits d’outils, l’odeur sèche et mouillée. Ensemble, nous essayons… nous osons.
Rectifier, rectifier, se rectifier jusqu’à penser avoir atteint ce qui motive cet élan de création, croire y être arrivée.
La création artistique parle-t-elle du divin ?
Entre l’incréé et le créé, il y a notre partie divine enfouie qui nous titille, nous donne l’ardeur de créer, nous laisse goûter notre liberté offerte. Se déshabiller avec courage, et plus l’on retire de peaux, plus on avance vers ce que l’on ne connaît pas qui nous répond. Je demande de l’aide. Je sens la réponse quand je suis absorbée par le temps arrêté, la joie simple qui ouvre l’espace dans le cœur.
L’amour imperceptible. C’est comme le printemps, on se souvient, on l’attend, on l’imagine. Et quand il est là, tout nous surprend dans sa présence, tout est à découvrir. L’espoir de servir la merveille, l’espoir vers un langage, un accord juste.
L’art, quelle que soit sa forme, apporte- t- il un plus sur terre ?
Il y a des œuvres qui témoignent de tant de dépassement, de courage, de grâce… Elles nous propulsent vers le plus vivant de nous-même, nous mettent à nu.
Elles nous fortifient et nous ragaillardissent… et peuvent nous toucher au plus profond, à la source des larmes, à la source de joie. Des œuvres qui nous dépouillent de nos égos englués, qui nous ressuscitent de nos endormissements profonds.
De quelle manière, la terre modelée participe-t-elle à votre création ?
Être une simple passerelle entre la terre compacte robuste et silencieuse – ma présence au monde dans une joie silencieuse aussi – et le silence à bras ouverts. Étirer, modeler une construction de l’une à l’autre, de l’un à l’autre. La terre, bien qu’elle ait ses lois, est le plus indulgent des matériaux, notre bonne terre. Mes mains s’entendent bien avec elle.
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